Le catholique professe sa foi surtout par le signe sacré de la croix.
Le signe de la croix est au chrétien ce que l'uniforme est au soldat, au fonctionnaire; il professe par là qu’il admet
la doctrine du Sauveur crucifié. Le signe de la croix est pour les Juifs et les
païens un objet de haine et de mépris. (I. Cor. I, 23) ; les protestants, eux
aussi, rejettent le signe de la croix. Il n’est le signe propre que des
catholiques, et comme il est d’une
très haute antiquité et qu’on le retrouve dans toute l’Eglise, on peut admettre
avec raison qu’il est d'origine
apostolique.
Il y a deux manières de faire le signe de la croix. On peut le faire d’abord en traçant du pouce de la main droite de petites croix sur le front, la bouche et la poitrine, tandis qu’on tient la main gauche un peu au-dessous de la poitrine ; l’on dit en même temps: « Au nom du Père et du Fils et du S. Esprit. Ainsi-soit-il. » Par
Le grand signe de croix ou signe latin est en usage à la messe et nous rappelle par la croix de Pierre à notre union avec l’Eglise romaine. On le fait en portant la main droite au front, à la poitrine, à l’épaule gauche, puis à la droite, en tenant la main gauche sur la poitrine. (On va de la gauche à la droite parce que le Christ par sa rédemption nous a placés du côté droit.) Dans les pays do langue romane et slave ce signe de croix est employé aussi par les laïques.
L’important est de ne jamais
faire le signe de croix trop à la hâte et de penser en le faisant à la Majesté du Très-Haut que l’on
nomme.
1. En faisant le signe de la croix, nous professons les deux principaux mystères de la religion: la Trinité et l’Incarnation du Rédempteur.
Le singulier, au
nom, indique l’unité de Dieu; les autres mots les trois personnes divines.
Au nom signifie : Par la mission de Dieu, par la force de Dieu, avec l'aide de Dieu, à la gloire de Dieu.
La croix unique que nous faisons sur le front, la poitrine et les épaules symbolise l’unité de Dieu; la croix triple, les trois personnes de la SS. Trinité.
La forme de la croix rappelle que le Fils de Dieu fait homme nous a sauvés sur la croix.
Le signe de la croix est donc comme un résumé de la religion chrétienne. Beaucoup d'êtres de la création nous le rappellent ; le corps humain a la forme d’une croix ; les lignes de la figure forment une croix, de même l’oiseau qui vole, le poisson qui nage, la belle constellation de ce nom dans le ciel austral, certains arbres, certaines fleurs, etc. etc.
L’apparition d’une croix au ciel annoncera l’arrivée du Juge pour le jugement dernier (S. Matth. XXIY, 30). L’Eglise catholique honore beaucoup le signe de la croix; elle l’emploie souvent à la sainte Messe et dans l’administration des sacrements et les bénédictions ; elle place la croix sur les clochers, les autels, les bannières, les chasubles, elle la plante sur les tombeaux. Beaucoup d’églises sont construites en forme de croix.
2. Par le signe de la croix nous
obtenons la bénédiction de Dieu; nous
sommes surtout protégés contre le
démon et contre une multitude de maux spirituels et
temporels.
Le signe de la croix n’est donc pas une vaine cérémonie, mais une bénédiction de soi-même (appel au secours divin): or, toute bénédiction divine consiste à éloigner des maux et à procurer des biens. — Le signe de la croix met en fuite le démon avec ses tentations. De même qu'un chien craint et fuit le bâton avec lequel il a été battu, ainsi le démon est terrifié et mis en fuite par la croix qui lui rappelle sa défaite (S. Cyr.)
On raconte qu’un cerf portait un petit écriteau avec cette
inscription en lettres d’or : Ne me touchez pas, je suis à l’empereur. Aucun chasseur n’osa jamais le tirer. En faisant
le signe de la croix, nous nous munissons de l’écriteau : Je suis au Sauveur,
et le démon ne pourra pas nous atteindre. En campagne il est défendu de tirer
sur ceux — les aumôniers et les médecins — qui portent le brassard blanc avec
la croix rouge; de même il est interdit au démon de faire du mal à ceux qui se
signent de la croix.
