Division de la conférence :
patronyme. C’est un esprit
critique : venu à la fin du XIIIeme siècle et trouvant achevés les œuvres
des scolastiques, son premier but est d’en éprouver la valeur. Sur chaque
question, il examine les opinions diverses de ses devanciers. Ce qu’il met en
lumière, ce n’est pas, comme saint Thomas, la part de vérité qui concerne sa
thèse, mais plutôt les divergences, qu’il examine afin de conclure en quel sens
il convient de chercher la vérité. D’où la place très grande de l’analyse dans
ses œuvres et d’innombrables subdivisions dans son raisonnement. Quant à la
réalité, pour Duns Scot, elle est formée d’individus défendant uniquement la
liberté divine, ce qui entraîne chez lui le primat de la volonté sur
l’intelligence, en Dieu comme en l’homme. Ainsi il dit « Dieu aurait pu ne pas
interdire le vol », la morale n’étant pas issue de la réalité perceptible mais
de la simple volonté de Dieu (repris par l’hérésiarque Alfred Loisy
(1857-1940), moderniste excommunié par saint Pie X).
Le
révolutionnaire crie « NON SERVIAM » et court à la l’abattoir bouffi d’orgueil.
Le chrétien, lui, se met à genoux devant le Dieu Éternel et Créateur et récite
son Confiteor.
Dans ce combat, faisons appel à la sainte Vierge, Marie Immaculée, première des créatures de Dieu. Marie sans tache. Aimons à prononcer : « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». Par son Fiat, elle est la patronne de la contre-révolution.
« Ayez confiance, j’ai vaincu le monde », nous a dit le Verbe Incarné. Notre-Dame nous a promis qu’à la fin, son Cœur Immaculé triomphera. Et s’il faut verser son sang, comme le firent les illustres martyrs de la sainte Eglise, bien faisons-le joyeusement, car « le sang des martyrs est source de chrétiens ». La Révolution a déjà perdu, ce n’est qu’une question de temps. En nom Dieu les hommes de bien combattront et Messire Dieu donnera la victoire.
- Genèse historique
- Genèse intellectuelle
- Incarnation de la Révolution
- Moyens de combattre
Genèse historique :
« Il y a dans la Révolution française, un caractère satanique qui la distingue de tout ce qu’on a vu et peut-être de tout ce qu’on verra. » Comte Joseph de Maistre (1753-1821), 1797, soit en pleine Révolution.
La Révolution, du latin revolvo
«ramener en arrière » (pour déplaire à nos bien-pensants), en français
plus souvent entendu comme un renversement d’un ordre, est bel et bien d’un
caractère satanique et c’est ce que je vais tenter de démontrer dans cette
courte conférence.Notre-Seigneur a dit aux juifs
qu’ils « sont les fils du diable et qu’ils font son œuvre ». L’œuvre du démon,
étant de séparer l’homme de son Créateur, les juifs accomplissaient ce but en
persécutant Notre-Seigneur.
Le premier révolutionnaire fut
Lucifer lui-même. La théorie la plus admise est que les anges furent soumis à
une sorte de test. On pense que cette épreuve fut celle d’accepter de se
soumettre à un Dieu fait homme. Un Dieu fait homme, c’est-à-dire, le Verbe de
Dieu incarné, Jésus-Christ. Le premier de tous, le plus beau, Lucifer se dressa
et dit « NON SERVIAM : JE NE SERVIRAI PAS ». Lucifer vient de Lucem
fero, « je porte la lumière ». On dit que le premier péché fut celui de
l’orgueil, on le perçoit très clairement ici. L’ordre surnaturel et l’ordre
naturel sont intimement liés. L’un reflète l’autre. Par conséquent, le péché
d’orgueil de Lucifer a pris racine, sous son inspiration, dans le paradis
terrestre avec le péché d’Adam. Dieu a dit « si vous mangez de ce fruit, vous
mourez ». Effectivement, le péché, donc la révolution, est une voie de mort.
