Il y a 792 ans, Saint François d’Assise reconstituait pour
la première fois la scène de la Nativité avec des personnages.
La naissance du Sauveur a été illustrée par les chrétiens
bien avant cette date, mais c’est le jour de Noël 1223 qui marqua la naissance
d'une tradition se rapprochant des fameuses crèches que l’on connait.
Voici deux extraits, tirés de deux différentes vies de saint François d'Assise, qui
racontent l’évènement.
***
Trois ans avant sa mort, François décida de célébrer avec le
plus de solennité possible, près de Greccio, le souvenir de la Nativité de
l’Enfant Jésus, afin d’augmenter la dévotion des habitants. Il fit préparer une
mangeoire, apporter du foin, amener un bœuf et un âne. On convoqua les
frères, la foule accourut, la forêt retentit de leurs chants, et cette nuit
vénérable revêtit splendeur et solennité, à la clarté des torches étincelantes
et au son des cantiques résonnant haut et clair.
L’homme de Dieu, debout près de la crèche et rempli de
piété, ruisselait de larmes et débordait de joie. La messe fut célébrée
sur la mangeoire comme autel et François prêcha au peuple rassemblé la
naissance du pauvre Roi qu’il nommait avec tendresse et amour l’Enfant de
Bethléem. Le seigneur Jean de Greccio, chevalier vertueux et loyal qui avait
quitté les armées des princes de la terre par amour pour le Christ, et qu’une
étroite amitié liait à l’homme de Dieu, affirma qu’il avait vu un enfant très
beau qui reposait dans la crèche qui parut s’éveiller lorsque le bienheureux
Père François le prit entre ses bras.
L’exemple de François offert au monde réveilla les âmes qui
s’endormaient dans leur foi au Christ, et le foin de la crèche, conservé par le
peuple, servit de remède pour les animaux malades et de préservatif contre
toutes sortes de pestes : Dieu glorifiait en tout son serviteur et
prouvait par des miracles évidents la puissance de ses prières et de sa
sainteté.
Extrait du livre Première vie de Saint François d’Assise de
Thomas de Celano
***
Pour le moyen âge, une fête religieuse était avant tout une représentation, plus ou moins fidèle, du
souvenir qu'elle rappelait : de là les santons de la Provence, les processions
du Palmesel, les cénacles du Jeudi saint, les chemins de croix du Vendredi
saint, le drame de la Résurrection le jour de Pâques, et les étoupes enflammées
de la Pentecôte.
François était trop italien pour ne pas aimer ces fêtes où tout ce qu'on voit parle de Dieu et de son amour.
Les populations des environs de Greccio furent donc convoquées ainsi que les frères des monastères voisins.
Au soir de la vigile de Noël, on vit sur tous les sentiers les fidèles se hâter vers l'ermitage, des torches à la main, et faisant retentir les forêts de leurs joyeux cantiques.
Tous étaient dans la joie, François plus que personne : le chevalier avait préparé une crèche avec de la paille, et amené un bœuf et un âne qui de leur haleine semblaient vouloir réchauffer le pauvre bambino tout transi de froid.
Le Saint, à cette vue, sentait des larmes de pitié inonder son visage ; il n'était plus à Greccio, son cœur était à Bethléhem.
Enfin on se mit à chanter matines, puis la messe commença où, comme diacre, François lut l'Évangile.
Le simple récit de la légende sacrée, dit par une voix si douce et si ardente, touchait déjà les cœurs ; mais quand il prêcha, son émotion gagna bien vite l'auditoire : sa voix avait une tendresse si indicible que les assistants oubliaient tout, eux aussi, pour revivre les sentiments des bergers de la Judée qui allèrent jadis adorer le Dieu fait homme, naissant dans une étable.
François était trop italien pour ne pas aimer ces fêtes où tout ce qu'on voit parle de Dieu et de son amour.
Les populations des environs de Greccio furent donc convoquées ainsi que les frères des monastères voisins.
Au soir de la vigile de Noël, on vit sur tous les sentiers les fidèles se hâter vers l'ermitage, des torches à la main, et faisant retentir les forêts de leurs joyeux cantiques.
Tous étaient dans la joie, François plus que personne : le chevalier avait préparé une crèche avec de la paille, et amené un bœuf et un âne qui de leur haleine semblaient vouloir réchauffer le pauvre bambino tout transi de froid.
Le Saint, à cette vue, sentait des larmes de pitié inonder son visage ; il n'était plus à Greccio, son cœur était à Bethléhem.
Enfin on se mit à chanter matines, puis la messe commença où, comme diacre, François lut l'Évangile.
Le simple récit de la légende sacrée, dit par une voix si douce et si ardente, touchait déjà les cœurs ; mais quand il prêcha, son émotion gagna bien vite l'auditoire : sa voix avait une tendresse si indicible que les assistants oubliaient tout, eux aussi, pour revivre les sentiments des bergers de la Judée qui allèrent jadis adorer le Dieu fait homme, naissant dans une étable.
Extrait du livre de Paul Sabatier, Vie de S. François d'Assise