Il est important que le militant catholique comprenne que dès qu'il utilise ou fait la promotion de ces moyens de "propagande", des questions morales importantes entrent en ligne de compte.
L'Eglise a déjà donné ses recommandations sur le bon usage des technologies de diffusion émergentes.
Nous publions ici un extrait sélectionné de l'encyclique Miranda Prorsus (8 septembre 1957) du pape Pie XII sur les médias.
Bonne lecture.
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LA DIFFUSION DU BIEN
Dieu, Bien Suprême, accorde incessamment ses dons aux hommes, qu'il entoure d'une sollicitude particulière; parmi ces bienfaits, les uns s'adressent à l'âme, d'autres concernent la vie terrestre et sont subordonnés aux autres, comme le corps doit être soumis à l'âme, à laquelle, avant de se communiquer Lui-même dans la vision béatifique, Il se communique dans la foi et dans la charité qui « est répandue dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné ».
Désireux de retrouver en l'homme le reflet de ses propres perfections, Dieu l'a associé à son œuvre de donation des valeurs spirituelles en l'appelant à en être porteur et dispensateur, pour le perfectionnement des individus et de la société. En vertu de sa nature même, l'homme depuis les origines a appris à communiquer ses biens spirituels aux autres au moyen de signes trouvés dans les choses matérielles et qu'il s'est efforcé d'amener à une perfection toujours plus grande. Depuis les desseins et les écrits des temps les plus reculés jusqu'aux techniques actuelles, tous les instruments qui servent à établir des relations entre les hommes doivent tendre à ce but élevé que ces derniers y soient en quelque sorte les ministres de Dieu.
Et afin que la réalisation du plan divin à travers l'homme fût plus sûre et plus efficace, par Notre Autorité Apostolique, Nous avons déclaré l'Archange Saint Gabriel « qui a porté au genre humain ... l'annonce tant désirée de la Rédemption, Patron céleste » du télégraphe, du téléphone, de la radio et de la télévision. Nous entendions ainsi attirer sur la noblesse de leur vocation l'attention de tous ceux qui ont entre leur mains les instruments bienfaisants qui permettent de répandre dans le monde les grands trésors de Dieu, comme de bonnes semences destinées à porter au centuple le fruit de la vérité et du bien et à rappeler à chacun la noblesse de la tâche qui lui est confiée.
LA DIFFUSION DU MAL
Considérant les buts si hauts et si nobles des techniques de diffusion, Nous Nous demandons souvent comment elles peuvent parfois servir aussi de véhicule au mal: "D'où vient donc la zizanie?".
Le mal moral, certes, ne peut provenir de Dieu, perfection absolue, ni des techniques elles-mêmes qui sont ses dons précieux, mais seulement de l'abus qu'en fait l'homme, doué de liberté, en perpétrant et en diffusant le mal, et en s'associant ainsi avec le prince des ténèbres et l'ennemi de Dieu: "C'est l'ennemi qui a fait cela". Aussi la vraie liberté consiste-t-elle dans l'usage et la diffusion des valeurs qui contribuent à la vertu et au perfectionnement de notre nature.
L'Eglise, dépositaire de la doctrine du salut et des moyens de sanctification, a le droit inaliénable de communiquer les richesses qui lui ont été confiées par disposition divine. A un tel droit doit correspondre le devoir des pouvoirs publics de lui rendre possible l'accès aux techniques qui lui permettront de propager la vérité et la vertu.
Les fils de l'Eglise qui sont sincères et actifs et connaissent l'inestimable don de la Rédemption doivent dans la mesure de leurs forces faire que l'Eglise puisse profiter de ces inventions et s'en servir pour la sanctification des âmes.
En affirmant les droits de l'Eglise, Nous ne voulons certes pas refuser à la société civile le droit de diffuser les nouvelles et les informations qui sont nécessaires ou utiles au bien commun de la société elle-même.
Il faudra aussi que soit assurée aux particuliers, selon l'opportunité et les circonstances, tout en sauvegardant le bien commun, la possibilité de contribuer à leur enrichissement culturel et spirituel propre et à celui des autres par le moyen de ces techniques.
LES ERREURS AU SUJET DE LA LIBERTÉ DE DIFFUSION
Mais il est contraire à la doctrine chrétienne et aux fins supérieures des techniques de diffusion de prétendre en réserver l'usage exclusif à des buts politiques et de propagande, ou de considérer une si noble chose comme une pure affaire économique.
On ne peut non plus accepter la théorie de ceux qui, malgré les ruines morales et matérielle évidentes causées dans le passé par de semblables doctrines, défendent la "liberté d'expression" non pas dans le sens véritable que Nous avons indiqué ci-dessus, mais comme la liberté de diffuser sans aucun contrôle tout ce que l'on veut, fût-ce immoral et dangereux pour les âmes.
L'Eglise, qui protège et appuie le développement de toutes les vraies valeurs spirituelles, -- aussi bien les sciences que les arts l'ont eue pour Patronne et pour Mère, -- ne peut permettre que l'on attente aux valeurs qui ordonnent l'homme vers Dieu, sa fin dernière. Personne ne doit donc s'étonner que dans cette matière qui demande, elle aussi, beaucoup de prudence, Elle prenne une attitude de vigilance, conforme à la recommandation de l'Apôtre: "Eprouvez toutes choses; retenez ce qui est bon; abstenez-vous de toute apparence de mal".
Il faut donc condamner ceux qui osent affirmer qu'une forme déterminée de diffusion peut être exploitée, mise en valeur et exaltée, même si elle manque gravement à l'ordre moral, pourvu qu'elle ait une valeur artistique et technique. "Il est vrai que l'art. -- comme Nous l'avons rappelé à l'occasion du 5 centenaire de la mort de l'Angelico -- pour être tel, ne doit pas nécessairement remplir une mission éthique ou religieuse explicite, mais si le langage artistique s'adaptait, dans ses paroles et ses cadences, à des esprits faux, vides et troubles, c'est-à-dire s'écartant du dessein du Créateur, si, au lieu d'élever l'esprit et le coeur à de nobles sentiments, il excitait les passions les plus vulgaires, il trouverait le plus souvent un accueil favorable, ne fût-ce qu'en vertu de la nouveauté, qui n'est pas toujours une valeur, et de la faible part de réel que tout langage contient; mais un tel art se dégraderait, en reniant son aspect primordial et essentiel, et il ne serait pas universel et éternel comme l'esprit humain auquel il s'adresse".
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