Le signe de la croix a eu pour type le signe tracé sur les poteaux des portes, devant lequel l’ange exterminateur de l’Egypte passa sans frapper, (S. J. Dam.) La croix de Jésus-Christ était figurée (S. Jean III, 14) parle serpent d’airain (Nombres XXI) élevé par Moïse dans le désert et qui guérissait par son seul aspect des blessures mortelles des serpents de feu; le signe de la croix, qui figure aussi la croix de Jésus-Christ, nous protège contre les embûches du serpent infernal. Tant que Moïse priait, les bras étendus en croix, les Chananéens étaient mis en fuite. (Exode XVII, 12), En 312 Constantin et toute son armée virent au firmament une croix lumineuse avec ces mots : In hoc signo vinces, il fit mettre la croix sur un étendard et fut vainqueur. (C’est là l’origine de nos bannières.) Ces paroles valent aussi pour le signe de la croix que nous faisons sur nous mêmes. Le seul souvenir de la croix de Jésus-Christ met en fuite nos ennemis invisibles et nous fortifie contre leurs attaques (S. Augustin) ; aussi beaucoup de saints eurent-il pour chasser les mauvaises pensées l’habitude de se signer aussitôt. Souvent les premiers chrétiens s’en servirent pour renverser les idoles.
Lors de l’Invention de la sainte croix par l’impératrice Ste
Hélène, la mère de Constantin-le-Grand, des malades furent guéris par le simple
attouchement du bois sacré (325). Quelle puissance miraculeuse! La croix délivre
des maux corporels et le signe de la croix n’est pas moins puissant. Quel soulagement
certains malades ne reçurent-ils pas de Dieu quand ils se signaient souvent et
pieusement. L’histoire rapporte que beaucoup de martyrs se signèrent avant leurs tortures et en sortirent sains et saufs.
On dit de S. Jean l’Evangéliste qu’il fit un jour le signe de la croix sur une
coupe empoisonnée, et la but sans en éprouver aucun mal. La même chose doit être
arrivée à S. François-Xavier, l’apôtre des Indes. Les prophètes de l’A.-T.
annoncèrent déjà cette vertu du signe de la croix. Une vision montra à Ezéchiel que dans
un châtiment réservé à Jérusalem, la mort épargna ceux qu’un ange avait d’abord
marqués sur le front de la lettre Thau (T) qui a la forme d’une croix. (Ezéch.
IX, 4).
On doit faire souvent le signe de la croix, surtout à son lever, à son coucher, avant et après les prières, avant et après les repas, avant et après la sortie de la maison, au moment des tentations, et avant toutes ses principales actions.
Faites le signe de la croix à
votre réveil. Par là vous vous
assurerez la bénédiction de Dieu pour toute la journée. Faites-le aussi le soir, afin d’éloigner toute mauvaise pensée ; avant la prière, poux chasser les distractions ; avant vos principales entreprises, pour y réussir, etc. En prenant cette habitude, nous
accomplirons le plus sûrement l’ordre de l’Apôtre : Que vous mangiez ou que
vous buviez et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. (I. Cor. X, 31). Déjà les premiers chrétiens
avaient l’habitude de se signer, au témoignage
de Tertullien (240) qui dit: « Avant et pendant nos occupations, en
sortant, en rentrant, en nous habillant, avant notre sommeil, dans toutes nos
actions nous signons le front de la croix. »
Nous faisons le signe de la croix notamment à la S. Messe : en la commençant, à l’évangile, à l’élévation, à la communion et à la bénédiction du prêtre. Pie IX (28 juillet 1863) a assigné 50 jours d’indulgence à chaque signe de croix. Ste Edithe (984), princesse royale d’Angleterre, se signait très souvent : 13 ans après sa mort on trouva son pouce encore parfaitement conservé. (Mehler I, 179).
Il est très salutaire en faisant le signe de la croix de se
servir d’eau bénite.
Cette eau a une vertu particulière contre les assauts du démon par suite de la prière de l’Eglise faite pour la bénir. L’usage de l’eau bénite vaut chaque fois 100 jours d’indulgence. (Pie IX, 23 mars 1866). On trouve des bénitiers aux portes des appartements et des églises ; mais dans beaucoup d’appartements le bénitier est hélas vide d’eau bénite et plein de poussière.
Vous êtes des insensés, si vous avez honte de faire le signe de la croix, le Christ à
son tour rougira de vous : le démon, dit S. Ignace d’Antioche, se réjouit de voir
renier la croix qui est sa ruine et le signe de la victoire remportée sur sa
puissance.