lundi 15 juillet 2019

Un pape caché depuis 50 ans?

Paul VI/Montini portant l'éphod du grand prêtre
d’Israël.
Nous partageons cet article de 2015 de M. l'abbé Belmont, à propos d'une théorie plutôt farfelue, teintée d'apparitionisme. Bonne lecture! -Tradition Québec

De façon récurrente, le retour de Paul VI est annoncé, qui va restaurer l’ordre dans l’Église catholique, remettre en honneur la liturgie, dénoncer l’hérésie et chasser les hérétiques, etc. Cela est possible, et même certain, parce que Paul VI n’est pas mort : un ignominieux complot l’a remplacé par un sosie tenant son rôle pendant quelques années, lequel sosie est mort et a été inhumé en août 1978 en lieu et place de Jean-Baptiste Montini. Telle est la solution et l’explication de la crise mystérieuse qui s’est abattue sur l’Église catholique depuis quelques décennies.
Depuis quarante ans nous avons les oreilles rebattues par cette annonce merveilleuse qui ne s’accomplit jamais (mais ce n’est que partie remise, pour des raisons de haute mystique), par cette clef secrète de l’histoire contemporaine fondée sur des preuves péremptoires qui prouveront plus tard : Vous verrez bien… ! La première fois, cela amuse… mais au bout de la vingtième voire trentième fois, il faut bien avouer qu’on se trouve en présence d’une étrange maladie.

Il convient de se pencher un instant sur elle, parce que le plus souvent elle s’empare de gens de bonne volonté et de réelle piété : elle n’en est pas moins néfaste, surtout si l’on se fonde sur elle pour assurer la persévérance dans la vie chrétienne voire l’intégrité de la foi catholique.
Trois qualificatifs me semblent bien situer notre affaire : invraisemblable, inutile, malsain.

Invraisemblable


Jean-Baptiste Montini est né le 26 septembre 1897. Il aurait donc 118 ans [NDLR : 121 ans en date d'aujourd'hui] et serait le plus âgé des hommes vivant sur notre terre. Cela n’est pas strictement impossible, mais hautement invraisemblable, surtout si l’on imagine qu’il va rétablir la foi, la liturgie et l’ordre dans l’Église, chantier herculéen…

Je puis apporter aussi un témoignage direct de première valeur. Le 11 septembre 1976, Mgr Marcel Lefebvre a été reçu en audience par Paul VI à Castelgandolfo. À son retour, dans une conférence donnée aux séminaristes, il fut on ne peut plus clair : J’ai très bien connu Mgr Montini auquel j’avais directement affaire lorsque j’étais délégué pontifical pour l’Afrique francophone ; j’ai très bien connu Paul VI à Rome, lorsque j’étais supérieur général des Spiritains (la plus nombreuse des congrégations missionnaires) ; je peux vous affirmer que c’est bien lui que j’ai rencontré ces derniers jours, et non pas un sosie.

Inutile

Ceux qui tiennent pour le « sosie » le font apparaître en 1972 ou 1975, de façon permanente ou intermittente… mais quoi qu’il en soit, à ces dates tout le mal est fait : Vatican II a semé l’erreur et la révolution dans les structures de l’Église, la réforme liturgique a balayé tout l’ordre sacramentel, la vie chrétienne (religieuse, sacerdotale, matrimoniale) s’est effondrée dans des proportions inimaginables. C’est d’ailleurs dès l’année de son élection, dès 1963 que Paul VI a entamé ce processus de destruction : par des effets d’annonce tristement efficaces, par la prévision voire la mise en place de structures dissolvantes, par l’adoption du principe d’une liturgie évolutive (et donc, inéluctablement, d’une foi évolutive).

Le « Paul VI survivant » est celui qui a conduit tout cela, qui s’est soustrait à l’autorité pontificale : son supposé retour ne serait donc la solution de rien du tout, ne serait aucunement la restauration de l’autorité pontificale, ne serait pas même la présence d’un sujet publiquement assis sur le siège romain.

Mais si, mais si, parce qu’il s’est converti et que tout le monde le reconnaîtra : sauf vous évidemment, pétri de rationalisme que vous êtes.
— Ah bon ! vous l’avez donc rencontré ? Il vous a dit regretter la révolution qu’il a semée à pleines mains ? Vous êtes assuré qu’on le reconnaîtra universellement comme Pape quarante ans après ? Voyez combien tout cela est de l’ordre de l’imagination !

