L’humanisme laïciste aura fait bien des ravages au Québec.
Aujourd’hui, pour bien comprendre le phénomène, il faut absolument faire la
distinction entre deux groupes d’individus. Le premier groupe, beaucoup plus
restreint, est composé des philosophes humanistes qui travaillent à répandre et
à populariser l’idéologie laïciste – les initiés. L’autre groupe, issue des
masses, est composé des individus moins aptes à la réflexion qui se rangent
derrière les idées préconçues les plus populaires tout en prétendant être maîtres
de leur conscience – les réguliers. Le premier groupe lance le second à
l’assaut des cibles à abattre. D’ailleurs, ce modèle de relation penseurs/suiveurs
s’applique à pratiquement toutes les doctrines sociales qui relèvent de
l’intelligence humaine.
Nous verrons ici comment cette prétendue quête philosophique
de la perfection humaine qui nie toute existence du surnaturel a fini par faire
perdre le sens du réel à ses adeptes…
L’homme-animal à
l’Assemblée
Ce qui est remarquable avec la doctrine humaniste, c’est
qu’elle réussit réellement à rendre ses
partisans réguliers binaires à un point tel que le
laïcard québécois ne pense plus qu’à deux choses : à lui-même et à sa
proie. L’esprit d’analyse, le sens de l’observation et le goût des découvertes
- qui animaient son ancêtre catholique et éclairaient l’âme de ce dernier devant
la moindre parcelle de la création comme devant une merveille - sont morts
étouffés par les contraintes spirituelles que l’idéologie laïciste impose à son
intelligence.
Voilà donc notre homme-animal
dépourvu d’esprit à l’Assemblée nationale. Que voit-il?
Les hommes et les femmes qui parlementent le destin de sa
nation? Le mobilier, les murs qui ont vu se tracer l’histoire politique d’une
race au fil des siècles?
Non, il ne voit qu’une chose, parce qu’il ne cherche qu’une chose.
Le laïciste a une cible précise : le crucifix au dessus du trône, l’ennemi
que les initiés lui ont désigné.
Le fait est que l’Hôtel du Parlement est un bâtiment
catholique, dessiné par un catholique, construit par des catholiques et décoré
par des catholiques pour abriter le gouvernement catholique d’un peuple
catholique. Difficile à dire combien il y a de croix, réelles ou illustrées sur
les murs et les plafonds de notre parlement canadien-français, mais une chose
est sûre, c’est qu’il y a assez d’éléments religieux pour ridiculiser la
pathétique obsession qu’éprouve le Mouvement Laïque Québécois et ses camarades
para-politique envers un simple Crucifix.
À l’image d’un peuple apostolique
Le premier indice qui peut aider un laïcard à se situer et à
prendre conscience de l’ampleur de sa tâche déchristianisatrice se trouve à
peine un mètre au-dessus du Dieu crucifié. Les
armes de la Grande-Bretagne, dont la présence nous rappelle une défaite, mais
dont l’inscription en français nous rappelle aussi une époque glorieuse sur le
vieux continent, figurent là au-dessus du trône et du crucifix:
« Dieu et mon droit ».
Et nos laïcistes, dont l’œil perçant scrute le Fils de Dieu
sur sa croix, sont-ils articulés? Leur philosophie leur permet-elle au moins de
lever les yeux au ciel? Vraisemblablement,
la fresque de l’artiste Charles Huot intitulée,
Je me souviens, qui décore le plafond
de l’Assemblée Nationale, n’est pas pour eux non plus. Qu’ils le veuillent ou
non, c’est sous un magnifique chef-d’œuvre - où l’on peut voir les héros de
notre race au Paradis, entourés d’anges, Jacques Cartier tenant son énorme
croix tout en haut - que délibèrent leurs élus au fil des sessions
parlementaires.
À chacun son architecte
Notre grand architecte à nous, Étienne-Eugène Taché, en bon artiste
canadien-français et catholique, allait s’inspirer lui aussi de la Tradition
chrétienne. Dans les cas où c’était géographiquement possible, les églises et
autres bâtiments religieux ont toujours préconisé l’orientation
de l’édifice vers l’est. Le soleil, qui se lève
à l’est, est un symbole de lumière utilisé abondamment dans les Livres Saints
pour désigner Notre-Seigneur Jésus-Christ. « Cette lumière était la
véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. » dit
Saint Jean au tout début de son Évangile. Vers l’est aussi parce que nous
attendons de l’est le retour du Fils de l’homme qui viendra comme l’éclair qui
parcourt le ciel de l’orient à l’occident.
Comble du malheur pour nos humanistes laïcistes, qui sont
encore dans le salon bleu du parlement à scruter le Crucifix, l’architecte
Taché a choisi d’orienter l’Hôtel Parlementaire vers l’est - et cela spécialement
pour la raison religieuse.
Aussi nos ennemis de la religion n’ont pas vu, pendant leur marche entêtée vers la
salle de l’Assemblée, la façade magnifique de l’œuvre de Monsieur Taché,
couverte d’anges et de héros de la race, éclairée par le soleil levant. À droite de la tour sont assises deux femmes de
bronze, œuvre du sculpteur Louis-Philippe Hébert. Cette œuvre qu’on appelle La patrie et la religion représente la
pieuse, une main tendue au ciel, l’autre main tenant le Credo. La patrie, pour
sa part, est accoudée aux côtés de la religion, un glaive en main pour protéger
sa sœur.
Sur les 26 statues de bronzes des grands de notre histoire
qui décorent la façade, 7 représentent des personnages religieux. Le saint martyr
Jean de Brébeuf tend courageusement son crucifix et sainte Marguerite Bourgeoys
fait de même, comme pour défier les sans-Dieu.
Veillent avec eux le récollet Nicolas Viel, Monseigneur de Montmorency Laval, le sulpicien Jean-Jacques Olier,
Marie de l'Incarnation et le jésuite
Jacques Marquette. Même les blasons des jésuites et des récollets se retrouvent
sculptés dans la façade.
Aveuglés par leur haine du Christ en croix placé là depuis
quelques décennies seulement, nos militants laïcards n’ont jamais rien vu de
tout cela.
Ils ont des yeux et ne voient pas
L’humaniste laïciste régulier est donc un aveugle,
particulièrement dans le cas qui nous intéresse. Ses maîtres à penser le
guident et le dirigent contre les manifestations extérieures de la Foi
catholique. Il n’a plus la faculté de distinguer l’ensemble du
« problème » auquel sa philosophie le confronte. Il n’a plus la
capacité d’exprimer sa pensée toute simple, il connait par cœur le lexique
révolutionnaire et la cassette anticléricale des philosophes qui ont fixé sa
doctrine, un point c’est tout.
L’exemple du Crucifix à l’Assemblée nationale est frappant. La question qu’il devrait se poser est plutôt
la suivante : comment laïciser un État où tout est imprégné de
religion et comment faire régner la laïcité d’État dans un bâtiment où tout a
été inspiré par l’amour de Dieu? Pourtant, sa solution est toute bête, sortons
le Crucifix, voilà tout.
Saint Paul avait vu juste dans sa première Épitre aux
Corinthiens :
« Et nous en parlons, non avec des discours qu'enseigne
la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit, employant un langage
spirituel pour les choses spirituelles.
Mais l'homme animal ne reçoit pas les choses de l'Esprit de
Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que
c'est spirituellement qu'on en juge. L'homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n'est lui-même jugé par personne. »
(1 Cor II, 13-15)
Voir aussi :