Le Doctrinaire - No 15 - p.25 – Septembre 1973
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CE FOLKLORE HIDEUX
Il est toujours hideux ce folklore qui se transmet de père
en fils: le sacre et le blasphème. Nos jeunes qui se piquent d’être à la page,
d'être « modernes », ont l'illusion de croire que condamner sacre et blasphème
c'est dépassé...
Alors, plus que jamais, nous entendons sacrer et blasphémer.
Dans les écoles polyvalentes, dans les cegeps, les sacres écorchent les lèvres
des étudiants.
Excuse optimiste: «C'est une manière de s’exprimer propre
aux Canadiens-Français. D'ailleurs, la plupart sacrent sans mauvaise intention...»
Raisonnement stupide!
J’entends les défaitistes: « Essayer de corriger les
sacreurs, c'est inutile. Si vous le reprenez, ce sera pire. »
Trop orgueilleux pour admettre leur tort.
«Laissons-les faire; c'est une mode qui passera.»
Naïveté,
fausse pédagogie !
Un soir, j'étais sur la rue principale de notre Province. Je
m'arrêtai pour observer les nombreux jeunes gens qui passaient et repassaient.
Leurs conversations étaient encrassées de sacres et de blasphèmes: le Christ,
la Vierge, la Sainte Hostie, le Calice, le Ciboire, le Tabernacle passaient sur
les lèvres de ces étourdis dans une vague de mépris sacrilège.
Comme le jeune écolier est suiveux, mouton, sans trop s'en
rendre compte, il va se sentir anormal s'il ne sacre pas comme les autres...Si ses
parents lui défendent de sacrer, parce que cela peut attirer des malheurs sur
leur foyer, le jeune s'en tirera en déformant les mots: Mautadit, hostic,
tabernouche, etc. Ainsi, il gardera l'habitude du juron, qui le conduira
bientôt au vrai blasphème.
Lorsque notre pays était encore très chrétien, nos législatures
avaient inscrit dans le code une loi qui défend le blasphème, sous des peines sévères;
mais cette loi semble tombée en désuétude, parce que personne n'en réclame
l'observance. Nos associations devraient prendre cette initiative de salut
public.
Une personne sensée, qui a un peu d'esprit chrétien, comprend
très bien que le blasphème est une faute grave; que nous devons combattre cette
triste manie sous trois aspects: psychologique, linguistique, diabolique.
Psychologique: L'enfant a un fort instinct d'imitation. Pour
suivre la mode, il n'y a pas de moqueries qui l'arrêteront. Il entend les ainés
sacrer avec audace; pour eux c'est un signe de force et de virilité... Cet
enfant ne peut se mettre dans la tête que ces ainés ont tort en s'affirmant par
des sacres, qu'ils sont stupides, que c'est une folie.
Linguistique: Sacrer et blasphémer, en plus d'offenser Dieu,
c'est une profanation de notre belle langue française. Manque de dignité, de
savoir-vivre, baragouin qu'on devrait laisser aux voyous. Un homme bien élevé
évite de blesser son prochain dans sa foi ou dans ses convictions religieuses.
Un bon Français respecte Dieu, les Saints et les choses saintes.
Diabolique: Les Evangiles nous montrent que Satan est l'ennemi
du Christ, qu’il cherche à ruiner le respect de Dieu, l'esprit religieux, chez
les chrétiens, pour les entrainer vers l'enfer.
Un ami m'a confié qu'il n'avait jamais été un sacreur; cependant,
quand il lui arrivait quelque chose de très choquant, des sacres et même des
blasphèmes lui étaient suggérés intérieurement... Par qui?
Évidemment par le Mauvais Esprit, par le démon, qui rôde
autour de nous pour nous faire pécher, dit l'apôtre saint Pierre. Satan profite
de l'irréflexion pour accomplir son œuvre d'insulteur du Seigneur et de son
Divin Fils.
Que tous ceux qui ont à cœur l'honneur du saint Nom du
Christ Jésus, reprennent la lutte contre le sacre et le blasphème. Ayons à cœur
de collaborer à cette œuvre d'assainissement, encore plus urgente que la
pollution physique de l'air et de l'eau.
A bas la pollution du langage par les sacres et les blasphèmes
Armand GRENIER, Shawinigan.