dimanche 24 décembre 2017
Saint noël
Tradition Québec vous souhaite un saint noël à tous.
Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! (Lc 2, 14).
samedi 23 décembre 2017
Liste d'envoi
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jeudi 21 décembre 2017
Et Verbum caro factum est!
La Crèche de Tradition Québec est de retour sous le sapin, au
centre-ville de Chicoutimi, pour une troisième année consécutive.
S’il est un point sur lequel les laïcards à la botte de la
franc-maçonnerie peinent à progresser dans la province de Québec, c’est bien
celui des symboles catholiques. Si leur déplorable victoire contre la prière au
conseil de ville de Saguenay reste gravée dans les annales de l’histoire, leur
cuisante défaite dans la cause du crucifix de l’hôpital Saint-Sacrement de
Québec, en février 2017, nous montre que tout n’est pas encore perdu pour les
catholiques canadiens-français.
L’ancien maire catholique, Jean Tremblay, n’est plus en
poste pour appuyer notre action, mais le silence de la nouvelle administration
quant à l’installation d’une crèche sur la Place
du citoyen témoigne pour l’instant d’un minimum de respect envers nos
traditions religieuses.
En France, les choses se passent autrement, la célèbre Crèche
de la mairie de Bézier vient d’être retirée de l’espace public sous les ordres directs
de la République. Le vieux pays est depuis longtemps le laboratoire de la
révolution maçonnique et nous ne tarderons pas, dans les prochaines années, à
goûter aux fruits de leurs expériences laïcistes.
En tant que mouvement contrerévolutionnaire, Tradition
Québec n’hésitera pas à s’engager chaque fois que les ennemis de la vraie religion
ouvrent un nouveau front.
Nous profitons également de ce communiqué pour souhaiter un saint et Joyeux Noël de la part de toute l’équipe.
Kenny Piché
Tradition Québec
vendredi 15 décembre 2017
mercredi 13 décembre 2017
La franc-maçonnerie et ses agents du Québec
Dans un de nos précédents articles, nous brossions le tableau des forces occultes de la franc-maçonnerie au Québec. À présent, nous allons aller plus dans le détail. Commençons par l'une des coqueluches d'une certaine nouvelle droite. Mais, tout d'abord, disons que nous nous trouvons en face d'une quasi caricature tant ses accointances maçonniques/révolutionnaires/contre-natures sont grosses comme le bras !
Un communiqué du Grand Orient de France, daté de janvier 2017, a plutôt passé inaperçu au Québec. Le Grand Orient de France - une, sinon la plus grande obédience maçonnique du monde -, réaffirmait son soutien à "l'auteure" (on aurait préféré que ce soit plutôt l'Académie française qui lui offre des cours de langue française) algérienne Djemila Benhabib, celle-là même qui réclamait le retrait du crucifix de l'assemblée nationale (2012).
Hormis cet "officiel" soutien financier de la maçonnerie française, Mme Benhabib a reçu en 2016 le prix maçonnique Condorcet-Dessaulles du Mouvement laïque québécois, branche active de la maçonnerie québécoiseuse. Tous se souviennent le rôle de la ténébreuse officine qu'a tenu le MLQ dans le dossier de la prière au conseil municipal de Saguenay.
En novembre 2016, elle était l'invitée du Comité Laïcité République lors d'un débat-conférence à Paris. L'événement était présidé par le Vénérable frère trois points Patrick Kessel, ancien grand maître du Grand Orient de France et président du Comité Laïcité République. Notons que cet événement avait lieu dans la mairie du troisième arrondissement de Paris (la laïcité est fille de la franc-maçonnerie, laquelle est mère de la République française)
Toujours en novembre 2016, Djemila Benhabib participait au 14e Salon du livre maçonnique de Paris. Elle y reçut le prix Humanisme, qui, dit-on « est décerné à un auteur profane ayant dans un essai défendu des valeurs proches de celles de la franc-maçonnerie. »
À ce salon du livre, elle y présentait son dernier ouvrage : « APRÈS CHARLIE, laïques de tous les pays, mobilisez-vous ! », édité aux éditions H&O. Cette maison d'édition se spécialise dans les collections gaies de tous genre (plus dégoûtante l'une que l'autre), dans le féminisme et les livres traitant de l'athéisme. Bref, il s'agit d'une maison d'édition purement républicaine. Laissons la parole au diable (description venant du site web de la maison d'édition H&O) :
En décembre 2016, Mme Benhabib exposait ses vues sur la laïcité lors d'une conférence à la loge maçonnique du Grand Orient de France. Étant donné que le caractère "tenue blanche" n'est pas mentionné (un langage maçonnique pour dire que des non-initiés seront présents), on peut franchement se demander si elle ne s'est pas discrètement - ce mot si cher aux maçons - enrégimentée dans cette secte luciférienne qu'est la franc-maçonnerie. De toute façon, à constater sa si fréquente - voire son habituelle - collaboration avec la franc-maçonnerie, rien ne serait surprenant ; au niveau des idées, elle est acquise aux forces antichrétiennes de la Révolution.
De notre côté de l'océan, les frères trois points lui démontrent autant de soutien, tel que rapporté sur le site du Grand Orient du Québec.
Il y en aurait beaucoup plus à écrire ici. Nous espérons seulement que les personnes de bonne volonté lirons ces présentes lignes et seront désormais aguerris à propos de Mme Djemila Benhabib. Les idées de la secte veulent s'infiltrer partout, afin de neutraliser tout ce qui pourrait, éventuellement, s'opposer à la Révolution et à ses œuvres. Non, disons-le, les derniers remparts de la civilisation française d'Amérique ne céderont pas. Devant les sophismes révolutionnaires, opposons la Vérité. La devise de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr (Bretagne) est Ils s'instruisent pour vaincre : qu'elle soit nôtre !
Pour plus d'informations sur l'hydre du Mouvement laïque québécois, consultez notre article sur Le panthéon maçonnique du Québec contemporain, ainsi que l'article de Média-Presse-Info sur Le Mouvement laïque québécois n’est rien d’autre que la franc-maçonnerie.
-Etienne Dumas
Tradition Québec
Un communiqué du Grand Orient de France, daté de janvier 2017, a plutôt passé inaperçu au Québec. Le Grand Orient de France - une, sinon la plus grande obédience maçonnique du monde -, réaffirmait son soutien à "l'auteure" (on aurait préféré que ce soit plutôt l'Académie française qui lui offre des cours de langue française) algérienne Djemila Benhabib, celle-là même qui réclamait le retrait du crucifix de l'assemblée nationale (2012).
"Après Charlie, laïques de tous les pays, mobilisez-vous !" |
Le prix maçonnique Condorcet-Dessaulles remis en 2016 à Djemila Benhabib. |
Toujours en novembre 2016, Djemila Benhabib participait au 14e Salon du livre maçonnique de Paris. Elle y reçut le prix Humanisme, qui, dit-on « est décerné à un auteur profane ayant dans un essai défendu des valeurs proches de celles de la franc-maçonnerie. »
À ce salon du livre, elle y présentait son dernier ouvrage : « APRÈS CHARLIE, laïques de tous les pays, mobilisez-vous ! », édité aux éditions H&O. Cette maison d'édition se spécialise dans les collections gaies de tous genre (plus dégoûtante l'une que l'autre), dans le féminisme et les livres traitant de l'athéisme. Bref, il s'agit d'une maison d'édition purement républicaine. Laissons la parole au diable (description venant du site web de la maison d'édition H&O) :
Djemila Benhabib en compagnie des deux patrons de la maison d'édition H&O, Olivier Tourtois et d'Henri Dhellemmes, au salon du livre de Paris (2013). |
Pour la liberté sexuelle, contre tous les obscurantismes, H&O est une maison d’édition assurément gay, résolument athée et évidemment féministe.Enfin, pour clore sur cette maison de désordre, M. Daniel Hamiche du site Observatoire de la Christianophobie rapportait quelques informations concernant le financement de la maison d'édition H&O. Cet article est en lien ici.
Assurément gay : Avec plus de 200 titres allant de la littérature à la bande dessinée, de la poésie à la photographie, des essais sociologiques à la science-fiction, du polar à l’érotisme, de l’album de luxe aux livres de poche, H&O fête la diversité sexuelle dans une grande sarabande colorée. Résolument athée : H&O est la seule maison d’édition à consacrer une collection entière à la critique des religions et des croyances. Douze titres essentiels pour déconstruire le discours moralisateur des marchands d’illusion. Évidemment féministe : Avec le lancement, le 8 mars 2013, de la collection « H&O AU FÉMININ », nous donnons la parole aux femmes de la Méditerranée en lutte pour leur liberté, qui est aussi la nôtre !
En décembre 2016, Mme Benhabib exposait ses vues sur la laïcité lors d'une conférence à la loge maçonnique du Grand Orient de France. Étant donné que le caractère "tenue blanche" n'est pas mentionné (un langage maçonnique pour dire que des non-initiés seront présents), on peut franchement se demander si elle ne s'est pas discrètement - ce mot si cher aux maçons - enrégimentée dans cette secte luciférienne qu'est la franc-maçonnerie. De toute façon, à constater sa si fréquente - voire son habituelle - collaboration avec la franc-maçonnerie, rien ne serait surprenant ; au niveau des idées, elle est acquise aux forces antichrétiennes de la Révolution.
De notre côté de l'océan, les frères trois points lui démontrent autant de soutien, tel que rapporté sur le site du Grand Orient du Québec.
Il y en aurait beaucoup plus à écrire ici. Nous espérons seulement que les personnes de bonne volonté lirons ces présentes lignes et seront désormais aguerris à propos de Mme Djemila Benhabib. Les idées de la secte veulent s'infiltrer partout, afin de neutraliser tout ce qui pourrait, éventuellement, s'opposer à la Révolution et à ses œuvres. Non, disons-le, les derniers remparts de la civilisation française d'Amérique ne céderont pas. Devant les sophismes révolutionnaires, opposons la Vérité. La devise de l'école spéciale militaire de Saint-Cyr (Bretagne) est Ils s'instruisent pour vaincre : qu'elle soit nôtre !
Pour plus d'informations sur l'hydre du Mouvement laïque québécois, consultez notre article sur Le panthéon maçonnique du Québec contemporain, ainsi que l'article de Média-Presse-Info sur Le Mouvement laïque québécois n’est rien d’autre que la franc-maçonnerie.
