« Tout ce que vous demanderez
à mon Père en mon nom, Je vous le donnerai » dit Jésus-Christ. (S. Jean XVI, 23). Or, Jésus veut tout ce
qui contribue à la gloire de
Dieu et à notre salut. Ste Monique qui
pendant 18 ans demanda la conversion
de son fils, priait donc au nom de Jésus-Christ.
Comme dans le « Pater». on demande
ce que Jésus-Christ veut et que cette
prière nous vient du divin Sauveur lui-même, celui qui la récite
prie vraiment en son nom. « Nous ne prions pas au nom de Jésus-Christ, quand nous demandons ce qui peut être funeste à l'âme. » (S.
Aug.)
Celui-là ne prierait pas au nom de Jésus, qui demanderait la
mort de son ennemi, un gain à la loterie, de grands honneurs ou autres choses
superflues; mais celui qui demanderait à Dieu du travail, du secours dans la détresse,
la conversion d’un pécheur, etc. Au lieu de dire: « Prier au nom de Jésus-Christ »,
on peut dire aussi: « Prier selon l’esprit de Jésus-Christ, ou selon l’intention
de Jésus-Christ. » Celui qui prie le mieux, c’est celui qui prie avec l’Eglise (S. Aug.) ; l’Eglise en effet prie au nom de Jésus-Christ,
et c’est pourquoi elle termine toutes ses prières par cette formule: « Par
Jésus-Christ Notre-Seigneur »
2. Avec dévotion, c.-à-d. qu’en priant nous devons penser
à Dieu.
Considérez un
joueur: comme il examine ses cartes! comme il
est attentif à son jeu ! A combien plus forte raison celui qui prie devrait
donc diriger toutes ses pensées vers Dieu! La prière est une conversation avec Dieu, or, lorsqu’on parie à quelqu’un, on ne s’occupe que de
lui, et dans la prière notre esprit doit être tout entier à Dieu. Lorsque vous
le priez, élevez votre coeur en même temps que les mains. Beaucoup n’honorent Dieu
que du bout des lèvres; leur coeur est loin de lui (S. Matth. XV, 8); tandis qu’ils
prient, ils pensent à leurs intérêts temporels, ou prient comme s’ils parlaient
à la muraille ou au plancher. Celui qui prie avec distraction ou tiédeur, c.-à-d.
sans dévotion, n’obtiendra rien de Dieu. « Comment pouvez-vous exiger
que Dieu fasse attention à vos prières si vous-mêmes n’y faites pas attention? »
(S. Cyp ) Celui qui prie mal et espère néanmoins être exaucé, ressemble à un
homme qui, jetant de mauvais blé dans un moulin, en attend une bonne farine.
(S. Bern. Cependant il n’est pas nécessaire d’éprouver une dévotion sensible,
c.-à-d. de ressentir dans la prière une
consolation particulière et une joie extraordinaire. Une telle dévotion est une
grâce spéciale, une récompense que Dieu peut accorder, mais qui n’augmente pas
le prix de notre prière, pas plus que le dégout
et la sécheresse que
l’on éprouve quelquefois, ne rendent la prière plus mauvaise; une prière
semblable peut même être bien plus méritoire, parce que l’on souffre en la
faisant. (Ste Thér.)
La dévotion qui est la plus agréable à Dieu, est celle pour laquelle
on est obligé de se vaincre (Ste Ang. de Folig.). Aussi le dégoût et la sécheresse
ne doivent jamais nous faire
abandonner la prière. Le démon
cherche par là à nous en détourner, et Dieu le permet afin que nous
reconnaissions notre faiblesse et que nous devenions plus humbles. « Quand
même, dans la prière, on ne ferait que chasser les distractions et les
tentations, on aurait cependant bien fait sa prière, car le Seigneur regarde
avec complaisance notre
bonne volonté. » (S. Fr. de S.)
Pour prier avec dévotion, il faut nous y préparer, veiller sur nos sens pendant la prière, et garder une position convenable.