Le serpent, symbole universel du mal, vénéré dans la totalité des sociétés
païennes, explique à nos premiers parents qu’ils « seront comme des dieux » en
mangeant de ce fruit. Enfin, le péché appelle le châtiment : Dieu punit
nos premiers parents en les chassant du paradis terrestre. La mort est promise
à l’homme. Il travaillera à la sueur de son front, il travaillera le sol. La
femme enfantera dans la douleur, etc. etc. Dans tout châtiment juste, il y a
une miséricorde : Dieu promet à l’humanité un Rédempteur. Depuis, si l’homme
veut se sauver, il doit faire son devoir d’état, ce qui nécessite en quelque
part un « travail à la sueur de son front », un effort. L’ordre naturel
est maintenant scellé. Dieu relève l’humanité en entier, mais particulièrement
l’homme avec Jésus-Christ, dit le Premier Né, le nouvel Adam. Pour la femme,
Dieu installe une « inimitié entre sa postérité et ta postérité (celle du
démon). Tu la mordras au talon et elle t’écrasera la tête ». C’est ici la
première mention de la future sainte Vierge, préservée de la postérité du démon
(le péché originel). On dira qu’elle est la nouvelle Ève, telle qu’elle aurait
dû être si elle n’était pas tombée. C’est pourquoi on dit que la sainte Vierge
est Immaculée Conception. Nous y reviendrons.
Un certain nombre d’années plus
tard, la contre-révolution débute dans la plus grande humilité (caractéristique
éternelle de la Vérité) dans la maison de la sainte Vierge Marie. L’ange lui
apparaît et lui annonce qu’elle mettra au monde un Sauveur. Le monde retient
son souffle, est en suspens. Va-t-elle s’enorgueillir? Évidemment non. Fiat
mihi secundum verbum tuum! Qu’il me soit faite selon votre parole! Le Verbe
de Dieu, seconde personne de la très sainte Trinité s’incarne, avec pour but de
réconcilier l’homme avec son Créateur. But éminemment contre-révolutionnaire.
Genèse intellectuelle
Vous connaissez les grandes
lignes de l’histoire sainte, passons. Les siècles avancent, c’est le début des
hérésies. La première, l’hérésie gnostique, inspirée par certains initiés.
Passe l’arianisme, le nestorianisme, le catharisme. Les hérésies ont été combattues
efficacement par l’Église. L’hérésie, en ce qu’elle change les dogmes, modifie
les rapports avec la société civile. Prenez les cathares : imprégnés de
gnose, la chair est mauvaise, et conséquemment, ils mènent une vie complètement
dissolue. Hautement nocif pour une société. On comprend la nécessité de
combattre.
Tôt ou tard, la pensée subversive
pénètre chez les ecclésiastiques. Le démon déteste Dieu, son Eglise ainsi que
l’homme. L’Église doit être renversée pour que la Révolution s’accomplisse
pleinement. Évidemment, pour que la Révolution soit possible, tant dans la
société civile que dans l’Église, il a été nécessaire de renverser, de
révolutionner la pensée traditionnelle, c’est-à-dire la scolastique.
Ici je n’expliquerai pas pourquoi
mais disons simplement qu’au XIVeme siècle la scolastique était décadente,
coupant les cheveux en 4.
Jean Duns Scot (1266-1308), théologien
franciscain, natif de l’Ecosse comme l’indique son
Jean Duns Scot |
Scot a déjà rencontré Eckhart (1260-1328), appelé
maître par ses fidèles. Pour ceux qui le connaissent, ce dernier était plus ou
moins gnostique. En tout cas, certaines propositions ont été condamné de son
vivant par le pape. Scot rapporte que la disputatio (débat théologique) entre
son propre maître et Eckhart l’a grandement impressionné. Entre parenthèses, on
voit que les idées étranges viennent soit d’Allemagne, soit d’Angleterre.
Vient ensuite son élève, un autre
bon Anglais, Guillaume d’Occam (1280-1347).
