Le 10 février 1638, le roi Louis
XIII dit « le Juste » consacra solennellement sa personne, sa
couronne et son royaume à la Très-Sainte Vierge. Il ordonna que soit célébrée
en grandes pompes la fête de l'Assomption de Notre-Dame en souvenir de ce vœu.
L'importance de la fête du 15 août passa dans le Nouveau monde. En
Nouvelle-France, le culte à Notre-Dame de l'Assomption marque les jeunes jours
de la colonie. Pour leur part, les Acadiens ont fait de ce jour la fête
patronale de leur peuple. L'Etoile des mers, telle que qualifiée dans
les litanies de la sainte Vierge, soutint les acadiens au milieu du Grand
dérangement.
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Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre.
A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut.
Dieu qui élève les rois au trône de leur grandeur, non
content de nous avoir donné l'esprit qu'il départ à tous les princes de la
terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et
de notre personne et de notre état, que nous ne pouvons considérer le bonheur
du cours de notre règne, sans y voir autant d'effets merveilleux de sa bonté,
que d'accidents qui nous pouvaient perdre.
Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne,
la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d'en troubler
la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la
justice de notre cause que l'on vit en même temps la naissance et la fin de ces
pernicieux desseins. En divers autres temps, l'artifice des hommes et la malice
du diable ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour
notre couronne que préjudiciables au repos de notre maison, il lui a plu en
détourner le mal avec autant de douceur que de justice.
La rébellion de l'hérésie ayant aussi formé un parti dans
l'Etat, qui n'avait d'autre but que de partager notre autorité, il s'est servi
de nous pour en abattre l'orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints
autels en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les
marques.
Quand nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a
donné des succès si heureux à nos armes, qu'à la vue de toute l'Europe, contre
l'espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs
états dont ils avaient été dépouillés.
Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne, se
sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins
pour faire voir à toutes les nations que, comme sa providence a fondé cet Etat,
sa bonté le conserve et sa puissance le défend.
Tant de grâces si évidentes font que pour n'en différer pas
la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra sans doute de la
même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en
faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être
obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en
trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous
vénérons l'accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la
mort du fils de Dieu en notre chair, de nous consacrer à la grandeur de Dieu
par son fils rabaissé jusqu'à nous, et à ce fils par sa mère élevée jusqu'à
lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre
personne, notre Etat, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce
moyen celle de la Sainte-Trinité, par son intercession et de toute la cour
céleste par son autorité et exemple, nos mains n'étant pas assez pures pour
présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été
dignes de le porter, les rendront hosties agréables et c'est chose bien
raisonnable qu'ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos
actions de grâces.
A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que prenant la
très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre
royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre
couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte
conduite et de défendre avec tant de soin ce royaume contre l'effort de tous
ses ennemis, que, soit qu'il souffre du fléau de la guerre ou jouisse de la
douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte
point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que
la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés en ce sujet, pour monument
et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons
construire de nouveau le grand autel de la cathédrale de Paris avec une image
de la Vierge qui tienne dans ses bras celle de son précieux Fils descendu de la
Croix , et où nous serons représenté aux pieds du Fils et de la Mère comme leur
offrant notre couronne et notre sceptre.
Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris et néanmoins
lui enjoignons que tous les ans le jour et fête de l'Assomption, il fasse faire
commémoration de notre présente déclaration à la grand'messe qui se dira en son
église cathédrale, et qu'après les vêpres du dit jour, il soit fait une
procession en la dite église à laquelle assisteront toutes les compagnies
souveraines et le corps de ville, avec pareille cérémonie que celle qui
s'observe aux processions générales les plus solennelles ; ce que nous
voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales que celles des
monastères de la dite ville et faubourg, et en toutes les villes, bourgs et
villages du dit diocèse de Paris.
Exhortons pareillement tous les archevêques et évêques de
notre royaume et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité
en leurs églises épiscopales et autres églises de leur diocèse ; entendant
qu'à la dite cérémonie les cours de Parlement et autres compagnies souveraines
et les principaux officiers de la ville y soient présents ; et d'autant
qu'il y a plusieurs épiscopales qui ne sont pas dédiées à la Vierge, nous
exhortons les dits archevêques et évêques en ce cas de lui dédier la principale
chapelle des dites églises pour y être fait la dite cérémonie et d'y élever un
autel avec un ornement convenable à une action si célèbre et d'admonester tous
nos peuples d'avoir une dévotion particulière à la Vierge, d'implorer en ce
jour sa protection afin que sous une si puissante patronne notre royaume soit à
couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il jouisse largement d'une
bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement à la dernière
fin pour laquelle nous avons été créés ; car tel est notre bon plaisir.
Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février,
l'an de grâce mil six cent trente-huit, et de notre règne le vingt-huit.