Pourquoi les catholiques jeûnent-ils avant de recevoir la communion ?
Les catholiques ne mangent ni ne boivent rien après minuit avant de recevoir la communion par respect pour le Seigneur. « Il a semblé bon au Saint-Esprit, dit saint Augustin, qu'en honneur d'un si grand sacrement, le corps du Seigneur passât sur les lèvres chrétiennes avant toute autre nourriture: pour cette raison cette coutume s'observe dans tout le monde. » Tertullien mentionne le jeûne eucharistique vers l'an 200. Le troisième concile de Carthage décréta en 397 le jeûne eucharistique et ne permit qu'une exception pour le jeudi-saint, alors qu'en honneur de l'institution de l'eucharistie la messe était célébrée le soir. Le second concile de Braga en 572 ordonna la déposition des prêtres qui célébreraient la messe sans être à jeun.
La loi actuelle exige que les catholiques soient à jeun depuis minuit, excepté s'ils sont en danger de mort, ou doivent recevoir la communion pour empêcher une irrévérence envers le saint sacrement, comme cela pourrait arriver dans une église en feu ou dans un danger de profanation. Le 7 décembre 1906, saint Pie X exempta de cette obligation les malades au lit depuis un mois sans espoir de rétablissement. Ils peuvent recevoir la communion une ou deux fois par semaine sur l'avis de leur confesseur.
Le droit canon
Le code de droit canonique de 1917 nous dit:
1250 - La loi de l'abstinence défend de manger de la viande et du jus de viande, mais non pas des oeufs, des laitages et de tous les condiments tirés de la graisse des animaux
1251 - p.1 La loi du jeûne prescrit qu'il ne soit fait qu'un repas par jour; mais elle ne défend pas de prendre un peu de nourriture matin et soir, en observant toutefois la coutume approuvée des lieux, relativement à la quantité et à la qualité des aliments.
1252 - p.1 Il y a des jours où seule l'abstinence est prescrite: ce sont les vendredis de chaque semaine.
p.2 Il y a des jours où sont prescrits à la fois le jeûne et l'abstinence: ce sont le mercredi des Cendres, les vendredis et samedis de carême, les jours des Quatre-Temps ;Les vigiles de la Pentecôte, de l'Assomption, de la Toussaint et de Noël.
p.3 Il y a enfin des jours où seul le jeûne est prescrit; ce sont tous les jours du Carême.
p.4 La loi de l'abstinence, ou de l'abstinence et du jeûne, ou du jeûne seul, cesse les dimanches et les fêtes de précepte, exceptées les fêtes qui tombent en Carême et on n'anticipe pas les vigiles; cette loi cesse aussi le Samedi Saint à partir de midi.
La constitution Christus Dominus (1953) de Pie XII
9. Il est permis aux fidèles eux-mêmes qui, non alités ne peuvent observer le jeûne eucharistique sans grand inconvénient, de s'approcher de la Sainte Table après avoir pris quelque chose sous forme de liquide, jusqu'à une heure avant la Sainte Communion, sauf toujours les boissons alcoolisées.
10. Les cas où le grave inconvénient requis est reconnu (toute amplification étant exclue) sont spécifiés en trois catégories :
a) le travail débilitant qui précède la Sainte Communion.
Tel est le cas des ouvriers employés dans les ateliers, aux transports, aux travaux des ports ou d'autres services publics, se relayant au travail de jour et de nuit ; ceux qui par devoir de fonction ou de charité passent la nuit à veiller (infirmiers, personnel des hôpitaux, gardiens de nuit, etc.), les femmes enceintes et les mères de famille qui, avant de pouvoir se rendre à l'église, doivent Vaquer pendant longtemps aux travaux du ménage, etc.
b) l'heure tardive à laquelle on communie. C'est le cas des fidèles près desquels le prêtre célébrant le sacrifice eucharistique
ne peut arriver qu'à une heure tardive ; des enfants pour lesquels il est trop pénible de se rendre à l'église pour communier, puis rentrer à la maison pour déjeuner avant d'aller en classe, etc.
c) la longueur de la route à parcourir pour se rendre à l'église.
Il doit s'agir d'au moins deux kilomètres de route à parcourir à pied ou proportionnellement plus longue, si on emploie quelque moyen de locomotion, en tenant compte des difficultés de la route et des conditions de santé de la personne 5.
11. Les raisons d'inconvénient grave doivent être prudemment appréciées par un confesseur soit au for interne de la confession sacramentelle, soit en dehors de la confession ; les fidèles ne peuvent, sans son conseil, faire la sainte Communion sans être à jeun. Ce conseil peut n'être donné qu'une fois pour toutes, tant que dure la cause de l'inconvénient grave
Le Motu proprio Sacram communionem (1957) de Pie XII
« Nous atténuions, en effet, la rigueur de la loi du jeûne eucharistique et autorisions les ordinaires des lieux à permettre la célébration de la messe et la distribution de la sainte communion, l'après-midi, à condition d'observer certaines conditions.
Nous réduisons le temps de jeûne à observer avant la messe ou la sainte communion, respectivement célébrée ou reçue l'après-midi, à trois heures pour les aliments solides et à une heure pour les liquides non alcoolisés. »
Etant donné les changements considérables qui se sont produits dans l'organisation du travail et des services publics et dans toute la vie sociale, Nous avons jugé bon d'accueillir les demandes pressantes des évêques et, en conséquence, Nous avons décrété :
1. Les ordinaires des lieux, à l'exclusion des vicaires généraux non munis d'un mandat spécial, peuvent permettre, chaque jour, la célébration de la sainte messe durant les heures de l'après-midi, à condition que ce soit réclamé par le bien spirituel d'une partie notable des fidèles.
2. Les prêtres et les fidèles sont tenus à s'abstenir, pendant trois heures, d'aliments solides et de boissons alcoolisées, pendant une heure de boissons non alcoolisées, respectivement avant la messe ou la sainte communion : l'eau ne rompt pas le jeûne.
3. Dorénavant, le jeûne devra aussi être observé, pour la durée indiquée au n° 2, par ceux qui célèbrent ou qui reçoivent la sainte communion à minuit ou les premières heures du jour.
4. Les malades, même s'ils ne sont pas alités, peuvent prendre des boissons non alcoolisées et de véritables remèdes, aussi bien solides que liquides, respectivement avant la messe ou la sainte communion, sans limites de temps.
Mais Nous exhortons vivement les prêtres et les fidèles, qui sont en mesure de le faire, d'observer, avant la messe ou la sainte communion, l'antique et vénérable forme du jeûne eucharistique.
Et que tous ceux qui bénéficieront de ces facultés veuillent compenser l'avantage reçu, par l'exemple rayonnant de leur vie chrétienne et principalement par des œuvres de pénitence et de charité.