« Jusqu’à présent les nations ont été tuées par conquête, c’est à dire par voie de pénétration; mais il se présente ici une grande question: Une nation peut-elle mourir sur son propre sol, sans transplantation ni pénétration, uniquement par voie de putréfaction, en laissant parvenir la corruption jusqu’au point central et jusqu’aux principes originaux et constitutifs qui font ce qu’elle est ? »
-Joseph de Maistre (1753-1851)
-Etienne Dumas
Tradition Québec
samedi 9 décembre 2017
Entrevue de novembre 2017 avec M. l'abbé Roy - extrait
Que faire dans cette crise que traverse notre civilisation ?
jeudi 7 décembre 2017
samedi 25 novembre 2017
L'apothéose de la médiocrité
Notre monde a quitté Dieu et il est triste. Or, nous dit Aristote, "personne ne peut rester longtemps sans plaisir en compagnie de la tristesse" . Voilà pourquoi l'acédie, nous empêchant de goûter Dieu et les choses spirituelles, nous pousse à nous porter vers les choses matérielles et corporelles. Fuir, fuir à tout prix Dieu, fuir les biens et les devoirs spirituels, voilà les conséquences de l’acédie
Or il est impressionnant de voir combien nos sociétés souffrent de toutes ces manifestations :
Toutes ces dispositions puériles font ressembler l’acédiaque, comme le révolutionnaire, à un adolescent tiraillé par ses sens qui ne se pose qu’en s’opposant. Sa raison n’a jamais trouvé la maturité : reniement du passé, haine morbide de la tradition héritée, aveuglement devant les leçons présentes, vivant dans son caprice et dans ses songes, se projetant dans l’avenir, ayant la frénésie du virtuel et le délire du changement.
Toutes ces caractéristiques font donc penser psychologiquement à une crise permanente d’adolescence, mais elles sont en fait essentiellement et moralement les symptômes pathologiques de l’acédie.
Or il est impressionnant de voir combien nos sociétés souffrent de toutes ces manifestations :
- Le désespoir : on fuit Dieu, le but de nos vies. 11 000 suicides par an en France, 164 000 tentatives dont 40% chez les moins de 20 ans !
- La dépression : on fuit sa situation pénible, on se fatigue de servir, de lutter pour le vrai, le bon, on ne comprend plus la raison de notre vie souffrante (la France est le 1er consommateur de tranquillisants).
- La pusillanimité : on fuit l’effort, les biens difficiles. La chasteté, le mariage, la vie religieuse sont méprisés : divorce, concubinage. On ne veut plus se forcer à tenir la parole donnée, on a peur de s’engager. L’immaturité sexuelle de notre société est révélatrice de cette fuite : le mariage est dévalué, les charges qu’il impose sont refusées (fidélité conjugale, éducation des enfants), la licence sexuelle, faisant usage de pilules et autres techniques pour empêcher les conséquences de son acte, voudrait transformer l’amour en un jeu, sans responsabilité et sans risque.
- La négligence ou la torpeur : on fuit son devoir, les commandements. Soit paresse dans le travail, soit surmenage et activisme pour fuir son vide intérieur. On préfère vivre dans le rêve, dans un monde artificiel et superficiel pour fuir les exigences de la vie, car on refuse le combat sur soi-même et contre ses défauts.
- La rancœur ou l’amertume pour les hommes qui nous rappellent les biens spirituels : les déguisements d’homosexuels en religieuses, lors de leur triste défilé, en sont un signe.
- La malice ou la haine des biens spirituels en eux-mêmes : la facilité avec laquelle notre société tolère qu’on blasphème, qu’on ridiculise ou qu’on calomnie la vérité, le manifeste. Le mauvais roman pamphlétaire Da Vinci code, qui tente de détruire sans vergogne les vérités les mieux établies, même historiquement, en est un signe.
- Le vagabondage, l’instabilité intérieure : malaise dans les offices quotidiens, on fuit ses responsabilités pour traîner autour des choses défendues afin de compenser par des plaisirs le dégoût que l’on éprouve dans l’exécration de nos devoirs. On se livre à l’irrationalité, au caprice, on s’abandonne à ses passions pour n’obéir qu’à ses sens et son imagination.
Toutes ces caractéristiques font donc penser psychologiquement à une crise permanente d’adolescence, mais elles sont en fait essentiellement et moralement les symptômes pathologiques de l’acédie.
-Abbé Olivier Rioult, L'Apothéose humaine : Une idole au cœur du mythe de la modernité. Editions des Cîmes, Paris. 2015. Pp. 255-257.
mardi 21 novembre 2017
samedi 4 novembre 2017
Le Bon père Frédéric sur le libéralisme
Paroles tirés de la retraite qu'il a prêché dans la jadis église Notre-Dame-de-Jacques-Cartier (quartier Saint-Roch, ville de Québec) pour le tiers-ordre franciscain.
Lors de cette retraite, le Bon père Frédéric remis l'habit du tiers-ordre à plus de 3000 personnes. Mis au courant, par le curé Provancher de Cap-Rouge, du conflit créé par le libéralisme au sein du clergé canadien, le père Frédéric monta en chaire de Vérité pour dénoncer cette doctrine luciférienne. Par la suite, le cardinal Taschereau - chef des libéraux -, pria le père de quitter son diocèse. Le Bon père Frédéric trouva hospitalité dans le diocèse des Trois-Rivières, chez l'antilibéral Mgr Laflèche.
mardi 24 octobre 2017
Ce qui manque aux nationalistes pour vaincre
Certes, beaucoup de points défendus par les nationalistes les plus catholiques sont authentiquement
contenus et exprimés dans l’enseignement traditionnel de l’Église. Nous pourrons même concéder que quelques nationalistes ne visent que la restauration de l’ordre social chrétien … Mais, je le répète, ce qui compte, c’est le formel et non le matériel. On peut à l’extrême se faire les champions de la lettre du catholicisme, avoir pour objet la matière de l’enseignement catholique. Cependant on n’en est pas pour autant formellement catholiques, si on ne possède pour cela l’esprit du catholicisme. (…)
Il manque aux nationalistes comme à la majeure partie des catholiques modernes cette lumière spécifique, ce lumen sub quo des scolastiques. Cette cécité n’est pas nouvelle, elle est le péché de tous les naturalistes, ou mieux, le châtiment de leur orgueil naturaliste.
Charles Maurras, le grand Charles Maurras, était frappé de cette cécité intellectuelle. Il admirait profondément l’Église catholique. Il chantait en elle la civilisatrice par antonomase, il lutta pour elle contre ses ennemis. Mais il ne voyait pas que cet ordre, qui le séduisait tant, était l’effet d’une action surnaturelle.
L’Église est un corps harmonieux, mais c’est la mutiler que d’y supprimer son âme vivifiante : l’Esprit‑Saint de Jésus, son époux. L’erreur des nationalistes est une erreur sur l’Incarnation du Verbe. (…) Ils voudraient, ils veulent même, l’ordre admirable causé par l’Église catholique romaine. Ils le veulent pour plusieurs motifs : par tradition catholique ; par amour de l’ordre et de la raison ; par opposition à des adversaires qui combattent cette même Église romaine.
Mais ils ne savent pas ‑ ou s’ils le savent, c’est sans influence formelle sur leur action, c’est‑à‑dire que leur action n’est pas informée par cette vue, cette connaissance que cet ordre naturel est impossible sans le surnaturel, qu’il est le fruit de la grâce du Christ rédempteur, (…) et, par suite, qu’il ne peut se défendre ou se conquérir que par les moyens naturels surnaturalisés.
Le grand péché des nationalistes est ce naturalisme pratique, je dirai cette praxis athée (pour employer le langage marxiste) avec lesquels ils s’efforcent de vaincre leurs adversaires et d’instaurer l’ordre social chrétien. Effort tragiquement stérile.
Voilà la raison profonde des échecs répétés de la Contre‑Révolution. Elle s’oppose matériellement à la Révolution ; à savoir : son but, son objet matériel est contradictoire, objectivement contradictoire du but, de l’objet matériel de la Révolution, mais formellement, elle voit cet objet sous une lumière analogue à la lumière marxiste, naturaliste, et par suite elle agit en naturaliste travaillant sans s’en rendre compte dans le sens de la Révolution.
Elle est une phase de la Révolution, une phase dialectique, qui, opposée diamétralement (mais sur le même plan) à d’autres phases extrêmes de la Révolution, reste contraire, formellement contraire et non contradictoire à l’action révolutionnaire. (…).
Pour bien comprendre ceci, je vais donner quelques exemples.
Le Parti.
Cette conception moderne du parti est une idée révolutionnaire. Elle échappe rarement à l’orgueil de caste et à la tyrannie de la partie sur le tout. Elle s’origine d’une pensée, plus ou moins confuse ou précise, subjectiviste, individualiste.
Le parti, c’est l’individu collectif. Par principe, il est antinaturel, donc source de désordre. Il a une conception de l’homme qui n’est pas organique, divine, il forme des forces au service d’une idéologie abstraite.
L’homme de parti est de type standard interchangeable. Vous vous rappellerez ce que dit notre ami, l’autre jour, en parlant des ouvriers : « Ce sont les nôtres ». Le sens de la propriété est très nuisible à l’harmonie chrétienne. On pourrait croire que notre ami est jaloux de voir que d’autres s’occupent d’un problème qu’il se croit seul capable de résoudre.
Voilà un bien grand danger. Le Parti veut être celui qui fait tout. Il s’achève, quand il triomphe, en un étatisme dictatorial insupportable et sa tyrannie se maintient par la persécution, jusqu’à ce qu’un autre naturalisme, un autre parti le détruise.
Le parti, par essence, se sépare du peuple parce que le peuple se rend très vite compte (et les autres tyrans de demain se chargent de le mettre en évidence) que le parti ne le sert pas, mais qu’au contraire il est, lui [le peuple], l’esclave (selon divers degrés de confort) du parti (quelle que soit la chose désignée par ce mot de parti : soit une classe, soit un individu, soit un consortium, etc.).
Comme ceci est contraire à l’esprit de Jésus‑Christ qui, lui, est venu non pour être servi, mais pour servir !
Comment vaincre la Révolution qui a engendré l’esprit de parti, avec un autre parti ? Erreur, profonde et grave erreur, même si la cause proposée à l’activité du parti est le règne de Jésus‑Christ.