Malsain


L’Église catholique est le Corps mystique de Jésus-Christ ; elle est une société surnaturelle. L’Église militante – celle à laquelle nous appartenons sur la terre – est surnaturelle dans son essence, tout comme les différents éléments qui entrent dans sa constitution : ses pouvoirs (magistère, sanctification et gouvernement), son autorité, ses sacrements.

Dans la situation présente de la sainte Église, devant la difficulté de professer simultanément toutes les vérités la foi catholique et de la doctrine de l’Église en les confrontant aux faits avérés, la tentation peut être grande de « botter en touche », et de trouver un refuge inconscient dans la fuite, remplaçant l’adhésion théologale à l’Église dans son état réel (visible et provisoirement permanent) par un univers imaginaire qui ne réclame rien d’autre que de l’imagination. Mais pour la mise en œuvre et le rayonnement de la foi, il y a là une réduction qu’on ne peut s’empêcher de trouver malsaine et grosse de bien des périls.

Photographie prise le 10 Avril 1970 au Vatican. Six protestants, de gauche à droite : 
Dr. George, Canon Jasper, Dr. Shephard, Dr. Konneth, Dr. Smith, et 
Frère Max Thurian (en blanc), juste à côté de mgr Montini/Paul VI (en blanc)
Le juste vit de la foi : il en vit en tout temps, et non pas seulement quand tout est en ordre ; il en vit plus encore dans les temps d’épreuve, dans les combats de l’agonie, quand règne l’insolence des hommes ennemis de Jésus-Christ.

Mais… ce n’est pas contraire à la foi catholique !

— Non, certes : croire à la survie et au retour prochain de Paul VI ne s’oppose à aucune vérité de la foi et ne nie aucun fait dogmatique (il en serait tout autrement si un vrai Pape régnait à Rome) : ceux qui adhèrent à une telle croyance ne sont pas pour cela indignes des sacrements ; il y aurait une grande injustice à les leur refuser.

Mais tout ce qui n’est pas opposé à la foi n’en est pas vrai pour autant : affirmer que deux et deux font trois par exemple.
Il y a en outre un véritable danger pour la foi de se mouvoir dans un univers irrationnel et de justifier une attitude ecclésiale présente par une conjecture qui porte sur l’avenir. Il y a même double danger :

– La foi est donnée à notre intelligence, et ne peut prétendre se passer des lois de la raison : elle se priverait de l’irremplaçable instrument qui contribue à la conserver et permet de l’exercer sainement (c’est une des caractéristiques du modernisme) ;

– la foi est fondée sur la Révélation publique et sur la prédication des Apôtre, closes ensemble à la mort de saint Jean l’Évangéliste. Même si une partie de l’objet de la foi concerne l’avenir (les fins dernières, la pérennité de l’Église), elle se réfère fondamentalement au passé.


C’est la conscience pressante de ce double danger qui pousse à avertir ceux qui seraient tentés de se laisser séduire…


-Abbé Hervé Belmont. Source Quicumque.

mardi 9 juillet 2019

Requiem pour le Canada français

Jour de deuil en Canada français en ce 9 juillet 2019. Quelques semaines avant l'anniversaire du décès (60 ans) de Maurice Duplessis - et de ce fait des 60 ans de la Révolution tranquille -, la Belle Province consomme son divorce avec la Religion. Le crucifix apposé au salon bleu a été retiré, suite à un vote impie : « Nous ne voulons pas qu'Il règne sur nous » (Luc 19, 14) ont répété les député, à la suite du Sanhédrin. Comme aux temps Evangéliques, l'ennemi à abattre était Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Voilà l'aboutissement après 60 ans de Révolution tranquille. L'un de ses artisans, l'infâme Guy Rocher, avouait il y a peu : « Il y a 40 ans, c'était le catholicisme. Et le catholicisme était drôlement visible avec les soutanes, les cornettes, les crucifix et les processions dans les rues. Nous avons depuis évolué vers un système d'institutions publiques neutres. »  

Le Parti Libéral aura préparé le cercueil (Commission Parent, prise en charge de l'éducation par l'état), le Parti Québécois a tué la Religion (souvenons-nous de Pauline Marois et du retrait de l'Article 93 de la constitution de 1867, article inséré par nos pères afin de garantir notre survie en tant que peuple), puis la Coalition Avenir Québec a cloué le cercueil. Dans cette affaire, François Legault fut un vrai Judas.

