Mgr Louis-Adolphe Paquet |
Les commentaires du chanoine sont intéressants, mais cette
publication a probablement eut pour but
principal de dépoussiérer ce sermon magistral de Mgr Paquet intitulé La vocation de la race française en Amérique.
En 2015, nous croyons qu’il est bon de le remettre en valeur à nouveau, afin de rappeler à notre lectorat ce
qu’est le véritable patriotisme Canadien-français.
Qui dit sermon, dit sainte Messe, et une sainte Messe le
jour de la Saint-Jean-Baptiste 1902 était l’occasion idéale pour Mgr Paquet de
rappeler la vocation première de notre race. Il a commencé son sermon où
l’histoire de notre patrie a commencé, en rappelant aux compatriotes venus des
quatre coins de l’Amérique du Nord l’histoire du baptême de notre peuple :
« Le 25 juin
1615, à quelques pas d’ici, sur cette pointe de terre qui du pied de la falaise
où nous sommes s’avance dans l’eau profonde de notre grand fleuve, se déroulait
une scène jusque-là inconnue. À l’ombre de la forêt séculaire, dans une
chapelle hâtivement construite, en présence de quelques Français et de leur
chef, Samuel de Champlain, un humble fils de saint François, tourné vers un
modeste autel, faisait descendre sur cette table rustique le Fils éternel de
Dieu, et lui consacrait par l’acte le plus saint de notre religion les premiers
fondements d’une ville et le berceau d’un peuple. »
Le discours commence donc dans cet esprit, et cette
célébration de la Saint-Jean-Baptiste devenait donc pour la patrie de l’époque,
l’occasion de renouveler son acte de consécration religieuse et de tremper sa vie dans le sang de l’Agneau Divin.
Monseigneur nous rappelait ensuite que chaque peuple a
une vocation et que ce sont les peuples qui perdent de vue leur mission qui
finissent un jour ou l’autre dans l’abîme. Un peuple doit rester soi-même.
Pour ce qui est de la race Canadienne-française, notre mission est claire et, loin de nous
l’apprendre dans son sermon, Mgr Paquet tenait surtout à nous la rappeler. Ce
rappel souligne la piété de nos fondateurs, puis des héros de notre nation.
C’est un éloge au rayonnement de la religion catholique au Nord de l’Amérique,
avec ses saints et ses martyrs. Nos
aïeux de 1902 étaient encore conscients de cette mission, mais Monseigneur
Paquet tenait quand même à les prévenir de certains maux qui les guettaient et
qui ont stérilisé la patrie
contemporaine :
« Mais prenons
garde; n’allons pas faire de ce qui n’est qu’un moyen le but même de notre
action sociale. N’allons pas descendre du piédestal où Dieu nous a placés, pour
marcher au pas vulgaire des générations assoiffées d’or et de jouissances.
Laissons à d’autres nations, moins éprises d’idéal, ce mercantilisme fiévreux
et ce grossier naturalisme qui les rivent à la matière. Notre ambition, à nous,
doit tendre et viser plus haut; plus haute doivent être nos pensées, plus
hautes nos aspirations. »
Ce que nous ressentons à la lecture de ce petit livre, c’est
que notre âme veut reprendre sa mission. Mgr Louis-Adolphe Paquet, dans une
sagesse et une vigueur cléricale qui se fait très rare en 2015, avait trouvé
les mots justes pour raviver la flamme de ses fidèles et pour nettoyer leur
sentiment patriotique de toute erreur humaine.
Nous terminons ce compte-rendu de notre lecture par la
conclusion de Monseigneur lui-même; c’est à la fois un mot d’ordre et un
message d’espoir.
« Nous maintiendrons
sur les hauteurs le drapeau des antiques croyances, de la vérité, de la
justice, de cette philosophie qui ne vieillit pas parce qu’elle est éternelle;
nous l’élèverons fier et ferme, au-dessus de tous les vents et de tous les
orages; nous l’offrirons au regard de toute l’Amérique comme l’emblème
glorieux, le symbole, l’idéal vivant de la perfection sociale et de la
véritable grandeur des nations.
Alors, mieux encore
qu’aujourd’hui, se réalisera cette parole prophétique qu’un écho mystérieux
apporte à mes oreilles et qui, malgré la distance des siècles où elle fut
prononcée, résume admirablement la signification de cette fête : Eritis
mihi in populum, et ero vobis in Deum. Vous serez mon peuple et moi je serai
votre Dieu. Ainsi soit-il »