Louis Riel monta sur l’échafaud en 1885. Le Père Alexis André, O.M.I., qui l’assistait, raconte : « Arrivés en face de l'échafaud, nous nous mîmes à genoux continuant à réciter le chapelet... Le chapelet fini, l'assistant-shérif s'adressant à Riel, lui demanda s'il avait quelque chose à dire avant que le « warrant » qui ordonnait de l’exécuter eût son effet. Il se tourne de mon côté me demandant s'il devait parler. « Faites à Dieu, avec le sacrifice de votre vie, celui de ne pas parler et continuez à demeurer dans la paix et le recueillement pour aller rencontrer le Seigneur. » M.approchant alors de lui pendant qu'il était encore à genoux, je lui demandai s'il faisait de bonne volonté à Dieu le sacrifice de sa vie. « De tout mon cœur, mon Père », répondit-il. - Quittez-vous la vie avec regret ? - Non. Je remercie le Seigneur de m'avoir donné les dispositions de bien mourir. Je suis sur le seuil de l'éternité et je ne voudrais pas retourner en arrière. - Pardonnez-vous pour l'amour du Seigneur à tous vos ennemis, à ceux qui ont désiré votre mort et qui y ont travaillé ? Je leur pardonne de tout mon cœur comme je demande que Dieu me pardonne. - N'avez-vous rien sur le cœur contre quelqu'un et votre conscience est-elle en paix ? - Je meurs en paix avec Dieu et dans les hommes et je remercie tous ceux qui m'ont aidé dans mes malheurs et aussi les officiers et les gardes qui m'ont traité avec respect et compassion. » ... Il marcha à la potence d'un pas ferme et sans manifester la moindre émotion ni excitation... Il m'appela une dernière fois auprès de lui pour me demander ma bénédiction... En invoquant les saints noms de Jésus, de Marie et de Joseph, il fut lancé dans son éternité... » Jules Le Chevalier, O.M.I., Batoche.
-Abbé Georges Thuot, Le catéchisme en anecdotes canadiennes. Editions Fides. Montréal, 1946. Pp. 54-55.