Ne croyez pas que ceci soit dit à la légère. Que s’examinent sincèrement nos nationalistes (une bonne retraite de cinq jours !) et ils découvriront qu’ils ne souffrent pas avec patience que d’autres qu’eux‑mêmes travaillent à la même cause et puissent récolter la gloire du succès. Avec cet esprit partisan, (…) comment comprendre la complémentarité catholique des œuvres ?
Les partis de droite crèvent chroniquement parce qu’ils veulent tout faire comme l’État totalitaire. Et ceci vient de leur fausse vision du réel, essentiellement parce qu’ils oublient que la Contre‑Révolution, l’ordre social chrétien est avant tout l’oeuvre de Dieu.
Ils feraient bien de méditer la doctrine du Corps Mystique (…) exposée dans saint Paul (I Co 12). Divers membres, mais un seul Esprit, diverses fonctions, mais un seul Esprit. Leur naturalisme inconscient leur fait croire qu’ils sont la source unique de l’ordre.
De là au rationalisme positiviste, il n’y a qu’un pas ; au marxisme, deux pas, ce dernier mettant la source de toute réalité dans la pure action humaine… je ne parle pas des confusions que cet esprit de parti (qui a pour origine l’orgueil au service du bien tandis que le marxisme est l’orgueil au service du mal) engendre entre l’ordre spéculatif et l’ordre pratique. Vous savez, vous, combien on a vite fait d’ériger en dogme ce qui n’est que norme d’action et ne relève que de la prudence. (…) « Ma, ou notre position est la seule. » On dogmatise ‑ on exclut ‑ on a vite fait de douter de la bonne foi des autres… Ces autres, bientôt, on les haïra… (…)
Prenons un autre exemple caractéristique. En fait, c’est dire la même chose sous un autre aspect.
A méconnaître (par défaut de voir les choses dans la lumière de la foi et des dons de science et d’intelligence) le surnaturel, ou, du moins, à le méconnaître pratiquement, dans leur action politique et sociale, les nationalistes se dépensent inutilement à répondre aux ennemis sur leur propre terrain.
Folie dont les conséquences sont fatales ! Que d’efforts, que de sacrifices pour la bonne cause ! Et, pour récolte, une série renouvelée d’échecs de plus en plus graves ! On s’arme de sa plume, on polémique, on se bat, on fait le coup de feu même et puis, que voit‑on ? Les ennemis plus forts que la veille et les champions de la bonne cause découragés et divisés…
Il faut le dire, on a perdu le sens du combat contre‑révolutionnaire parce qu’on n’a plus le sens surnaturel, l’esprit surnaturel. On ne sait plus que ‑ s’il faut combattre, certes, c’est cependant « Dieu qui donne la victoire ». On néglige de prier sans discontinuer, selon la recommandation du Christ lui‑même. On oublie pratiquement que sans Dieu nous ne pouvons rien faire. Sans doute, la raison peut connaître quelques vérités, mais pas toutes sans la grâce qui la fortifie et l’élève.
Sans doute, la volonté peut faire des actes des vertus naturelles, mais pas pratiquer sans la grâce toutes les vertus et s’y maintenir. (…) Alors, pas d’ordre social stable et durable sans Notre‑Seigneur Jésus‑Christ, c’est‑à‑dire concrètement, sans la doctrine de Jésus‑Christ éclairée dans la lumière de Jésus‑Christ, sans la grâce et la charité de Jésus‑Christ distribuées et produites par les moyens surnaturels, en particulier les sacrements. Et comme le péché (originel et actuel) est le grand obstacle à l’ordre divino‑humain, pas d’ordre social sans la croix de Jésus‑Christ, c’est‑à‑dire sans l’abnégation, la pauvreté, la contradiction.
Voilà des années que Dieu nous donne la leçon des faits et nous ne voulons pas comprendre. Notre naturalisme pratique échoue. Que faut‑il de plus pour y renoncer une bonne fois ? « Allons‑nous recommencer les mêmes erreurs suivies des mêmes châtiments ? »
Allons‑nous enfin comprendre, selon le mot du cardinal Pie, que Jésus‑Christ n’est pas facultatif ?Saurons‑nous apprécier à sa juste valeur la cause que nous voulons servir ? Saurons‑nous voir l’ordre enchanteur du christianisme avec les yeux de la foi, dans la haute et nécessaire lumière du catholicisme formel ? (…).
Les vrais hommes d’action sont des contemplatifs. Ils voient tout dans le Verbe de Dieu comme le Père voit toutes choses dans son Verbe, sa propre splendeur. Alors, ainsi élevés et fortifiés de cette lumière qui est vie (Jn 1, 1), ils découvrent mieux que les autres quels sont les moyens les plus efficaces et les plus sûrs (cf. « Principe et fondement » des Exercices de saint Ignace*) pour arriver au but.
Les vrais (il y en a de faux qui ne sont que des rêveurs séparés du réel, des idéalistes fumeux) contemplatifs sont les plus prudents.
(*) ‑ Exercices spirituels, Principe et fondement, n° 23 : « Désirant et choisissant uniquement ce qui nous conduit plus sûrement à la fin pour laquelle nous sommes créés. » (NDLR.)
Le cœur Chouan. |
Il manque aux nationalistes comme à la majeure partie des catholiques modernes cette lumière spécifique, ce lumen sub quo des scolastiques. Cette cécité n’est pas nouvelle, elle est le péché de tous les naturalistes, ou mieux, le châtiment de leur orgueil naturaliste.
Charles Maurras, le grand Charles Maurras, était frappé de cette cécité intellectuelle. Il admirait profondément l’Église catholique. Il chantait en elle la civilisatrice par antonomase, il lutta pour elle contre ses ennemis. Mais il ne voyait pas que cet ordre, qui le séduisait tant, était l’effet d’une action surnaturelle.
L’Église est un corps harmonieux, mais c’est la mutiler que d’y supprimer son âme vivifiante : l’Esprit‑Saint de Jésus, son époux. L’erreur des nationalistes est une erreur sur l’Incarnation du Verbe. (…) Ils voudraient, ils veulent même, l’ordre admirable causé par l’Église catholique romaine. Ils le veulent pour plusieurs motifs : par tradition catholique ; par amour de l’ordre et de la raison ; par opposition à des adversaires qui combattent cette même Église romaine.
Mais ils ne savent pas ‑ ou s’ils le savent, c’est sans influence formelle sur leur action, c’est‑à‑dire que leur action n’est pas informée par cette vue, cette connaissance que cet ordre naturel est impossible sans le surnaturel, qu’il est le fruit de la grâce du Christ rédempteur, (…) et, par suite, qu’il ne peut se défendre ou se conquérir que par les moyens naturels surnaturalisés.
Le grand péché des nationalistes est ce naturalisme pratique, je dirai cette praxis athée (pour employer le langage marxiste) avec lesquels ils s’efforcent de vaincre leurs adversaires et d’instaurer l’ordre social chrétien. Effort tragiquement stérile.
Voilà la raison profonde des échecs répétés de la Contre‑Révolution. Elle s’oppose matériellement à la Révolution ; à savoir : son but, son objet matériel est contradictoire, objectivement contradictoire du but, de l’objet matériel de la Révolution, mais formellement, elle voit cet objet sous une lumière analogue à la lumière marxiste, naturaliste, et par suite elle agit en naturaliste travaillant sans s’en rendre compte dans le sens de la Révolution.
Elle est une phase de la Révolution, une phase dialectique, qui, opposée diamétralement (mais sur le même plan) à d’autres phases extrêmes de la Révolution, reste contraire, formellement contraire et non contradictoire à l’action révolutionnaire. (…).
Pour bien comprendre ceci, je vais donner quelques exemples.
Le Parti.
Cette conception moderne du parti est une idée révolutionnaire. Elle échappe rarement à l’orgueil de caste et à la tyrannie de la partie sur le tout. Elle s’origine d’une pensée, plus ou moins confuse ou précise, subjectiviste, individualiste.
Le parti, c’est l’individu collectif. Par principe, il est antinaturel, donc source de désordre. Il a une conception de l’homme qui n’est pas organique, divine, il forme des forces au service d’une idéologie abstraite.
La bataille de Lépante (1571) |
L’homme de parti est de type standard interchangeable. Vous vous rappellerez ce que dit notre ami, l’autre jour, en parlant des ouvriers : « Ce sont les nôtres ». Le sens de la propriété est très nuisible à l’harmonie chrétienne. On pourrait croire que notre ami est jaloux de voir que d’autres s’occupent d’un problème qu’il se croit seul capable de résoudre.
Voilà un bien grand danger. Le Parti veut être celui qui fait tout. Il s’achève, quand il triomphe, en un étatisme dictatorial insupportable et sa tyrannie se maintient par la persécution, jusqu’à ce qu’un autre naturalisme, un autre parti le détruise.
Le parti, par essence, se sépare du peuple parce que le peuple se rend très vite compte (et les autres tyrans de demain se chargent de le mettre en évidence) que le parti ne le sert pas, mais qu’au contraire il est, lui [le peuple], l’esclave (selon divers degrés de confort) du parti (quelle que soit la chose désignée par ce mot de parti : soit une classe, soit un individu, soit un consortium, etc.).
Comme ceci est contraire à l’esprit de Jésus‑Christ qui, lui, est venu non pour être servi, mais pour servir !
Comment vaincre la Révolution qui a engendré l’esprit de parti, avec un autre parti ? Erreur, profonde et grave erreur, même si la cause proposée à l’activité du parti est le règne de Jésus‑Christ.
Ne croyez pas que ceci soit dit à la légère. Que s’examinent sincèrement nos nationalistes (une bonne retraite de cinq jours !) et ils découvriront qu’ils ne souffrent pas avec patience que d’autres qu’eux‑mêmes travaillent à la même cause et puissent récolter la gloire du succès. Avec cet esprit partisan, (…) comment comprendre la complémentarité catholique des œuvres ?
Les partis de droite crèvent chroniquement parce qu’ils veulent tout faire comme l’État totalitaire. Et ceci vient de leur fausse vision du réel, essentiellement parce qu’ils oublient que la Contre‑Révolution, l’ordre social chrétien est avant tout l’oeuvre de Dieu.
Ils feraient bien de méditer la doctrine du Corps Mystique (…) exposée dans saint Paul (I Co 12). Divers membres, mais un seul Esprit, diverses fonctions, mais un seul Esprit. Leur naturalisme inconscient leur fait croire qu’ils sont la source unique de l’ordre.