« Avant la prière, préparez voire âme, et
ne soyez pas comme un homme qui tente Dieu. » (Eccli. XVIII, 2). Avant de
jouer, le musicien accorde son instrument, pour éviter les tons faux; et quels
préparatifs ne fait-on pas quand on va à l’audience d’un
roi de la terre! Avant la prière, il faut
se mettre en la présence de Dieu, c.-à-dire se représenter vivement qu’on est sous son
regard (V. Bède); c’est dans cette intention qu’il faut faire le signe de la croix. Il faut aussi rejeter
toutes les pensées et les soucis terrestres. Lorsqu’Abraham alla immoler son fils, il laissa au pied de
la montagne de Moriah, son âne, ses serviteurs et tout ce qui n’était pas nécessaire
au sacrifice et dit: « Quand nous aurons adoré, nous reviendrons vers
vous. » (Gen. XXII).
De même que Jésus-Christ a chassé les vendeurs du temple, ainsi devons nous éloigner de notre cœur, ce temple de la
prière, tous les soucis avant de nous mettre à genoux.
Confiez pendant un quart d’heure vos inquiétudes au Père céleste:
peut-être vous les enlèvera-t-il tout à fait ou vous les rendra-t-il plus légères!
Cependant les distractions involontaires
ne sont pas péché : il faut seulement
les éviter et les combattre.
Pour prier, nous devons fermer notre porte, c. à-d. veiller sur nos yeux et nous retirer dans la chambre de notre coeur. (S. Matth.
VI, 6). L’emploi d’un
livre de prières
peut nous empêcher d’être distrait, de
même une sainte image ou un sanctuaire, où tout nous rappelle la présence de Dieu et nous porte
davantage à la dévotion. — En priant il faut éviter toute posture qui ne serait pas
convenable; toutefois un malade ou une personne
fatiguée peut prendre celle qui lui convient le
mieux. II vaudrait mieux prier debout que de prier à genoux en se laissant
aller au sommeil : la position du corps doit favoriser la dévotion et non la
rendre impossible.
3. Avec persévérance, c.-à-d. que nous ne devons pas
nous relâcher dans nos prières, si nous ne sommes pas exaucés immédiatement.
Nous devons faire comme les enfants qui ne cessent de crier jusqu’à ce qu’ils aient obtenu ce qu’ils désirent. (S. Cyril.)
Les hommes sont mal disposés quand on les accable de demandes : il n’en est pas
ainsi de Dieu qui
aime l’importunité (S. Jér.) comme il le
dit dans la parabole de l’ami importun qui ne cesse de frapper jusqu'à ce que l’on
ouvre. (S. Luc. XI, 5). Dieu met quelquefois la constance du solliciteur à une dure épreuve, comme le fit Jésus pour la Cananéenne (S.
Matth. XV); il se montra d’abord dur envers elle, mais elle ne se découragea
pas, et se vit exaucée. Il en fut presque de même de l’aveugle de Jéricho: la foule le pressait de se taire; lui au contraire élevait
de plus en plus la voix, et Jésus-Christ le guérit. (S. Luc. XVIII, 35). Les
Juifs de Béthulie recoururent à la prière quand Holopherne s’avançait vers la
ville, mais plus ils priaient, plus leur position devenait critique; néanmoins ils
persévérèrent dans leurs supplications, et Dieu les sauva par la main de
Judith. (Judith VI-VIl). Ste Monique pria pendant 18 ans en versant des torrents de larmes pour
obtenir la conversion de son fils Augustin; mais que sa prière persévérante fut
admirablement exaucée! Dieu se plaît à venir en aide quand la détresse est la plus
grande. Beaucoup hélas ! se découragent s’ils ne sont pas exaucés sur le champ et ils cessent de
prier; c’est au contraire un motif de redoubler d’ardeur à mesure que Dieu diffère
de les exaucer. Plus il nous fera attendre, plus son secours sera généreux ; il
donne alors bien plus abondamment que ce que l’on a demandé ou que l’on pouvait
espérer. (Eph. III, 20). Nous-mêmes nous devons attendre une année pour que la
semence confiée à la terre porte des fruits, et nous voudrions recueillir immédiatement
les fruits de nos prières ? (S. Fr. de S.)
4. Avec
un coeur pur, c.-à-d. exempt de péché mortel, ou au moins sincèrement
repentant.
