XXIe LEÇON.
LE CHRISTIANISME ÉTABLI. — DIVINITÉ DE LA RELIGION.
R. L'établissement du Christianisme prouve que la Religion est l'œuvre de Dieu.
Q. Comment le prouve-t-il ?
R. Il le prouve : 1° par les difficultés de l'entreprise; 2° par la faiblesse des moyens; 3° par la grandeur dû succès.
Saint Etienne fut le premier des martyrs (martyr signifie témoin). |
Q. Quelles étaient les difficultés de l'entreprise ?
R. Les difficultés de l'entreprise étaient les plus grandes qu'on puisse imaginer : car il s'agissait de détruire le Judaïsme et le Paganisme, et de les remplacer par le Christianisme.
Q. De quoi s'agissait-il encore ?
R. Il s'agissait encore d'opérer cette révolution dans le monde entier, et dans le siècle d'Auguste, le plus poli et le plus corrompu qui fut jamais.
Q. De quoi s'agissait-il enfin ?
R. Il s'agissait de faire cela malgré les philosophes, qui attaquaient toutes les vérités du Christianisme; malgré les comédiens, qui s'en moquaient sur les théâtres; malgré les empereurs, qui faisaient mourir au milieu des plus affreux tourments ceux qui devenaient chrétiens.
Q. Quels moyens avaient été choisis pour faire réussir cette entreprise ?
R. Pour faire réussir cette entreprise, on avait choisi les plus faibles moyens qu'on pouvait trouver.
Q. Nommez-les.
R. Douze hommes du peuple, douze pêcheurs, sans éducation, sans argent, sans protection, et, qui pis est, Juifs d'origine, par conséquent odieux et méprisables aux yeux de tout le monde.
Q. Quel a été le succès de l'entreprise ?
R. Le succès de l'entreprise a été le plus merveilleux qu'on ait jamais vu : il a été rapide, sérieux, réel et durable.
Q. Pourquoi dites-vous un succès rapide ?
R. Je dis un succès rapide, parce qu'en peu d'années la Religion s'est répandue dans toutes les parties du monde, même à Rome, où elle comptait, sous l'empire de Néron, une multitude immense de disciples.
Q. Pourquoi dites-vous sérieux ?
R. Je dis sérieux, parce qu'il s'agissait, pour se faire chrétien, de se dévouer à la haine, à la pauvreté, à l'exil, à la prison et à la mort la plus affreuse; et des millions d'hommes de tout âge et de tout pays s'y sont dévoués.
Q. Pourquoi dites-vous réel ?
R. Je dis réel, parce que le Christianisme a tout changé, les âmes, les idées, les mœurs, les lois, l'homme et la société tout entière.
Q. Pourquoi dites-vous durable ?
R. Je dis durable, parce que rien n'a pu détruire le Christianisme, ni les tyrans, ni les impies, ni les hérétiques, ni les révolutions, ni le temps, qui fait périr tout le reste.
XXIIe LEÇON.
LE CHRISTIANISME ÉTABLI. — TOUTES LES OBJECTIONS DÉTRUITES ET TOURNÉES EN PREUVES.
Q. Que résulte-t-il, aux yeux de la raison, de l'établissement du Christianisme?
R. Aux yeux de la raison, il résulte de l'établissement du Christianisme : 1° que depuis dix-huit cents ans le monde adore un Juif crucifié, c'est-à-dire tout ce qu'il y a de plus méprisable et de plus odieux.
Q. Continuez la même réponse.
R. Il résulte : 2° qu'en adorant ce Juif crucifié, le monde est devenu beaucoup plus éclairé, beaucoup plus vertueux, beaucoup plus libre, beaucoup plus parfait.
Q. Achevez la même réponse.
R. Il résulte : 3° que toutes les nations ne sortent de la barbarie et de la dégradation qu'en adorant ce Juif crucifié; que toutes celles qui refusent de l'adorer demeurent dans la barbarie, et que celles qui cessent de l'adorer y retombent.
Q. Ce fait est-il incroyable ?
R. Ce fait est très-incroyable, et cependant très-certain.
Q. Comment l'expliquez-vous ?
R. Les Catholiques l'expliquent en disant : Jésus de Nazareth est le Fils de Dieu, Dieu lui-même; il a triomphé sans peine de tous les obstacles et communiqué au monde ses lumières et ses grâces; il y a eu miracle; tout s'explique facilement.
Q. Que disent les impies ?
R. Les impies disent qu'il n'y a pas de miracle; que Notre-Seigneur n'est pas Dieu, mais un Juif comme un autre, et que la conversion du monde est une chose toute naturelle.
Q. Qu'est-ce à dire ?
R. C'est-à-dire qu'il suffit, pour faire changer de religion au monde entier, de prendre un homme, de le crucifier, et d'en envoyer douze autres dire qu'il est Dieu; c'est une expérience que les impies devraient faire pour nous convaincre.
Le monde tourne et la croix demeure. |
Q. Qu'est-ce à dire encore?
R. C'est-à-dire encore que les impies, pour ne pas croire aux miracles, sont forcés de soutenir la plus grande des absurdités : car le monde, converti sans miracle par douze Juifs, et adorant un Juif crucifié qui ne serait pas Dieu, est la plus grande absurdité qu'on puisse imaginer.
Q. Que suit-il de là ?
R. Il suit de là que la Religion, n'ayant pas pu être établie par la puissance des hommes, l'a été par la puissance de Dieu; qu'ainsi elle est vraie, car Dieu ne peut pas autoriser le mensonge.
Q. Que suit-il encore ?
R. Il suit encore que toutes les objections contre la Religion sont fausses, car il ne peut y avoir de vérités contradictoires.
Q. Que suit-il enfin ?
R. Enfin il suit que toutes les objections contre la Religion sont autant de preuves de sa divinité; car toutes montrent l'extrême difficulté de la persuader au monde, par conséquent la nécessité et la force des miracles qui ont obligé le monde à l'accepter, malgré toutes les passions et toutes les persécutions.
-Mgr Jean-Joseph Gaume, Abrégé du catéchisme de persévérance. Quarante-troisième édition. Montréal. C.O. Beauchemin & Fils, libraires-éditeurs. P. 314-317.