Toutefois, cette apostasie ne se fait pas sans heurts. La chute du taux de natalité en témoigne. Ce Québec qui veut se vautrer dans le vice, le matérialisme disparaît peu à peu, faute d'enfants. « Car la nation et le royaume qui ne te serviront point périront ; ces nations-là seront entièrement détruites. » 

L'homme moderne revendique le droit de vivre une vie dissolue, hédoniste non-féconde. Sa société est une société où règne la culture de la mort : l'avortement pour jouir sans soucis, l'euthanasie pour éviter de souffrir. Aucune grande nation n'a prospéré ainsi, et surtout pas la nôtre, pour ceux qui se souviennent de notre histoire nationale.

Ce ne fut ni l'Institution royale de 1801, ni la Conquête, ni la Ligue de l'enseignement (franc-maçonnerie) qui purent triompher sur le règne de Jésus-Christ au Canada français, mais bien l'apostasie religieuse et identitaire.

La question que nous pourrions nous poser dorénavant : quelle sera la prochaine étape? « Débaptiser » notre toponymie? Démonter la croix du Mont-Royal? Laïciser notre drapeau catholique et royal? Nul ne sait. Une chose est certaine : les forces de l'Anti Canada-français ne cesseront pas leur assaut.

L'un des plus grands malheurs dans cette affaire est qu'il y a de nombreux « nationalistes » et « patriotes » qui se revendiquent volontiers de la laïcité. Quelle niaiserie! N'ont-ils pas compris que cette idole tout droit sortie des loges maçonniques est principalement anti-chrétienne? Que celle-ci vise rendre tous les peuples anonymes, sans culture, afin de les incorporer dans une civilisation consumériste et mortifère? N'ont-ils pas compris qu'au nom de cette idole, nous reculons sur notre propre territoire (l'histoire se répète) ? N'ont-ils pas compris que nous sommes dans un véritable combat civilisationnel et que la laïcité est l'arme préférée de l'ennemi afin que les peuple se désarment eux-mêmes? Le journaliste Olivar Asselin a proposé une épitaphe convenant selon lui au peuple canadien-français : « Ci-gît un peuple mort de bêtise » !

Quelques semaines avant son décès, le chanoine Lionel Groulx, voyant la Révolution tranquille et le début de la déchristianisation du Québec, a dit : « Le Québec c'est fini ». Nous espérons que le vieux chanoine se soit trompé.


Vive Dieu,
Vive le Canada français.


-Etienne Dumas, 
Tradition Québec.

jeudi 4 juillet 2019

L'homme doit se conduire par la raison

Nous vous partageons un extrait d'une prochaine réédition des Editions de la Vérité, Le juste milieu de la pénitence, par dom Léonce Crenier (ancien prieur de Saint-Benoît-du-Lac).


On voit la place de l'homme : au-dessus des bêtes et au-dessous des anges.

Cette simple constatation philosophique est d'une immense importance, et voici pourquoi :

Par quoi l'homme est-il au-dessus des bêtes? Par la connaissance intellectuelle, par la raison, reflet de l'intelligence divine.

C'est par la raison que l'homme est homme. Sans elle, il serait une bête. Il est animal, comme les bêtes, mais c'est un animal raisonnable; c'est une animalité surélevée par quelque chose de supérieur : l'intelligence.

Si c'est par la raison que l'homme est homme, c'est donc par la raison qu'il agira en homme.

Si c'est la raison qui, dans l'homme, est supérieure au reste, c'est donc elle qui doit commander.

Si l'homme est doué de ce principe supérieur d'action : l'intelligence, il n'a donc pas le droit de vivre comme les bêtes.

La bête est conduite par sa sensibilité, autrement dit par ses impressions. Pour elle, cela est normal.

Tel objet attire la bête : elle va vers lui. Tel autre objet la repousse : elle s'éloigne.

Mais ce qui est normal pour la bête serait monstrueux pour l'homme.

En suivant les impulsions de la sensibilité, la bête obéit à ce qu'il y a de supérieur en elle. Elle suit la loi que Dieu lui a donnée.

Par contre, l'homme, en suivant les impulsions de sa sensibilité, obéit à ce qui en lui est inférieur, et va contre la loi que Dieu lui a donnée.



-Dom Léonce Crenier, Le juste milieu de la pénitence. Editions de la Vérité. À paraître. P. 48-49.

mardi 2 juillet 2019

Sermon de la fête de saint Jean-Baptiste 2019 : Tuer saint Jean-Baptiste?



Sermon de monsieur l'abbé Damien Dutertre, prononcé à Drummondville lors de la messe de la fête de saint Jean-Baptiste (24 juin 2019), patron des Canadiens-français.