C’est dans ce but qu’il y a un bénitier à l’entrée de l’église ; il nous avertit de nous purifier de
nos péchés par la pénitence avant de nous mettre en prière dans la maison de
Dieu. Chez les Mahométans, l’usage veut qu’à l'entrée de l’église, on retire
ses chaussures couvertes de poussière et que l’on se lave les pieds. Celui dont
le coeur n'est pas pur n’a pas assez d’énergie pour élever son esprit vers Dieu, car
dès qu’il commence à prier, les images coupables se présentent devant ses yeux et
retiennent son esprit sur la terre. (S. Grég.) Prier avec un coeur souillé, c’est
se présenter avec des vêtements
malpropres devant un souverain pour lui demander une grâce, c’est offrir à quelqu’un un
bouquet de belles fleurs (saintes paroles) avec des mains sales. (S. Chrys.) Dieu n’exauce pas les pécheurs (S. Jean IX, 31),
car il est juste d’exclure des bienfaits divins celui qui ne veut pas se
soumettre aux commandements de Dieu. (S. Lanr. Just.) Obéissons à Dieu dans ses
préceptes, afin qu’il nous exauce dans nos prières. (S. Chrys ) Mais dès qu’un pêcheur déplore sincèrement ses
fautes, il peut espérer d'être exaucé; Dieu
l'accueille comme si le pécheur ne l’avait jamais offensé* (S. Alph.), il
n'agit jamais comme l'homme qui reproche d’abord au suppliant toutes les
offenses qu'il en a reçues, « il regarde non pas à ce que l’homme a fait,
mais à ce qu'il veut faire. » Exemple de la prière du publicain repentant.
(S Luc. XVIII, 13).
5. Avec
résignation à la volonté de Dieu,
c.-à-d. que nous devons laisser entièrement
à Dieu le soin d’exaucer notre prière.
Jésus-Christ disait au jardin des Oliviers: « Que votre
volonté se fasse et non la mienne. » (S. Luc. XXII, 43). Dieu sait mieux
que nous ce qui nous est utile; nous ne devons donc rien lui prescrire, de même
qu'il ne convient pas à un malade d'indiquer à son médecin les remèdes qu’il
doit choisir. (S. Fr. de S .)
6. Avec
humilité, c.-à-d. avec l’intime
conviction de notre faiblesse
et de notre indignité.
Ne nous imaginons pas rendre par notre prière un grand
service à Dieu. La prière du publicain dans le temple et celle du centurion
sont des modèles d'humilité; Daniel aussi priait avec humilité quand il disait:
« Ce n'est pas en vue de notre justice que, prosternés, nous répandons nos
prières devant votre face, mais en vue de vos abondantes miséricordes. »
(Dan. IX, 18). « La prière de l'homme humble pénètre les nuages. »
(Eccli. XXXV, 21). Comme les hommes s’inclinent humblement quand ils présentent
une requête aux puissants de la terre. La prière par elle-même est déjà un
acte d’humilité, car nous
reconnaissons par là notre dépendance du souverain Seigneur du ciel et de la
terre; quand nous prions, nous sommes des mendiants devant la porte du grand père
de famille. (S. Aug.) E t néanmoins il y
a des gens qui en priant se figurent
rendre à Dieu un grand service. Quelle folie !
7. Avec
confiance, c.-à-d. avec la ferme conviction que dans son infinie bonté
Dieu nous exaucera
certainement, si ce que nous
demandons contribue à sa gloire et au salut de notre âme.
La prière du prophète Elie lors du sacrifice sur le mont
Carmel est un modèle de prière confiante, (III. Rois 18). « Tout ce que
vous demanderez avec confiance dans vos prières, dit Jésus-Christ, vous
l'obtiendrez » (S. Matth. XXI, 22). La confiance est abondamment récompensée
(Héb. X, 35), mais celui qui doute ne reçoit rien. (S. Jacq. I, 6).
C’est par l'exercice
que l’on apprend à bien prier
C’est en priant que l’on apprend l'art de la prière, selon
le proverbe : « En forgeant on devient forgeron. » Plus on prie, plus
on aime prier; moins on prie, plus la prière paraît ennuyeuse et déraisonnable.
(S. Bonav.)
François Spirago, Catéchisme catholique populaire