Un livre à lire, un auteur à connaître. |
De là au rationalisme positiviste, il n’y a qu’un pas ; au marxisme, deux pas, ce dernier mettant la source de toute réalité dans la pure action humaine… je ne parle pas des confusions que cet esprit de parti (qui a pour origine l’orgueil au service du bien tandis que le marxisme est l’orgueil au service du mal) engendre entre l’ordre spéculatif et l’ordre pratique. Vous savez, vous, combien on a vite fait d’ériger en dogme ce qui n’est que norme d’action et ne relève que de la prudence. (…) « Ma, ou notre position est la seule. » On dogmatise ‑ on exclut ‑ on a vite fait de douter de la bonne foi des autres… Ces autres, bientôt, on les haïra… (…)
Prenons un autre exemple caractéristique. En fait, c’est dire la même chose sous un autre aspect.
A méconnaître (par défaut de voir les choses dans la lumière de la foi et des dons de science et d’intelligence) le surnaturel, ou, du moins, à le méconnaître pratiquement, dans leur action politique et sociale, les nationalistes se dépensent inutilement à répondre aux ennemis sur leur propre terrain.
Folie dont les conséquences sont fatales ! Que d’efforts, que de sacrifices pour la bonne cause ! Et, pour récolte, une série renouvelée d’échecs de plus en plus graves ! On s’arme de sa plume, on polémique, on se bat, on fait le coup de feu même et puis, que voit‑on ? Les ennemis plus forts que la veille et les champions de la bonne cause découragés et divisés…
Il faut le dire, on a perdu le sens du combat contre‑révolutionnaire parce qu’on n’a plus le sens surnaturel, l’esprit surnaturel. On ne sait plus que ‑ s’il faut combattre, certes, c’est cependant « Dieu qui donne la victoire ». On néglige de prier sans discontinuer, selon la recommandation du Christ lui‑même. On oublie pratiquement que sans Dieu nous ne pouvons rien faire. Sans doute, la raison peut connaître quelques vérités, mais pas toutes sans la grâce qui la fortifie et l’élève.
Sans doute, la volonté peut faire des actes des vertus naturelles, mais pas pratiquer sans la grâce toutes les vertus et s’y maintenir. (…) Alors, pas d’ordre social stable et durable sans Notre‑Seigneur Jésus‑Christ, c’est‑à‑dire concrètement, sans la doctrine de Jésus‑Christ éclairée dans la lumière de Jésus‑Christ, sans la grâce et la charité de Jésus‑Christ distribuées et produites par les moyens surnaturels, en particulier les sacrements. Et comme le péché (originel et actuel) est le grand obstacle à l’ordre divino‑humain, pas d’ordre social sans la croix de Jésus‑Christ, c’est‑à‑dire sans l’abnégation, la pauvreté, la contradiction.
Voilà des années que Dieu nous donne la leçon des faits et nous ne voulons pas comprendre. Notre naturalisme pratique échoue. Que faut‑il de plus pour y renoncer une bonne fois ? « Allons‑nous recommencer les mêmes erreurs suivies des mêmes châtiments ? »
Allons‑nous enfin comprendre, selon le mot du cardinal Pie, que Jésus‑Christ n’est pas facultatif ?Saurons‑nous apprécier à sa juste valeur la cause que nous voulons servir ? Saurons‑nous voir l’ordre enchanteur du christianisme avec les yeux de la foi, dans la haute et nécessaire lumière du catholicisme formel ? (…).
Maisonneuve : un catholique d'action. |
Les vrais hommes d’action sont des contemplatifs. Ils voient tout dans le Verbe de Dieu comme le Père voit toutes choses dans son Verbe, sa propre splendeur. Alors, ainsi élevés et fortifiés de cette lumière qui est vie (Jn 1, 1), ils découvrent mieux que les autres quels sont les moyens les plus efficaces et les plus sûrs (cf. « Principe et fondement » des Exercices de saint Ignace*) pour arriver au but.
Les vrais (il y en a de faux qui ne sont que des rêveurs séparés du réel, des idéalistes fumeux) contemplatifs sont les plus prudents.
(*) ‑ Exercices spirituels, Principe et fondement, n° 23 : « Désirant et choisissant uniquement ce qui nous conduit plus sûrement à la fin pour laquelle nous sommes créés. » (NDLR.)
-R.P. Grasset (C.P.C.R.) – Le vrai catholique et la politique (1959) – Extrait de la revue « Le Sel de la Terre » n° 41, été 2001. Tiré de l'excellent site Bibliothèque de combat
lundi 23 octobre 2017
Conférence de monsieur l'abbé Olivier Rioult
Première partie d'une série de conférences portant sur la Contrerévolution : "Le salut est dans la contre révolution" par monsieur l'abbé Olivier Rioult.
Première partie d'une série de conférences portant sur la Contrerévolution : "Le salut est dans la contre révolution" par monsieur l'abbé Olivier Rioult.
dimanche 8 octobre 2017
mercredi 4 octobre 2017
Laïcisme maçonnique
Le laïcisme, c’est la négation de Dieu, c’est la cause première de l’anarchie intellectuelle, morale et sociale dans laquelle sombrent la grandeur et la vie même d’un pays.
C’est la lutte entre le Contrat social [Rousseau] et l’Évangile, entre l’Eglise et la Révolution.
De l’aveu même des ennemis de l’Église, le laïcisme instaure, substitue à l’ancien, un culte nouveau : le culte de la raison et de l’humanité. Les mots Raison et Humanité y sont compris dans un sens religieux, ni rationnel ni humain, dans une acception mystérieuse qui compose un dogme :
L’enseignement des Écoles de l’Etat, mis au service de ce culte, professe donc une doctrine dirigée contre les intérêts supérieurs de l’esprit humain, contre les intérêts proches et lointains de la France catholique [du Canada français, où le catholicisme est indissociable de la vie de la nation]
18 - C'est ici Notre tour de pourvoir aux nécessités des temps présents, d'apporter un remède efficace à la peste qui a corrompu la société humaine. Nous le faisons en prescrivant à l'univers catholique le culte du Christ-Roi. La peste de notre époque, c'est le laïcisme, ainsi qu'on l'appelle, avec ses erreurs et ses entreprises criminelles.
19 - Une fête célébrée chaque année chez tous les peuples en l'honneur du Christ-Roi sera souverainement efficace pour incriminer et réparer en quelque manière cette apostasie publique, si désastreuse pour la société, qu'a engendrée le laïcisme.
20. Au terme de cette Lettre, Nous voudrions encore, Vénérables Frères, vous exposer brièvement les fruits que Nous Nous promettons et que Nous espérons fermement, tant pour l'Eglise et la société civile que pour chacun des fidèles, de ce culte public rendu au Christ-Roi. L'obligation d'offrir les hommages que Nous venons de dire à l'autorité souveraine de Notre Maître ne peut manquer de rappeler aux hommes les droits de l'Eglise. Instituée par le Christ sous la forme organique d'une société parfaite, en vertu de ce droit originel, elle ne peut abdiquer la pleine liberté et l'indépendance complète à l'égard du pouvoir civil. Elle ne peut dépendre d'une volonté étrangère dans l'accomplissement de sa mission divine d'enseigner, de gouverner et de conduire au bonheur éternel tous les membres du royaume du Christ.
C’est la lutte entre le Contrat social [Rousseau] et l’Évangile, entre l’Eglise et la Révolution.
De l’aveu même des ennemis de l’Église, le laïcisme instaure, substitue à l’ancien, un culte nouveau : le culte de la raison et de l’humanité. Les mots Raison et Humanité y sont compris dans un sens religieux, ni rationnel ni humain, dans une acception mystérieuse qui compose un dogme :
- un dogme très arrêté, un dogme caché, professé, pratiqué, imposé par un clergé caché – la franc-maçonnerie ;
- un dogme qui, par un attrait malsain et vicieux, attire, à la suite des Lamennais, des Loyson, des Loisy, des Renan, des Combes et de tant d’autres, tous les faillis de la foi catholique, jusqu’aux protagonistes du modernisme condamné par les papes ;
- un dogme qui est la synthèse des rancunes vouées à l’Eglise par la secte ;
- un dogme en désaccord avec toutes les données de la philosophie et du bon sens, en contradiction éclatante avec toutes les coutumes, toutes les traditions, tous les intérêts religieux, moraux, sociaux et matériels de la nation.
-Abbé Augustin Aubry – Contre le Modernisme (1927) source
L'encyclique Quas Primas de Pie XI, instituant la fête du Christ-Roi, contre l'athéisme et la laïcité.
19 - Une fête célébrée chaque année chez tous les peuples en l'honneur du Christ-Roi sera souverainement efficace pour incriminer et réparer en quelque manière cette apostasie publique, si désastreuse pour la société, qu'a engendrée le laïcisme.
20. Au terme de cette Lettre, Nous voudrions encore, Vénérables Frères, vous exposer brièvement les fruits que Nous Nous promettons et que Nous espérons fermement, tant pour l'Eglise et la société civile que pour chacun des fidèles, de ce culte public rendu au Christ-Roi. L'obligation d'offrir les hommages que Nous venons de dire à l'autorité souveraine de Notre Maître ne peut manquer de rappeler aux hommes les droits de l'Eglise. Instituée par le Christ sous la forme organique d'une société parfaite, en vertu de ce droit originel, elle ne peut abdiquer la pleine liberté et l'indépendance complète à l'égard du pouvoir civil. Elle ne peut dépendre d'une volonté étrangère dans l'accomplissement de sa mission divine d'enseigner, de gouverner et de conduire au bonheur éternel tous les membres du royaume du Christ.
21. Les Etats, à leur tour, apprendront par la célébration annuelle de cette fête que les gouvernants et les magistrats ont l'obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d'obéir à ses lois. Les chefs de la société civile se rappelleront, de leur côté, le dernier jugement, où le Christ accusera ceux qui l'ont expulsé de la vie publique, mais aussi ceux qui l'ont dédaigneusement mis de côté ou ignoré, et punira de pareils outrages par les châtiments les plus terribles; car sa dignité royale exige que l'État tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens dans l'établissement des lois, dans l'administration de la justice, dans la formation intellectuelle et morale de la jeunesse, qui doit respecter la saine doctrine et la pureté des mœurs.
samedi 30 septembre 2017
jeudi 21 septembre 2017
Biographie de Jules-Paul Tardivel
Jules-Paul Tardivel, le fondateur en 1881 de La Vérité de Québec, qu'il dirigea et rédigea jusqu'à la fin de sa vie, est né à Covington, dans le Kentucky, d'un père français, Claude Tardivel, natif de l'Auvergne, et d'une mère anglaise convertie au catholicisme, Isabelle Brent, le 2 septembre 1851. Il est mort, à Québec, où s'était écoulée presque toute sa carrière de journaliste, le 24 avril 1905, à 54 ans. Ce fut un champion de la cause catholique et française au Canada, un lutteur intrépide, plutôt intransigeant que souple, un écrivain à la plume sûre d'elle-même, toujours correcte et élégante, un homme d'ordre et de vie très droite, croyant et patriote comme on n'en voit pas souvent.
