Paul VI/Montini portant l'éphod du grand prêtre d’Israël. |
Nous partageons cet article de 2015 de M. l'abbé Belmont, à propos d'une théorie plutôt farfelue, teintée d'apparitionisme. Bonne lecture! -Tradition Québec
De façon récurrente, le retour de Paul VI est annoncé, qui va restaurer l’ordre dans l’Église catholique, remettre en honneur la liturgie, dénoncer l’hérésie et chasser les hérétiques, etc. Cela est possible, et même certain, parce que Paul VI n’est pas mort : un ignominieux complot l’a remplacé par un sosie tenant son rôle pendant quelques années, lequel sosie est mort et a été inhumé en août 1978 en lieu et place de Jean-Baptiste Montini. Telle est la solution et l’explication de la crise mystérieuse qui s’est abattue sur l’Église catholique depuis quelques décennies.
De façon récurrente, le retour de Paul VI est annoncé, qui va restaurer l’ordre dans l’Église catholique, remettre en honneur la liturgie, dénoncer l’hérésie et chasser les hérétiques, etc. Cela est possible, et même certain, parce que Paul VI n’est pas mort : un ignominieux complot l’a remplacé par un sosie tenant son rôle pendant quelques années, lequel sosie est mort et a été inhumé en août 1978 en lieu et place de Jean-Baptiste Montini. Telle est la solution et l’explication de la crise mystérieuse qui s’est abattue sur l’Église catholique depuis quelques décennies.
Depuis quarante ans nous avons les oreilles rebattues par cette annonce merveilleuse qui ne s’accomplit jamais (mais ce n’est que partie remise, pour des raisons de haute mystique), par cette clef secrète de l’histoire contemporaine fondée sur des preuves péremptoires qui prouveront plus tard : Vous verrez bien… ! La première fois, cela amuse… mais au bout de la vingtième voire trentième fois, il faut bien avouer qu’on se trouve en présence d’une étrange maladie.
Il convient de se pencher un instant sur elle, parce que le plus souvent elle s’empare de gens de bonne volonté et de réelle piété : elle n’en est pas moins néfaste, surtout si l’on se fonde sur elle pour assurer la persévérance dans la vie chrétienne voire l’intégrité de la foi catholique.
Trois qualificatifs me semblent bien situer notre affaire : invraisemblable, inutile, malsain.
Invraisemblable
Jean-Baptiste Montini est né le 26 septembre 1897. Il aurait donc 118 ans [NDLR : 121 ans en date d'aujourd'hui] et serait le plus âgé des hommes vivant sur notre terre. Cela n’est pas strictement impossible, mais hautement invraisemblable, surtout si l’on imagine qu’il va rétablir la foi, la liturgie et l’ordre dans l’Église, chantier herculéen…
Je puis apporter aussi un témoignage direct de première valeur. Le 11 septembre 1976, Mgr Marcel Lefebvre a été reçu en audience par Paul VI à Castelgandolfo. À son retour, dans une conférence donnée aux séminaristes, il fut on ne peut plus clair : J’ai très bien connu Mgr Montini auquel j’avais directement affaire lorsque j’étais délégué pontifical pour l’Afrique francophone ; j’ai très bien connu Paul VI à Rome, lorsque j’étais supérieur général des Spiritains (la plus nombreuse des congrégations missionnaires) ; je peux vous affirmer que c’est bien lui que j’ai rencontré ces derniers jours, et non pas un sosie.
Inutile
Le « Paul VI survivant » est celui qui a conduit tout cela, qui s’est soustrait à l’autorité pontificale : son supposé retour ne serait donc la solution de rien du tout, ne serait aucunement la restauration de l’autorité pontificale, ne serait pas même la présence d’un sujet publiquement assis sur le siège romain.
— Mais si, mais si, parce qu’il s’est converti et que tout le monde le reconnaîtra : sauf vous évidemment, pétri de rationalisme que vous êtes.
— Ah bon ! vous l’avez donc rencontré ? Il vous a dit regretter la révolution qu’il a semée à pleines mains ? Vous êtes assuré qu’on le reconnaîtra universellement comme Pape quarante ans après ? Voyez combien tout cela est de l’ordre de l’imagination !
Malsain
L’Église catholique est le Corps mystique de Jésus-Christ ; elle est une société surnaturelle. L’Église militante – celle à laquelle nous appartenons sur la terre – est surnaturelle dans son essence, tout comme les différents éléments qui entrent dans sa constitution : ses pouvoirs (magistère, sanctification et gouvernement), son autorité, ses sacrements.
Dans la situation présente de la sainte Église, devant la difficulté de professer simultanément toutes les vérités la foi catholique et de la doctrine de l’Église en les confrontant aux faits avérés, la tentation peut être grande de « botter en touche », et de trouver un refuge inconscient dans la fuite, remplaçant l’adhésion théologale à l’Église dans son état réel (visible et provisoirement permanent) par un univers imaginaire qui ne réclame rien d’autre que de l’imagination. Mais pour la mise en œuvre et le rayonnement de la foi, il y a là une réduction qu’on ne peut s’empêcher de trouver malsaine et grosse de bien des périls.
— Mais… ce n’est pas contraire à la foi catholique !
— Non, certes : croire à la survie et au retour prochain de Paul VI ne s’oppose à aucune vérité de la foi et ne nie aucun fait dogmatique (il en serait tout autrement si un vrai Pape régnait à Rome) : ceux qui adhèrent à une telle croyance ne sont pas pour cela indignes des sacrements ; il y aurait une grande injustice à les leur refuser.
Mais tout ce qui n’est pas opposé à la foi n’en est pas vrai pour autant : affirmer que deux et deux font trois par exemple.
Il y a en outre un véritable danger pour la foi de se mouvoir dans un univers irrationnel et de justifier une attitude ecclésiale présente par une conjecture qui porte sur l’avenir. Il y a même double danger :
– La foi est donnée à notre intelligence, et ne peut prétendre se passer des lois de la raison : elle se priverait de l’irremplaçable instrument qui contribue à la conserver et permet de l’exercer sainement (c’est une des caractéristiques du modernisme) ;
– la foi est fondée sur la Révélation publique et sur la prédication des Apôtre, closes ensemble à la mort de saint Jean l’Évangéliste. Même si une partie de l’objet de la foi concerne l’avenir (les fins dernières, la pérennité de l’Église), elle se réfère fondamentalement au passé.
— Mais… ce n’est pas contraire à la foi catholique !
Mais tout ce qui n’est pas opposé à la foi n’en est pas vrai pour autant : affirmer que deux et deux font trois par exemple.
Il y a en outre un véritable danger pour la foi de se mouvoir dans un univers irrationnel et de justifier une attitude ecclésiale présente par une conjecture qui porte sur l’avenir. Il y a même double danger :
– La foi est donnée à notre intelligence, et ne peut prétendre se passer des lois de la raison : elle se priverait de l’irremplaçable instrument qui contribue à la conserver et permet de l’exercer sainement (c’est une des caractéristiques du modernisme) ;
– la foi est fondée sur la Révélation publique et sur la prédication des Apôtre, closes ensemble à la mort de saint Jean l’Évangéliste. Même si une partie de l’objet de la foi concerne l’avenir (les fins dernières, la pérennité de l’Église), elle se réfère fondamentalement au passé.
C’est la conscience pressante de ce double danger qui pousse à avertir ceux qui seraient tentés de se laisser séduire…
-Abbé Hervé Belmont. Source Quicumque.