Franciscain, surnommé par ses partisans le Doctor
invincibilis. Soupçonné d’hérésie de son vivant, il s’attaque à
l’autorité pontificale. Il soutient le nominalisme. Disons qu’il inaugure le «
avant moi tout le monde était imbécile », formule qui sera reprise très souvent
jusqu’à aujourd’hui. L’excès de Scot en appelant un autre, Occam prive de
réalité tout ce qui n’est pas individué, il retira à la foi tout soutien
rationnel. Il aura permis à la raison de vagabonder toute seule. Conservant de
l’enseignement de Duns Scot la primauté de la volonté sur l’intelligence, il
passa sa vie à affirmer obstinément l’indépendance totale du pouvoir séculier à
l’égard du pouvoir spirituel et l’indépendance de la foi à l’égard de la
connaissance. Grosso modo il fait surgir à nouveau un faux débat, réglé
par saint Thomas, en séparant science et foi. Divisant l’un et l’autre, il
balbutie pour la première fois la laïcité. Le pape Jean XXII lui intente un
procès pour hérésie. Enfermé en Avignon, il s’enfuit à Munich – encore les
Allemands – chez Louis de Bavière. Tout le reste de sa vie il écrira contre le
pape, le pouvoir spirituel, en affirmant que le pouvoir laïc est absolu. Il
contesta même le pouvoir de l’autorité religieuse pour interdire les mariages
consanguins. Son influence est déterminante : Hobbes, Locke, Luther, la
franc-maçonnerie, etc. etc.
Sautons les époques. Occam
influence Luther. Luther (1483-1546) sort de son chapeau la « sola Scriptura »,
l’Ecriture seule à la lumière de la raison personnelle, du jugement propre de
l’homme. Il dit « exit l’autorité de l’Église et le magistère, je déciderai
moi-même » et en fait son cheval de bataille. Luther exalte la raison de
l’homme. Moi, Martin Luther, je retranche plusieurs livres de la Bible et je
décrète que tels et tels sont saints. Il ne fait pas que supprimer des livres
entiers, il retranche plusieurs passages de ceux qu’il conserve. Évidemment
dans le protestantisme, seule la foi sauve. Et bon la foi c’est vous seul qui
jugez ou non si vous l’avez. La sentence de Luther est sans appel : « Pèche,
pèche mais crois encore plus ».
Le dernier est Descartes (1596-1650).
Influencé par les précédents mous du genou, Descartes
formule le « tabula
rasa », table rase. Influencé par la gnose et les Rose-Croix, rosicrucien
lui-même, il formule le « Je pense donc je suis » :
résumons par la pensée précède la réalité. Digne de la kabbale juive et des
plus profondes élucubrations gnostiques, il met sur papier la doctrine de la
gnose. Certains disent qu’il avait pour simple but de recenser le dit savoir
initiatique/ésotérique de son époque. Toujours est-il, avec Descartes vous avez
tout : Kant, Hegel, Marx, l’école de Francfort, etc. En poussant plus
loin, il est le père de la théorie du genre. Héritier de tous ceux mentionnés
ci-dessus, il débute son « Discours de la Méthode » en déclarant la
scolastique décadente. Descartes, lui aussi, reprend le « avant moi tous des
imbéciles » en insinuant que rien n’est certitude donc je me ferai moi-même mes
propres certitudes. Quoi que, dans son système de doute méthodique, peut-on
arriver à une vraie certitude? Voilà en quoi il a une grande influence sur tous
ceux qui suivront.
René Descartes |
Descartes aura pour opposant le
célèbre Bossuet (1627-1704), évêque de Meaux et précepteur royal. Reste qu’en
dehors de l’Aigle de Meaux, Descartes n’aura pas d’opposants avant le XIXeme
siècle. Il sera enseigné dans les collèges jésuites et dans les grandes écoles.
Nommez tous les révolutionnaires, ils ont tous passé chez les jésuites. C’était
tel en France. Est-ce que les collèges jésuites canadiens en furent exceptés?