À 17 ans, ne sachant pas un mot de français, le jeune Tardivel venait, en 1868, de son lointain Kentucky, commencer ses études classiques à Saint-Hyacinthe. Après Chicoyne, dont il est question la notice précédente, il fut du groupe des fidèles de l'abbé François Tétrault, et il en garda l'empreinte sa vie entière. Tout en conservant bien sa langue maternelle, l'anglais, il apprit notre langue française à la perfection. Il se distingua dans ses classes et se fit remarquer par son esprit de discipline, son application et son amour du travail.
En avril 1873, Tardivel débutait dans le journalisme au Courrier de Saint-Hyacinthe. En septembre de la même année, il passait à La Minerve de Montréal. En 1874, il allait se fixer à Québec et entrait au journal Le Canadien, que dirigeait alors Tarte, plus tard ministre dans le gouvernement Laurier. Il fut six ou sept ans rédacteur à ce journal, écrivant souvent l'article de fond, s'essayant dans la critique littéraire, donnant à droite et à gauche de bons coups de plume qui marquaient déjà sa manière, pu amie du servilisme et nettement indépendante des partis et des coteries.
En juillet 1881, Tardivel fondait La Vérité, un hebdomadaire, qui fit son chemin, se suscita des contradicteurs, mais s'assura aussi toute une phalange d'admirateurs fervents, aux yeux de qui, pendant un quart de siècle, Tardivel fut le Louis Veuillot du Canada. Penseur puissant, très nourri de fortes lectures dans les pages des maîtres, polémiste ardent et redoutable, mais qui ne s'attaquait jamais aux personnes, le directeur de La Vérité, dans son rendez-vous de chaque semaine auprès de ses lecteurs, se montrait l'apôtre laïque de la doctrine de l'Eglise. Sa sincérité, comme sa loyauté, était évidente.
De ses principaux articles, il fit des volumes de Mélanges, au moins trois, dont le premier parut en 1887. En 1890, il publia des Notes de voyage, au retour d'un séjour en Europe. En 1895, ce fut Pour la patrie, roman du XXème siècle, ainsi que l'indiquait le sous-titre. Il donna encore diverses études sur La situation religieuse aux Etats-Unis, sur Le pape Pie IX, sur l'anglicisme, sur la langue française. En fait, il travaillait beaucoup et sa production littéraire fut abondante.
Tardivel était au physique un bel homme, de grandeur moyenne et de noble prestance, avec une tête au front chauve, une figure régulière au teint chaud, un nez droit, des yeux pénétrants, portant toute sa barbe, soigneusement taillée. Au moral, c'était la dignité en personne. Il avait épousé, jeune, Henriette Brunelle, dont il eut un fils, Paul, qui lui succéda à La Vérité, comme journaliste, et quatre filles, Mme C.-J. Magnan, Mme Omer Héroux, Mme Joseph Bégin et Mme H. Bazin.
Quand le roman Pour la patrie parut, chez Cadieux et Derome, à Montréal, en 1895, la Semaine religieuse, que dirigeait alors M. le chanoine Bruchési, l'appréciait ainsi : "Après avoir suivi d'un œil attentif les péripéties de la lutte héroïque imaginée et racontée par M. Tardivel, plusieurs réserveront leur jugement et se contenteront de penser que les vues de la Providence sur le peuple canadien restent encore insondables. D'autres partageront, non sans enthousiasme, les glorieuses aspirations de l'ardent journaliste. Quelques-uns, par conviction, ou même par crainte d'exciter les préjugés de races, ne manqueront peut-être pas de crier au rêve, à l'utopie, à la provocation, Quoiqu'il en soit, l'important, pour l'heure actuelle au moins, c'est de nous entendre afin d'éviter, comme nation, tout ce qui serait de nature à nous rendre indignes des desseins de Dieu, c'est de travailler à découvrir les véritables ennemis de notre race et de notre religion et de leur opposer une résistance loyale mais vigoureuse [NDLR : « les catholiques libéraux sont les pires ennemis de l’Église » disait justement le pape Pie IX]. En cela, le livre de M. Tardivel sera utile... Même si elle ne devait pas avoir cette influence heureuse, la lecture de cet ouvrage, fortement pensé et nettement écrit, ferait encore du bien. L'auteur, en effet, y a jeté nombre d'idées nobles et généreuses, d'aperçus nouveaux et chrétiens, et quelques-uns des caractères qui s'y développent sont de ceux qui font ressortir l'élévation des vertus sociales qu'inspire le christianisme..."
Dix ans plus tard, à la mort de Tardivel, le même chanoine Bruchési, devenu l'archevêque de Montréal, écrivait à son fils Paul, au sujet de La Vérité : "C'est une oeuvre et non pas une affaire d'argent. Avant tout, elle veut servir l'Eglise et défendre ses intérêts... Elle ne recherche pas la sensation... Elle est pleine d'idées... Qu'elle ait eu quelquefois ses erreurs et ses torts, cela n'est pas étonnant... Mais ces erreurs n'ont jamais porté sur des points de doctrine et que sont-elles après tout comparées au bien accompli ?" Et l'éminent archevêque ajoutait : "Le fondateur de La Vérité, du reste, tous ceux qui l'ont connu intimement le savent, avait les convictions religieuses les plus profondes, un amour ardent de son pays, une loyauté et un désintéressement à toute épreuve. S'il s'est trompé, il s'est trompé de bonne foi. Je ne connais pas de journaliste qui, dans notre pays, ait reçu autant de témoignages d'estime et d'admiration. Ses adversaires comme ses amis se sont plu à reconnaître sa valeur et son mérite."
On comprend, après un pareil témoignage, venu de haut, que M. Magnan, le mari de sa fille aînée, ait pu écrire, dans l'Enseignement Primaire, comme conclusion au substantiel article qu'il donna sur Tardivel au lendemain de sa mort, ceci qui est très juste et émouvant : "Un philosophe ancien a dit que toutes les grandeurs du monde et tout le bruit qui se fait autour d'un homme pendant sa vie aboutissent fatalement à ces mort : Hic Jacet - Ci-gît ! Cette inscription tumulaire ne saurait convenir au vaillant soldat chrétien que nous pleurons. J'ai cru, je vois, voilà plutôt, comme pour Louis Veuillot, ce qu'il faudrait graver sur la croix du modeste tombeau de Jules-Paul Tardivel."
-Abbé Elie-J. Auclair, Figures canadiennes, deuxième série. Editions Albert Lévesque. Montréal, 1933. Pp. 195-200.
À 17 ans, ne sachant pas un mot de français, le jeune Tardivel venait, en 1868, de son lointain Kentucky, commencer ses études classiques à Saint-Hyacinthe. Après Chicoyne, dont il est question la notice précédente, il fut du groupe des fidèles de l'abbé François Tétrault, et il en garda l'empreinte sa vie entière. Tout en conservant bien sa langue maternelle, l'anglais, il apprit notre langue française à la perfection. Il se distingua dans ses classes et se fit remarquer par son esprit de discipline, son application et son amour du travail.
En avril 1873, Tardivel débutait dans le journalisme au Courrier de Saint-Hyacinthe. En septembre de la même année, il passait à La Minerve de Montréal. En 1874, il allait se fixer à Québec et entrait au journal Le Canadien, que dirigeait alors Tarte, plus tard ministre dans le gouvernement Laurier. Il fut six ou sept ans rédacteur à ce journal, écrivant souvent l'article de fond, s'essayant dans la critique littéraire, donnant à droite et à gauche de bons coups de plume qui marquaient déjà sa manière, pu amie du servilisme et nettement indépendante des partis et des coteries.
En juillet 1881, Tardivel fondait La Vérité, un hebdomadaire, qui fit son chemin, se suscita des contradicteurs, mais s'assura aussi toute une phalange d'admirateurs fervents, aux yeux de qui, pendant un quart de siècle, Tardivel fut le Louis Veuillot du Canada. Penseur puissant, très nourri de fortes lectures dans les pages des maîtres, polémiste ardent et redoutable, mais qui ne s'attaquait jamais aux personnes, le directeur de La Vérité, dans son rendez-vous de chaque semaine auprès de ses lecteurs, se montrait l'apôtre laïque de la doctrine de l'Eglise. Sa sincérité, comme sa loyauté, était évidente.
De ses principaux articles, il fit des volumes de Mélanges, au moins trois, dont le premier parut en 1887. En 1890, il publia des Notes de voyage, au retour d'un séjour en Europe. En 1895, ce fut Pour la patrie, roman du XXème siècle, ainsi que l'indiquait le sous-titre. Il donna encore diverses études sur La situation religieuse aux Etats-Unis, sur Le pape Pie IX, sur l'anglicisme, sur la langue française. En fait, il travaillait beaucoup et sa production littéraire fut abondante.
Tardivel était au physique un bel homme, de grandeur moyenne et de noble prestance, avec une tête au front chauve, une figure régulière au teint chaud, un nez droit, des yeux pénétrants, portant toute sa barbe, soigneusement taillée. Au moral, c'était la dignité en personne. Il avait épousé, jeune, Henriette Brunelle, dont il eut un fils, Paul, qui lui succéda à La Vérité, comme journaliste, et quatre filles, Mme C.-J. Magnan, Mme Omer Héroux, Mme Joseph Bégin et Mme H. Bazin.
