entièrement à nos désirs.
Serions-nous dans l’état le plus élevé, le plus saint, si nous tenons à nos idées, à nos caprices, enfin à notre volonté, nous sommes exposés à tomber et les grâces que Dieu nous aurait faites ne seraient pas une raison pour nous rassurer : un seul exemple suffira pour nous en convaincre.
Quelles prédications plus éloquentes, plus persuasives, plus puissantes, que celles de Jésus ! Judas les a entendues en public, en particulier, aux champs, à la ville, dans le temple, dans les synagogues, dans les maisons, au milieu des rues ; il fut témoin des miracles de Jésus, il fut sous sa conduite, il faisait ses entretiens avec Jésus, avec Marie et les apôtres. Quel exemples de vertus plus rares, plus admirables, plus héroïques que celles de Jésus, de Marie et des disciples ! Il a été l’économe du sacré collège, il s’est prosterné aux pieds de son Maître ; il les a lavés, essuyés, il l’a appelé son ami ; enfin, au milieu de tant de grâces, pourquoi Judas s’est-il perdu ? C’est qu’il a voulu faire sa volonté ; il n’écoute point les remords de sa conscience, ni les invitations tendres et paternelles de Jésus, il n’imita point les exemples des apôtres ; s’il avait renoncé à sa volonté pour celle de son Sauveur, il serait dans le ciel, tandis qu’il est dans les enfers.
Que de chrétiens, opiniâtres dans leur sentiment, seront punis comme Judas ! Quand ils auraient la perfection de tous les saints et les anges, ils sont sur les bords de l’abîme, dès qu’ils ne veulent pas faire la volonté de Dieu ; et dans ce cas se trouvent tant de scrupuleux qui aiment mieux suivre leurs idées orgueilleuses que celles du confesseur qui tient la place de Dieu, ils ne reconnaissent d’autre volonté que leur imagination perdue, en qui ils font consister toute leur religion ; tant d’incrédules qui préfèrent leur sentiment à celui de l’Eglise qui ne peut pas tomber dans l’erreur ; tant d’impies qui se soulèvent sans cesse contre les pratiques saintes de la religion.
Quoi, malheureux ! vous osez dire dans votre Pater : Fiat voluntas tua, que votre volonté soit faite, ô mon Dieu ! Dites plutôt: Que la nôtre soit faite, que tout ce qui contrarie nos passions, nos penchants, ne soit pas; que Dieu nous laisse vivre à notre liberté, qu’il ne nous oblige point à faire pénitence, à nous confesser. Voilà notre volonté, et non celle de Dieu; c’est la seule cause pour laquelle nous voyons tant d’impies et d’incrédules.
-Un prêtre du diocèse de Valence. Traité sur le Pater. Chapitre VI – Troisième demande du Pater Fiat, voluntas tua sicut in coelo et in terra. Lyon: Guyot père et fils, imprimeurs-libraires, 1845. Pages 114-116.