Adolphe Adam, le compositeur du Minuit, chrétiens |
Bien populaire au Canada-Français depuis des décennies, la majorité des catholiques d'aujourd’hui ignorent que le chant Minuit, chrétiens n’a rien d’un cantique de Noël traditionnel.
C’est plutôt grâce à l’ignorance
que ce chant s’est répandu dans la belle province malgré les avertissements.
Le Cardinal Villeneuve souhaitait la disparition de ce chant,
en 1933, principalement à cause de la théologie
douteuse du texte. En effet, l’auteur utilise un lexique subtilement étranger à
celui de l’Eglise.
Ce qu’il faut savoir, avant d’apprécier le Minuit, chrétiens, c’est qu’il a été
créé dans l’ambiance révolutionnaire de la France de 1847 et sur fond d’humanisme.
L’auteur des paroles, Placide Cappeau (1808-1877), était un libre-penseur
voltairien et possiblement franc-maçon. Dans un recueil de chants, Campeau décida de tronquer quelques paroles pour sa version officielle et
définitive.
« Nous avons cru devoir modifier ce qui nous avait échappé au premier moment sur le péché originel, auquel nous ne croyons pas… Nous admettons Jésus comme Rédempteur, mais rédempteur des inégalités, des injustices, de l’esclavage et des oppressions de toutes sortes qui pesaient sur l’ancienne société, non d’un péché impossible qui répugne au plus simple bon sens. » ( Placide Campeau, Le Château de Roquemaure )
La composition musicale, pour sa part, est l’œuvre du compositeur juif, Adolphe Adam (1803-1856). Il n’hésita pas à revendiquer le
caractère révolutionnaire du chant en le proposant comme une « Marseillaise
religieuse ».
Aurions-nous à réitérer cet avertissement si le clergé de
l’époque avait pris au sérieux la condamnation du Cardinal Villeneuve en 1933?
Nous reproduisons ci-dessous le mandement dont il est question.
Nous reproduisons ci-dessous le mandement dont il est question.
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MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES ET CIRCULAIRES DES ÉVÊQUES DE
QUEBEC
Volume quatorzième
Son Em. le Cardinal J.- M. -Rodrigue Villeneuve,
O. M I.,
Archevêque de Québec
1932 — 1935
XXXIII
Chant du "
Minuit, chrétiens"
(14 décembre 1933)
A l'approche de Noël, le chant du " Minuit, chrétiens
" recommence à provoquer des controverses.
Autant en raison des exigences de la musique religieuse que
par souci de doctrine et de convenance liturgique, l'Archevêque se réjouit
qu'en plusieurs endroits on l'ait abandonné, et il souhaite que sa disparition
se généralise.
Le texte en est incontestablement d'une théologie douteuse
et toute la composition d'une origine pour le moins quelconque. On pourra sans
désavantage le remplacer par quelque autre ancien cantique de Noël, par
exemple, celui " Les Anges dans nos campagnes ", dont le refrain, quelle
qu'en soit la valeur artistique, est une pieuse exclamation tirée du saint
Evangile (Luc, II, 14) et qui convient plutôt à l'inauguration du joyeux temps de
Noël.
En tout cas, il ne sera permis à personne de se réclamer de
l'autorité de l'Archevêque de Québec, comme on l'a fait l'an dernier, pour
préconiser la valeur du " Minuit, chrétiens " d'Adolphe Adam.
Avec une religieuse affection je réitère ici ces souhaits que
j'adressais, ce matin, à ceux d'entre vous qui avaient pu venir à l'Archevêché
: La grâce, la miséricorde, la paix en Dieu, en Jésus-Christ, notre Seigneur et
Sauveur, tels sont bien mes souhaits pour vous, Messieurs, au début de l'année
nouvelle, qui continue le dix-neuvième centenaire de la mort du Très Saint
Rédempteur. La grâce, qui nous surélève du plan de la nature et nous mette à la
hauteur de nos sublimes devoirs de pasteurs.
La divine miséricorde, qui nous arrache aux fragilités et
même aux trahisons de la chair et nous maintienne fidèles entre tant d'autres
qui abandonnent et désespèrent. La paix, enfin, paix du cœur, de la conscience,
de l'esprit, paix en nous-mêmes, paix avec ceux qui nous commandent et avec
ceux que nous gouvernons. Gratia, misericordia et pax in Jesu Christo Salvatori
nostro.
Veuillez croire, chers Messieurs et Collaborateurs,
à mon entier dévouement en N. S. et M. I.
J. M. Rodrigue Card. Villeneuve, O. M. I.,
Archev. de Québec.
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