Quand le roman Pour la patrie parut, chez Cadieux et Derome, à Montréal, en 1895, la Semaine religieuse, que dirigeait alors M. le chanoine Bruchési, l'appréciait ainsi : "Après avoir suivi d'un œil attentif les péripéties de la lutte héroïque imaginée et racontée par M. Tardivel, plusieurs réserveront leur jugement et se contenteront de penser que les vues de la Providence sur le peuple canadien restent encore insondables. D'autres partageront, non sans enthousiasme, les glorieuses aspirations de l'ardent journaliste. Quelques-uns, par conviction, ou même par crainte d'exciter les préjugés de races, ne manqueront peut-être pas de crier au rêve, à l'utopie, à la provocation, Quoiqu'il en soit, l'important, pour l'heure actuelle au moins, c'est de nous entendre afin d'éviter, comme nation, tout ce qui serait de nature à nous rendre indignes des desseins de Dieu, c'est de travailler à découvrir les véritables ennemis de notre race et de notre religion et de leur opposer une résistance loyale mais vigoureuse [NDLR : « les catholiques libéraux sont les pires ennemis de l’Église » disait justement le pape Pie IX]. En cela, le livre de M. Tardivel sera utile... Même si elle ne devait pas avoir cette influence heureuse, la lecture de cet ouvrage, fortement pensé et nettement écrit, ferait encore du bien. L'auteur, en effet, y a jeté nombre d'idées nobles et généreuses, d'aperçus nouveaux et chrétiens, et quelques-uns des caractères qui s'y développent sont de ceux qui font ressortir l'élévation des vertus sociales qu'inspire le christianisme..."
Dix ans plus tard, à la mort de Tardivel, le même chanoine Bruchési, devenu l'archevêque de Montréal, écrivait à son fils Paul, au sujet de La Vérité : "C'est une oeuvre et non pas une affaire d'argent. Avant tout, elle veut servir l'Eglise et défendre ses intérêts... Elle ne recherche pas la sensation... Elle est pleine d'idées... Qu'elle ait eu quelquefois ses erreurs et ses torts, cela n'est pas étonnant... Mais ces erreurs n'ont jamais porté sur des points de doctrine et que sont-elles après tout comparées au bien accompli ?" Et l'éminent archevêque ajoutait : "Le fondateur de La Vérité, du reste, tous ceux qui l'ont connu intimement le savent, avait les convictions religieuses les plus profondes, un amour ardent de son pays, une loyauté et un désintéressement à toute épreuve. S'il s'est trompé, il s'est trompé de bonne foi. Je ne connais pas de journaliste qui, dans notre pays, ait reçu autant de témoignages d'estime et d'admiration. Ses adversaires comme ses amis se sont plu à reconnaître sa valeur et son mérite."
On comprend, après un pareil témoignage, venu de haut, que M. Magnan, le mari de sa fille aînée, ait pu écrire, dans l'Enseignement Primaire, comme conclusion au substantiel article qu'il donna sur Tardivel au lendemain de sa mort, ceci qui est très juste et émouvant : "Un philosophe ancien a dit que toutes les grandeurs du monde et tout le bruit qui se fait autour d'un homme pendant sa vie aboutissent fatalement à ces mort : Hic Jacet - Ci-gît ! Cette inscription tumulaire ne saurait convenir au vaillant soldat chrétien que nous pleurons. J'ai cru, je vois, voilà plutôt, comme pour Louis Veuillot, ce qu'il faudrait graver sur la croix du modeste tombeau de Jules-Paul Tardivel."
-Abbé Elie-J. Auclair, Figures canadiennes, deuxième série. Editions Albert Lévesque. Montréal, 1933. Pp. 195-200.
jeudi 14 septembre 2017
Le Sacré-Coeur en Canada
Conformément à la demande de Notre-Seigneur à sainte Marguerite-Marie Alacoque, le Sacré-Cœur trône majestueusement au milieu de notre drapeau national. |
Ce Labarum, il flottait, par un
privilège tout spécial, sur le ciel du Canada, dès les premières
années de notre colonie. De toutes les dévotions qu'on retrouve au
berceau de la Nouvelle-France, celle qui a pour objet le Coeur de
Jésus, compte parmi les plus solides et les plus populaires.
Quelques apôtres, envoyés par la
Providence sur nos rives, s'étaient appliqués à la faire fleurir.
Au premier rang, la Thérèse du Nouveau-Monde, Marie de
l'Incarnation. Favorisée, bien avant l'humble Visitandine de Paray,
des faveurs du Sacré Cœur, elle s'emploie ardemment à propager son
culte. Puis, c'est le premier évêque de Québec, l'ami du vénérable
Jean Eudes, Mgr de Montmorency-Laval; c'est la pieuse Hospitalière,
Catherine de Saint-Augustin; ce sont les missionnaires et les martyrs
de l'époque: Lejeune, Ragueneau, Brébeuf, Lalemant. Une note
trouvée parmi les papiers de ce dernier, après sa mort, nous révèle
les motifs qui l'avaient poussé à demander les missions
canadiennes. Avant tout, c'est le « contentement », qu'il veut
donner au « Cœur sacré de Jésus-Christ », de « faire adorer son
nom et étendre son royaume ».
Sous l'impulsion de ces apôtres, la
dévotion au Sacré Cœur s'introduit dans les familles. Plutôt
privée, confinée au foyer durant le XVIIe siècle, elle s'étend et
devient culte public dès le début du XVIIIe .
En 1716, une pieuse confrérie est
fondée sous le nom d'Association du Sacré Cœur. Elle a son centre
dans la petite chapelle du monastère des Ursulines. Le registre où
s'inscrivent les noms des associés contient ceux de l'évêque, Mgr
de Saint-Vallier, des membres du clergé séculier et régulier, des
familles les plus distinguées du pays. Et chacun tient à prouver,
par des actes, que son adhésion n'est pas un vain geste.
C'est ainsi que « chaque fête, écrit
l'abbé Lindsay, avait un nombre choisi d'adorateurs. Dès le jour de
l'an, arrivait au pied de l'autel Pierre de la Vérandrye, avec sa
femme Anne-Louise Daudonneur du Sablé. A Pâques, venait à son tour
le chevalier de Repentigny; à la Fête-Dieu, M. Thomas-Jacques
Taschereau; le jour des Morts, M. de Rigaud, marquis de Vaudreuil; le
jour de l'Immaculée Conception, M .Daniel Liénard de Beaujeu; le
jour de Noël, M. Joseph-Henri de la Gorgendière. Quant à Mme Denys
de la Ronde, ayant sans doute plus de loisir que son mari, elle
s'engageait pour honorer le Sacré Cœur, à faire une heure
d'adoration tous les premiers vendredis du mois. Souvent encore les
mères venaient en compagnie de leurs filles: Mme Charlotte de
Ramesay, avec ses filles Marguerite, Charlotte et Louise; Mme de
Longueuil et ses trois filles, la baronne de Bécancour et ses
enfants. Les jeunes filles formaient aussi des groupes choisis;
Thérèse Hertel de Rouville, Thérèse Duchesnay, Thérèse de
Beaujeu et Thérèse Hertel de la Fresnière consacraient à honorer
le Sacré Cœur le jour de leur patronne sainte Thérèse. »
Accroissement de la dévotion
Le père Victor Lelièvre, ardent prédicateur du Sacré-Cœur. |
En 1873, ce sont les évêques, qui,
assemblés en concile, invitent les populations à se consacrer au
Cœur du divin Maître. Leur mandement collectif détermine un magnifique mouvement.
Cœur du divin Maître. Leur mandement collectif détermine un magnifique mouvement.
En 1886, c'est un pieux religieux
jésuite, le P. Jean-Baptiste Nolin, qui entreprend par tout le
Canada une véritable croisade. Sa parole originale et ardente
enrôle, en moins de trois ans, 166 348 fidèles dans l'Apostolat de
la Prière. Fort de ce premier succès, il lance, en 1889, le projet
de la consécration des familles au Sacré Cœur: 41 000 lui
répondent. Les signatures de leurs chefs respectifs, inscrites dans
un livre d'or, sont envoyées à Toulouse et de là à
Paray-le-Monial.
Dès lors le culte cher à nos pères
ne fait que se développer et s'organiser. Il a bientôt ses
confréries, ses ligues, ses organes, il a ses apôtres et ses chefs
de groupe, il a ses manifestations et ses victoires.
Depuis quinze à vingt ans
principalement — tout observateur attentif de notre vie religieuse
a pu le constater — il pénètre dans les différents domaines où
se meut notre existence, il les assainit et les vivifie.
Aucun ne lui échappe. C'est d'abord le
foyer. Le Cœur de Jésus en devient le Protecteur officiel, le
Maître, le Roi unanimement reconnu. Son image est mise à une place
d'honneur ordinairement à l'entrée de la maison, au-dessus de la
porte. Souvent aussi une statue orne l'une des pièces intérieures.
C'est à ses pieds que la famille se réunit pour la prière du soir.
En même temps qu'au foyer, le Sacré
Cœur règne à l'école. Quelle maison d'éducation, quelle classe
même ne lui rend pas un culte spécial ? Le matin, les élèves lui
consacrent ensemble leur journée, puis, d'heure en heure, ils lui
offrent leurs différentes actions: messe, communion, chapelet,
travaux, actes de charité, lecture de piété, mortifications,
visites au saint Sacrement, oeuvres de zèle, souffrances,
récréations, victoires sur leurs défauts; ils les marquent
assidûment sur une feuille qu'ils déposent, à la fin du mois, dans
une corbeille: c'est la pratique salutaire du Trésor du Cœur de
Jésus. Elle tient l'âme unie intimement à Notre-Seigneur, fidèle
à ses devoirs de chaque instant.
Culte social et national
De la famille et de l'école, la
dévotion au Sacré Cœur a pénétré dans l'usine, l'atelier, le
magasin. Elle a débordé naturellement de la vie privée dans la vie
professionnelle. Ce furent d'abord quelques cas isolés. Nous
connaissons un industriel, ancien ministre fédéral et ancien maire
de Montréal qui, en 1901, consacrait solennellement sa manufacture
au Sacré Cœur et y installait sa statue. Le mouvement, cependant,
ne commença à se généraliser qu'en 1905. Un apôtre au cœur de
feu, le P. Lelièvre, oblat de Marie-Immaculée, en fut l'initiateur.
Il visita, cette année-là, comme prélude de son action, vingt-huit
manufactures, et gagna à sa cause huit cents ouvriers, premières
recrues du magnifique bataillon chrétien que tout le Canada connaît
maintenant sous le nom d'ouvriers du Sacré Cœur. Enrôlés sous la
bannière du divin Maître, ils ne voulurent plus travailler que sous
son regard protecteur. Et c'est ainsi que sa statue fut mise à une
place d'honneur dans un grand nombre d'usines et d'ateliers.