On sait que Papineau (1786-1871), qui a fréquenté le collège jésuite de
Montréal, a perdu la foi quand il était enfant et qu’il était un lecteur assidu
de Voltaire et consorts.
Incarnation de la Révolution
Vous avez tout le ramassis d’idées
folles nécessaires pour former un « nouvel ordre ». La Révolution française est
l’incarnation (au terme étymologique, prendre chair) de toutes ces idées.
Depuis, la Révolution avance et doit tout renverser. Mgr Gaume (1802-1879)
dit :
« Si, arrachant son masque, vous lui demandez : qui es-tu ? Elle vous dira :Je ne suis pas ce que l’on croit. Beaucoup parlent de moi et bien peu me connaissent. Je ne suis ni le carbonarisme... ni l’émeute... ni le changement de la monarchie en république, ni la substitution d’une dynastie à une autre, ni le trouble momentané de l’ordre public. Je ne suis ni les hurlements des Jacobins, ni les fureurs de la Montagne, ni le combat des barricades, ni le pillage, ni l’incendie, ni la loi agraire, ni la guillotine, ni les noyades. Je ne suis ni Marat, ni Robespierre, ni Babeuf, ni Mazzini, ni Kossuth. Ces hommes sont mes fils, ils ne sont pas moi. Ces choses sont mes œuvres, elles ne sont pas moi. Ces hommes et ces choses sont des faits passagers et moi je suis un état permanent.Je suis la haine de tout ordre que l’homme n’a pas établi et dans lequel il n’est pas roi et Dieu tout ensemble. Je suis la proclamation des droits de l’homme sans souci des droits de Dieu. Je suis la fondation de l’état religieux et social sur la volonté de l’homme au lieu de la volonté de Dieu. Je suis Dieu détrôné et l’homme à sa place (l’homme devenant à lui-même sa fin). Voilà pourquoi je m’appelle Révolution, c’est-à-dire renversement… »
Mgr Gaume - La Révolution, Recherches historiques
La
Révolution doit tout renverser. Vous le percevez bien, elle ne s’est pas
contentée du mariage homosexuel en 2005, non, elle veut toujours plus. Elle
n’aura de cesse lorsque la société entière sera déchristianisée, dénaturée de
fond en comble. Maintenant c’est les « 21 identités sexuelles », enlever le
genre masculin comme prédominant dans le langage, les OGM (jouer aux sorciers
avec la Création), abolir les restes de la famille traditionnelle, déculturer ce qu'il demeure de culture (il n'y a pas de culture sans culte) chez les peuples, etc.
Moyen
de combattre
Le
seul moyen de combattre efficacement ce flot incessant de boue est d’être
profondément contre-révolutionnaire, c’est-à-dire catholique. Renouer avec les
principes qui firent notre civilisation grande. On dit que l’esprit français
est absolu : s’il est bon, il sera le meilleur; s’il est mauvais, il sera
le pire. La corruption du meilleur est la pire, dit le proverbe. La
civilisation latine, catholique, a rayonné dans l’univers, civilisé le monde.
La Pax Christi a succédé à la Pax Romana, et ce de façon
hautement plus efficace. La Pax Romana impose la paix par les armes, la Pax
Christi crée la paix dans les cœurs.
Marie Immaculée |
Dans ce combat, faisons appel à la sainte Vierge, Marie Immaculée, première des créatures de Dieu. Marie sans tache. Aimons à prononcer : « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». Par son Fiat, elle est la patronne de la contre-révolution.
« Ayez confiance, j’ai vaincu le monde », nous a dit le Verbe Incarné. Notre-Dame nous a promis qu’à la fin, son Cœur Immaculé triomphera. Et s’il faut verser son sang, comme le firent les illustres martyrs de la sainte Eglise, bien faisons-le joyeusement, car « le sang des martyrs est source de chrétiens ». La Révolution a déjà perdu, ce n’est qu’une question de temps. En nom Dieu les hommes de bien combattront et Messire Dieu donnera la victoire.
-Etienne Dumas
Mouvement Tradition Québec