Carillon, victoire canadienne ou française? C'est une question qui semble indiscrète ou tout au moins curieuse pour ceux qui ne vont pas au tréfonds des choses. Mais quand on sait que MM. de Vaudreuil et de Montcalm ne s'entendaient pas du tout et qu'il y avait rivalité entre les officiers des régiments réguliers et les officiers des troupes de la colonie, presque tous Canadiens, la question est naturelle.
Crémazie, dans son immortel poème Le drapeau de Carillon, semble donner toute la gloire de la journée de Carillon aux troupes canadiennes:
Mais les poètes ne sont pas tenus à la vérité, toute la vérité, comme les historiens. Ceux-ci doivent mettre de côté leurs préférences, presque leur patriotisme, pour s'en tenir aux faits vrais, prouvés par des pièces irréfutables. Les poètes, eux, s'élancent dans les nues, un peu comme les oiseaux qui nous font entendre leur plus beaux chants même quand le cruel chasseur les tient au bout de son fusil.
A Carillon, les régiments de La Sarre, Royal-Roussillon, Guyenne, Berry, Béarn, tout comme les Canadiens, combattaient pour le roi de France, mais la question est de savoir si la victoire fut remportée par les Français, c'est-à-dire par les soldats des régiments de Montcalm, ou par les troupes de la marine, composées en presque totalité par des Canadiens.
La vérité nous force à dire que la bataille de Carillon fut une victoire française.
L'historien de Montcalm, sir Thomas Chapais, nous donne la composition des troupes dans les environs de Carillon, le 8 juillet 1758: brigade de la Reine: la Reine, 345 hommes; Béarn, 410 hommes; Guyenne, 470 hommes - brigade de La Sarre: La Sarre, 460 hommes; Languedoc, 426 hommes - brigade de Royal-Roussillon: Royal-Roussillon, 480 hommes; 1er bataillon de Berry, 450 hommes; 2eme bataillon de Berry, ... hommes - Troupes de la marine, 150 hommes - Canadiens (milices), 250 hommes - Sauvages, 15 hommes. Ce qui faisait un total de 3506 hommes. De sorte qu'on peut estimer l'armée de Montcalm le jour de Carillon à moins de 4000 hommes. Là-dessus, le nombre des Canadiens tant des troupes de la marine que des milices devait être au-dessous de 500 officiers et soldats.
Il faut donc avouer que la bataille de Carillon fut plutôt une victoire française. Assez d'officiers et soldats des régiments de La Sarre, Royal-Roussillon, Guyenne, Berry et Béarn versèrent leur sang à Carillon pour qu'on ne leur enlève pas une parcelle de la gloire qui leur appartient.
Ceci ne veut pas dire toutefois que les Canadiens n'eurent pas leur part de gloire à Carillon. Dans son rapport officiel au gouverneur de Vaudreuil, le marquis de Montcalm prend la peine de mentionner leur vaillance. Etait-il sincère? Espérons-le.
-Pierre-Georges Roy, Toutes petites choses du régime français, 1944.
Crémazie, dans son immortel poème Le drapeau de Carillon, semble donner toute la gloire de la journée de Carillon aux troupes canadiennes:
Songez-vous quelquefois à ces temps glorieux
Où, seuls, abandonnées par la France, leur mère,
Nos aïeux défendaient son nom victorieux
Et voyaient devant eux fuir l'armée étrangère?
Regrettez-vous encore ces jours de Carillon
Où, sous le drapeau blanc enchaînant la victoire
Nos pères se couvraient d'un immortel renom
Et traçaient de leur glaive une héroïque histoire?
Mais les poètes ne sont pas tenus à la vérité, toute la vérité, comme les historiens. Ceux-ci doivent mettre de côté leurs préférences, presque leur patriotisme, pour s'en tenir aux faits vrais, prouvés par des pièces irréfutables. Les poètes, eux, s'élancent dans les nues, un peu comme les oiseaux qui nous font entendre leur plus beaux chants même quand le cruel chasseur les tient au bout de son fusil.
A Carillon, les régiments de La Sarre, Royal-Roussillon, Guyenne, Berry, Béarn, tout comme les Canadiens, combattaient pour le roi de France, mais la question est de savoir si la victoire fut remportée par les Français, c'est-à-dire par les soldats des régiments de Montcalm, ou par les troupes de la marine, composées en presque totalité par des Canadiens.
La vérité nous force à dire que la bataille de Carillon fut une victoire française.
L'historien de Montcalm, sir Thomas Chapais, nous donne la composition des troupes dans les environs de Carillon, le 8 juillet 1758: brigade de la Reine: la Reine, 345 hommes; Béarn, 410 hommes; Guyenne, 470 hommes - brigade de La Sarre: La Sarre, 460 hommes; Languedoc, 426 hommes - brigade de Royal-Roussillon: Royal-Roussillon, 480 hommes; 1er bataillon de Berry, 450 hommes; 2eme bataillon de Berry, ... hommes - Troupes de la marine, 150 hommes - Canadiens (milices), 250 hommes - Sauvages, 15 hommes. Ce qui faisait un total de 3506 hommes. De sorte qu'on peut estimer l'armée de Montcalm le jour de Carillon à moins de 4000 hommes. Là-dessus, le nombre des Canadiens tant des troupes de la marine que des milices devait être au-dessous de 500 officiers et soldats.
Il faut donc avouer que la bataille de Carillon fut plutôt une victoire française. Assez d'officiers et soldats des régiments de La Sarre, Royal-Roussillon, Guyenne, Berry et Béarn versèrent leur sang à Carillon pour qu'on ne leur enlève pas une parcelle de la gloire qui leur appartient.
Ceci ne veut pas dire toutefois que les Canadiens n'eurent pas leur part de gloire à Carillon. Dans son rapport officiel au gouverneur de Vaudreuil, le marquis de Montcalm prend la peine de mentionner leur vaillance. Etait-il sincère? Espérons-le.
-Pierre-Georges Roy, Toutes petites choses du régime français, 1944.