D'autres paroisses suivirent l'exemple
de Saint-Sauveur. Le geste plût à des hommes qui n'y étaient pas
d'abord disposés, quand ils connurent son heureuse influence sur les
travailleurs. Des protestants mêmes le favorisèrent dans leurs
usines. Ils ne se comptent plus actuellement, à Québec, à
Montréal, aux Trois-Rivières, à Chicoutimi, à Lévis, dans tous
les centres industriels de la province, les établissements où le
Sacré Cœur est publiquement honoré.
Comme son culte avait passé
naturellement de la vie de famille à la vie professionnelle, ainsi
passa-t-il de celle-ci à notre vie sociale et nationale. Que
d'actes, depuis quelques années, témoignent de cette pénétration
profonde et sûre. C'est le mouvement en faveur du drapeau Carillon
Sacré-Cœur; c'est la consécration à ce Cœur divin de plusieurs
associations, parmi les plus représentatives de la race et d'un
grand nombre de villages et de villes, fiers de se donner à lui par
la voix de leurs chefs civils, et d'élever en son honneur, sur une
de leurs places principales, un superbe monument.
On dirait vraiment que le culte du
Sacré Cœur a presque atteint chez nous son apogée. Il est bon,
cependant, quand une occasion nous y invite, de revenir sur telle ou
telle étape d'un chemin victorieusement parcouru, afin d'élargir et
de fortifier les bases que nous y avons établies. Ainsi l'exige la
stratégie spirituelle aussi bien que la stratégie militaire.
Cette occasion, des événements
extérieurs nous la fournissent actuellement. Notre devoir est d'en
profiter.
Reprenons donc la mentalité et les
traditions de nos aïeux, des constructeurs de notre nationalité.
Considérons-nous d'autant plus tenus à servir Dieu que notre
position est élevée et notre influence étendue. Quelques familles
le comprendront d'instinct. Puisse leur empressement à se consacrer
au Sacré Cœur entraîner les autres, et assurer ainsi le règne
social de Notre-Seigneur Jésus-Christ en terre canadienne!
mardi 12 septembre 2017
dimanche 10 septembre 2017
Formation doctrinale - Les voies de la réduction ou la manœuvre révolutionnaire
Conférence de monsieur l'abbé Nicolas Pinaud sur l'article "Les voies de la réduction" (1981), extrait du Bulletin de l'Occident chrétien, exposant la manœuvre révolutionnaire. Conférence enregistrée dans le cadre des Journées de formation de Tradition Québec (9 septembre 2017).
Pour plus de détails, lisez le livre "Groupes réducteurs et noyaux dirigeants" d'Adrien Loubier.
Pour plus de détails, lisez le livre "Groupes réducteurs et noyaux dirigeants" d'Adrien Loubier.
jeudi 7 septembre 2017
mercredi 6 septembre 2017
L'évolution du parti Libéral au Canada Français
L'origine lointaine de nos partis politiques remonte aux années qui ont précédé la Révolution de 1837.
Louis-Joseph Papineau
Dans les grandes assemblées qui entretenaient l'agitation, Papineau et ses amis prononçaient des discours républicains et antibritanniques. Dans les "associations de la Réforme", les doctrinaires du mouvement reconnaissant le peuple comme source unique d'autorité, et sapaient l'influence du clergé. Les Fils de la Liberté publièrent un manifeste révolutionnaire, souhaitant émanciper le Canada "de toute autorité humaine, si ce n'est celle de la démocratie".
Le clergé et les esprits modérés contre-carraient ces tendances. La Minerve de Montréal et le Libéral de Québec, organes du mouvement réformiste, décrétèrent les modérés de trahison et déchiquetèrent les mandements des évêques.
Les partisans de Papineau organisèrent les prises d'armes de 1837 et de 1838. Ils ne réussirent qu'à provoquer une répression assez dure. Les chefs de l'insurrection se réfugièrent aux États-Unis [NDLR: au comble, Papineau s'exila sous les traits d'une femme], et vécurent en exil jusqu'à l'amnistie.
Au Canada, l'orage passé, les esprits s'apaisèrent. L'amnistie est proclamée. La plupart des exilés rentrent mûris par l'épreuve. Ces exilés - entre autres, Ludger Duvernay et Georges-Etienne Cartier - se repprochent de leurs anciens adversaires modérés, et renoncent à l'anticléricalisme. Les épouses des révolutionnaires se 1837 se disputent, en 1845, l'honneur de faire la quête à la grand'messe du 24 juin. La Minerve recommande le progrès dans l'ordre, le respect de l'autorité. Le peuple canadien-français, presque à l'unanimité, suit ces conseils.
Mais Papineau n'est pas rentré en même temps que les autres exilés. Papineau séjourne à Paris pendant huit ans. Dans l'histoire européenne, dans l'histoire de France en particulier, ce séjour de Papineau se situe en pleine effervescence entre la Révolution de 1830 et celle de 1848. Papineau fréquente tous les libéraux en vue. Il se lie avec le chansonnier Béranger, et visite Lamennais, emprisonné pour la publication d'un pamphlet révolutionnaire. Il a des entrevues avec les socialistes Louis Blanc et Pierre Leroux. Il rencontre des réformistes d'Angleterre, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne.
Dans ce milieu, Papineau accentue ses idées avancées. Quand il revient au Canada, en 1845, il a, sur plusieurs points, adopté les idées radicales de ces amis français. Ses anciens lieutenants - Denis-Benjamin Viger, Louis-Hippolyte Lafontaine, Augustin-Norbert Morin, Ludger Duvernay, Georges-Etienne Cartier - ont au contraire évolué vers la conciliation.
Papineau, après huit ans d'éloignement, n'est plus à l'unisson du peuple. Il devient, toutefois, l'idole d'un groupe de jeunes libéraux à tendances radicales. Ces jeunes gens fondent un journal, qu'ils appellent L'Avenir, en souvenir de l'éphémère journal de Lamennais. Le groupe de L'Avenir comprend Antoine-Aimé Dorion et ses frères, Joseph Doutre, Rodolphe Laflamme, Louis-Antoine Dessaulles, Jean-Baptiste Daoust, tous plus ou moins marqués d'anticléricalisme. Ces disciples de Papineau reprennent les théories des anciennes "associations de la Réforme". Ils préconisent l'indépendance du Canada, voire l'annexion aux États-Unis. Ils fondent l'Institut Canadien, qui entre bientôt en conflit avec Mgr Bourget. Ce groupe de l'Institut Canadien est le noyau du parti libéral.
-Robert Rumilly, Pages d'histoire politique. Ligue de l'autonomie des provinces. P. 23.
Louis-Joseph Papineau
Louis-Joseph Papineau |
Dans les grandes assemblées qui entretenaient l'agitation, Papineau et ses amis prononçaient des discours républicains et antibritanniques. Dans les "associations de la Réforme", les doctrinaires du mouvement reconnaissant le peuple comme source unique d'autorité, et sapaient l'influence du clergé. Les Fils de la Liberté publièrent un manifeste révolutionnaire, souhaitant émanciper le Canada "de toute autorité humaine, si ce n'est celle de la démocratie".
Le clergé et les esprits modérés contre-carraient ces tendances. La Minerve de Montréal et le Libéral de Québec, organes du mouvement réformiste, décrétèrent les modérés de trahison et déchiquetèrent les mandements des évêques.
Les partisans de Papineau organisèrent les prises d'armes de 1837 et de 1838. Ils ne réussirent qu'à provoquer une répression assez dure. Les chefs de l'insurrection se réfugièrent aux États-Unis [NDLR: au comble, Papineau s'exila sous les traits d'une femme], et vécurent en exil jusqu'à l'amnistie.
Au Canada, l'orage passé, les esprits s'apaisèrent. L'amnistie est proclamée. La plupart des exilés rentrent mûris par l'épreuve. Ces exilés - entre autres, Ludger Duvernay et Georges-Etienne Cartier - se repprochent de leurs anciens adversaires modérés, et renoncent à l'anticléricalisme. Les épouses des révolutionnaires se 1837 se disputent, en 1845, l'honneur de faire la quête à la grand'messe du 24 juin. La Minerve recommande le progrès dans l'ordre, le respect de l'autorité. Le peuple canadien-français, presque à l'unanimité, suit ces conseils.
Mais Papineau n'est pas rentré en même temps que les autres exilés. Papineau séjourne à Paris pendant huit ans. Dans l'histoire européenne, dans l'histoire de France en particulier, ce séjour de Papineau se situe en pleine effervescence entre la Révolution de 1830 et celle de 1848. Papineau fréquente tous les libéraux en vue. Il se lie avec le chansonnier Béranger, et visite Lamennais, emprisonné pour la publication d'un pamphlet révolutionnaire. Il a des entrevues avec les socialistes Louis Blanc et Pierre Leroux. Il rencontre des réformistes d'Angleterre, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne.
Dans ce milieu, Papineau accentue ses idées avancées. Quand il revient au Canada, en 1845, il a, sur plusieurs points, adopté les idées radicales de ces amis français. Ses anciens lieutenants - Denis-Benjamin Viger, Louis-Hippolyte Lafontaine, Augustin-Norbert Morin, Ludger Duvernay, Georges-Etienne Cartier - ont au contraire évolué vers la conciliation.
Papineau, après huit ans d'éloignement, n'est plus à l'unisson du peuple. Il devient, toutefois, l'idole d'un groupe de jeunes libéraux à tendances radicales. Ces jeunes gens fondent un journal, qu'ils appellent L'Avenir, en souvenir de l'éphémère journal de Lamennais. Le groupe de L'Avenir comprend Antoine-Aimé Dorion et ses frères, Joseph Doutre, Rodolphe Laflamme, Louis-Antoine Dessaulles, Jean-Baptiste Daoust, tous plus ou moins marqués d'anticléricalisme. Ces disciples de Papineau reprennent les théories des anciennes "associations de la Réforme". Ils préconisent l'indépendance du Canada, voire l'annexion aux États-Unis. Ils fondent l'Institut Canadien, qui entre bientôt en conflit avec Mgr Bourget. Ce groupe de l'Institut Canadien est le noyau du parti libéral.
-Robert Rumilly, Pages d'histoire politique. Ligue de l'autonomie des provinces. P. 23.
lundi 4 septembre 2017
Messe catholique à Drummondville
Tradition Québec vous invite à une messe catholique dimanche le 17 septembre 2017.
Horaire :
9h - Confessions (notez qu'il y aura aussi possibilité de se confesser durant la messe)
10h - Messe chantée du 15ème dimanche après la Pentecôte
12h - Repas tiré du sac, avec la présence des abbés Pinaud et Roy.
