Dans cet opuscule de 36 pages, l’abbé Augustin Lémann nous
livre une courte étude pertinente sur les prophéties de l’Ancien Testament à
propos de la destruction du royaume d’Israël suite au siège de Salmanasar, roi
d’Assur, en 724 avant Jésus-Christ.
Prenant ses bases dans la prophétie d’Isaïe sur le Jugement
de Samarie et du royaume d’Ephraïm (Isaïe Chap. IX, 7 – X, 4) l’abbé Lémann
explique que ces 4 strophes définissent très clairement les étapes de la mort
d’une nation.
Pour un peuple comme le nôtre, depuis longtemps en danger de
mort, l’interprétation catholique de cette ancienne prophétie, accomplie bien
avant la venue de Notre-Seigneur-Jésus-Christ, est un enseignement du
Saint-Esprit qu’on doit certainement prendre en considération.
L’abbé Lionel Groulx lui aussi nous rappelait les tristes
conséquences du mystère d’iniquité qu’est l’apostasie généralisée d’une
nation, dans sa conférence « Où allons-nous? » du 26 mars 1953 :
« Au dessus de la tombe d’un peuple ou d’une
civilisation disparue, rien ne flotte qu’une incurable mélancolie, la
mélancolie de la mort sans résurrection possible. »
Pour en revenir à l’ouvrage de l’abbé Lémann, le prophète
Isaïe nous présente donc la mort d’une nation en 4 étapes. Voici un résumé des
analyses de l’abbé :
1-
L’exaltation de l’orgueil et la destruction
de la force militaire : « Ce que nous avons perdu, c’est peu de
chose, et, de nous-mêmes (c'est-à-dire sans Dieu), nous réparerons glorieusement
notre échec. »
En refusant de voir la main de Dieu dans les
échecs de la nation, par orgueil, un peuple attire sur lui le châtiment de la
destruction de ses «forces militaires».
2-
La méconnaissance de la Souveraineté de Dieu
et le retranchement du pouvoir : « Loin de s’humilier sous
la main du Dieu qui l’a frappé, Israël a ajouté l’impénitence à l’exaltation de
l’orgueil, c'est-à-dire la méconnaissance réfléchie, voulue de la Souveraineté
de Dieu. [...] explosion d’impureté, explosion de crimes, explosion d’impiété.
Voilà ce qu’a produit la méconnaissance de la Souveraineté de Dieu, œuvre des
séducteurs! »
Dans cette marche vers le mystère d’iniquité, le châtiment divin retranche la « tête et la queue de la nation ». De manière lente et progressive, ou d’un simple coup de force: plus de chef, plus de roi, et le peuple entier, jusqu’au plus faible de la société, se retrouve à errer sans vrai guide.
3-
L’universalité de l’impiété et le
déchainement de la guerre civile : « Il semble que l’on
assiste à la naissance de l’impiété, à ses développements, à la consommation de
ses ravages [...] C’est dans le bas fond de la société, au milieu d’hommes qui
étaient comme les broussailles et le rebut du peuple, qu’elle est d’abord apparue;
mais, de ces bas-fonds, elle n’a pas tardé à monter plus haut, et, se glissant
comme une flamme, elle a peu à peu gagné tous les rangs, tous les âges, toutes
les conditions, jusqu’aux plus nobles et aux plus saintes, jusqu’au sacerdoce
lui-même; et maintenant, forces vives de la nation, intelligence, cœur,
virilité, traditions et espérances, tout est atteint, tout y passe, tout brûle. »
Pour cette étape, dans la mort du royaume
d’Israël, le châtiment correspond à l’explosion d’une guerre civile sanglante
entre la tribu d’Ephraïm et celle de Manassé, qui font finalement une trêve
pour s’en prendre à la tribu de Juda; trêve de la haine de l’autorité qui met
Jérusalem à feu et à sang.
Dieu seul sait combien de peuples ont franchi
cette étape dans l’histoire de
l’humanité tant les récits sont nombreux et encore actuels de nos jours.
4-
L’introduction du mal dans les lois et la
captivité ou la mort : « L’exaltation de l’orgueil, la méconnaissance
de la souveraineté de Dieu, l’universalité même de l’impiété, choses déjà si
perverses, ne sont cependant que le mal dans les faits. C’est le mal, sans
doute toujours grossissant, mais contenu encore dans la région des faits;
tandis que des lois impies, des décrets iniques, c’est le mal qui a franchi les
faits et atteint les principes, c’est le mal transporté dans l’essence des
choses et cantonné dans les hauteurs! »
C’est ici qu’une nation franchit la
dernière étape vers sa destruction totale et sa dispersion. Dans l’Ancien
Testament, le royaume d’Israël subit ainsi sa destruction finale par le roi
Salmanasar. Les Israélites qui ont survécu aux massacres furent chassés par
Dieu de la terre sainte – dispersés sous la captivité de Salmanasar, terrible
instrument de Dieu.
Après 245 ans de vie et 9 ans
d’agonie est mort le royaume d’Israël…
Et le refrain du prophète qui
termine chaque strophe ferme cette fois la terrible prophétie.
Après tout cela, la colère de Dieu n’est point satisfaite,
Et sa main est toujours étendue.
Et sa main est toujours étendue.