Lieu :
Érablière La pente douce
1549 route 122
Notre-Dame-du-bon-Conseil
J0C 1A0
Au plaisir de vous y voir nombreux !
Faites pénitence!
Dom Léonce Crenier (1888-1963) Abbé du monastère bénédictin de Saint-Benoit-du-Lac. |
Tel était le cri de
saint Jean-Baptiste au désert;
Telle fut la première
prédication de Notre-Seigneur;
Tel a toujours été
l'avertissement que les Saints ont jeté au monde;
Tel est enfin l'appel
que la Très Sainte Vierge, dans ses diverses apparitions depuis cent
ans, nous adresse...
Or, on ne fait point
pénitence.
On n'en voit pas la
nécessité.
Tout le monde semble
croire qu'il suffit, pour purifier son cœur et se rendre tout-à-fait
agréable à Dieu, de se confesser et d'accomplir la pénitence reçue
à cette occasion.
Et non seulement on ne
fait point pénitence, mais encore on recherche immodérément les
plaisirs sensibles; on ne semble vivre que pour cela.
Il arrive même que
l'on veuille ériger cette conduite en doctrine, et que l'on appelle
« Rigorisme » ce qui n'est en réalité que le minimum de
la pénitence chrétienne.
C'est là un grand mal.
Si, en effet, le rigorisme est condamnable – et il l'est – la
vraie pénitence est louable et nécessaire.
Il y a dans la
spiritualité de nombreux catholiques d'aujourd'hui quelques grandes
lacunes, et l'oubli de la pénitence en est une. La Sainte Vierge
nous l'a redit en vain. Nous voudrions, dans
ces quelques pages, rappeler l'enseignement de la tradition
catholique sur la nécessité de la pénitence et les normes d'après
lesquelles doit se régler la pratique de cette vertu, qui étant
d'ordre moral, consiste en un milieu, placé entre un excès et un
défaut.
Trop de mortification,
c'est le rigorisme.
Trop peu de
mortification, c'est le laxisme.
Au milieu, entre cet
excès et ce défaut, se place la vertu chrétienne de pénitence. Là
est tracée la voie étroite qui est le seul chemin pour aller au
ciel.
La mortification est la
répression des tendances déréglées de notre volonté et de notre
sensibilité, en vue de soumettre parfaitement à Dieu ces deux
facultés.
Comme nous le verrons,
pour obtenir cette soumission parfaite, il est souvent nécessaire de
réfréner en nous des tendances qui ne sont point déréglées.
Et pourquoi cette
répression?
1- Parce que nos
tendances, désordonnées depuis le péché originel, nous poussent à
milles choses défendues et mauvaises.
Or, pour redresser un
jeune arbre, il ne suffit pas de le ramener à la verticale : il
faut le courber dans le sens opposé à celui où il penche.
De même, il nous faut
parfois retrancher ce qui est permis pour pouvoir extirper ce qui est
déréglé.
Comme le dit saint
Thomas (De Malo, Q. 4, a. 2.) : « Le grand lien spirituel
qui contenait merveilleusement toute notre nature étant rompu, sans
être proprement disposés à rien, nous sommes exposés à tout,
comme un vin généreux qui s'écoule en tout sens, ou comme une
fougueuse monture qui n'est plus gouvernable. »
Et c'est d'abord ce
déréglement qu'il faut combattre; on oublie de le faire; on semble
ignorer qu'il faut le faire.
2- Parce que nos péchés
personnels nous obligent à la pénitence, et pas seulement à la
pénitence sacramentelle, dont on ne saurait se contenter. Aussi, le
Concile de Trente (Session XIVe, chapitre VIIIe) nous conseille-t-il
trois sortes d'oeuvres satisfactoires :
a) Les peines par nous
spontanéement recherchées pour réparer le péché;
b) Les peines imposées par le prêtre
en proportion de la faute;
c) Enfin (et ceci est la plus grande
preuvre d'amour) les épreuves temporelles infligées par Dieu et
patiemment supportées par nous.
3- Parce que ces péchés
personnels ont encore accentué les mauvais plis laissés en nous par
le péché originel. Cette conséquence vient s'ajouter à la
culpabilité que nous avons encourie en commettant ces fautes, et
vient rendre plus ardu, plus laborieux, le redressement auquel nous
devons travailler.
4- Le quatrième motif
qui nous oblige à la mortification, dit M. Olier, c'est la
sainteté, qui nous doit tenir unis à Dieu et détachés de toute
créature.
Le bonheur divin qui
nous est destiné, dès ici-bas, exige un renoncement aux jouissances
inférieures, dans lesquelles notre sensibilité pourrait s'arrêter.
Nous devons considérer
la hauteur du but à atteindre. Un chrétien doit, dit
Notre-Seigneur, s'efforcer d'être parfait comme le Père céleste
est parfait.
Il ne s'agit donc pas
simplement de mener une vie qui soit raisonnable à nos propres yeux;
il faut tâcher de mener une vie divine, d'être, comme nous y
exhorte saint Paul, les imitateurs de Dieu.
Il faut donc toujours
tendre à ce que nous conseille saint Paul : « Si vous
êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d'en-haut,
et non celles de la terre. »
La hauteur de l'idéal
surnaturel qui nous est proposé demande si nous voulons y tendre que
soit exclus de notre vie ce qui, sans être mauvais, détournerait de
Dieu notre regard et notre activité.
5- Par esprit de
religion et de sacrifice, dit M. Olier, nous devons mortifier tous
nos appétits propres.
6- Par amour du
prochain, c'est-à-dire pour les délivrance des âmes du purgatoire
et le salut des pécheurs.
Membres du Christ, nous
devons collaborer à son œuvre de rédemption, à l'exemple de saint
Paul, qui disait : « Je suis plein de joie dans mes
souffrances pour vous, et ce qui manque aux souffrances du Christ en
ma propre chair, je l'achève pour son corps, qui est l'Eglise. »
Quand nous réparons
pour nos propres péchés, c'est la vertu de pénitence. La
réparation pour les autres est charité envers le prochain.
7- Par amour pour le
Christ. N'est-ce pas à ce motif que pensait saint Paul lorsqu'il
écrivait que « ceux qui sont au Christ ont crucifié leur
chair avec ses vices et ses convoitises »? et lorsqu'il disait
aux Philippiens : « Pour son amour, j'ai voulu tout
perdre, regardant toutes choses comme de la balayure, afin de gagner
le Christ et d'être trouvé en lui... afin de le connaître, lui et
la vertu de sa résurrection, d'être admis à la communion de ses
souffrances, en lui devenant conformes dans sa mort, pour parvenir,
si je le puis, à la résurrection des morts. »
8- L'ascèse, et en
particulier le jeûne, sont utiles à la santé du corps, et bien que
ce motif soit naturel, nous pouvons le sanctifier par l'intention.
9 – La lutte contre
le démon. Il y a, nous dit Notre-Seigneur, des démons qui ne sont
chassés que par le jeûne et par la prière.
Notre lutte principale
est contre les démons qui sont autour de nous, comme l'Eglise nous
le rappelle tous les jours à Complies, et comme nous le dit si
fortement l'Epître du 21e dimanche après la Pentecôte.
Or, les démons se
combattent par le jeûne, la prière et la mortification en général.
Le tabernacle de Satan. |
10- Le fait de vivre
dans un temps où revit le paganisme, et à côté d'une grande
nation aux trois-quarts païenne nous invite à pratiquer une ascèse
encore plus assidue.
L'existence de ce
néo-paganisme a été constatée en termes très attristés par Pie
XI et son successeur Pie XII. Le Pape s'exprimait ainsi le 8 février
1932, dans un discours : « … On marche donc par les
voies d'un paganisme nouveau et qui matérialise la vie tout entière.
Beaucoup pensent que le gain est tout, que le gain doit être rapide,
afin qu'on puisse jouir de la vie, s'amuser, dominer, prévaloir. Le
paganisme rentre dans la vie publique, dans la vie privée, dans la
vie familiale, par suite d'un abandon de plus en plus commun des
principes de modération, de retenue, d'abnégation, de respect de
soi-même, de respect des autres et de toute chose respectable. »
Et l'on se rappelle les
fortes paroles de Son Eminence le Cardinal Villeneuve, aux
Trois-Rivières, en août dernier :
« … Je voudrais
oublier le règne de la chair, les crimes secrets des époux, les
libertés criminelles de la jeunesse, les audaces, les recherches,
les passions, les faiblesses, les suggestions, les regards, les
pensées, les sollicitations, les scandales qui jettent la génération
nouvelle dans la luxure la plus effrénée, et dans des mœurs que
Sodome, Babylone, Rome et Athènes, et tous les siècles païens
n'ont peut-être pas dépassés... »
N'est-il pas évident
que ce mal appelle une réaction d'austérité chrétienne?
Le début du 17e siècle
voyait fleurir un paganisme pareil à celui d'aujourd'hui. C'est
alors que se produisit la réaction des Saints, magnifiquement
décrite pas Brémond comme une « invasion mystique ».
C'est le temps de
Bérulle et de son Ecole, où brilla bientôt M. Olier, qui devait
fonder la Compagnie de Saint-Sulpice, admirable dans tous les temps
par son austérité chrétienne, qui en a fait le modèle de la
perfection sacerdotale.
C'était alors aussi
que surgissait cette magnifique pléiade de saints personnages qui
devaient fonder le Canada et lui donner cette impulsion de vie
chrétienne qui dure encore et continue de faire l'admiration des
étrangers.
La réaction de
sainteté du début du 17e siècle s'impose aujourd'hui pour les
mêmes raisons.
On consultera, pour
plus de détails :
Les œuvres de Cassien,
toujours actuelles.
Les œuvres de saint
Jean de la Croix, surtout la Montée du Carmel et la Nuit
obscure, précieux ouvrages propres à dissiper toutes les
illusions.
Les œuvres de M.
Olier, et en particulier son Introduction à la vie et aux Vertus
chrétiennes.
L'introduction à la
Vie dévote, de saint François de Sales.
Les œuvres de
Rodriguez (Perfection chrétienne).
Celles de saint Jure
(L'homme spitituel).
Celles de saint
Alphonse de Liguori (Dignité et devoirs du Prêtre, etc.).
Le précis de
théologie ascétique et mystique, de Tanquerey
-Dom Léonce Crenier, O.S.B., Le juste milieu de la pénitence. Saint-Benoit-du-Lac. 1944.