Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Chers amis,
Merci d’être venus, d’avoir bravé le froid hivernal pour venir assister à cette messe.
Qu’est-ce que cette messe?
Je voudrais tout d’abord dire quelques mots pour expliquer ce qu’est cette messe. On a écrit beaucoup de choses ces derniers jours à ce sujet, et je crois qu’il est important de bien marquer que cette messe célébrée aujourd’hui n’est pas une provocation : nous avons tous des choses bien plus intéressantes que ça à faire… Ce n’est pas non plus une croisade : la messe de Saint Pie V s’est célébrée ici au Saguenay de façon paisible pendant tous les siècles passés… Ce n’est pas non plus un retour en arrière. Je la définirais plutôt comme une continuité. Le pape Benoît XVI lui-même a bien montré cela en déclarant en 2007 dans le Motu Proprio Summorum Pontificum que la messe traditionnelle n’avait jamais été abrogée.
Mgr Rivest a tenu à dire quelques mots à notre sujet. Tous ici présents aujourd’hui, nous saluons Mgr Rivest de façon tout-à-fait paisible. Nous ne sommes pas venus pour lui faire la guerre. Nous sommes venus à la demande des fidèles. Des fidèles du Saguenay-Lac-Saint-Jean se sont manifestés. Ils se sont sentis « comme des brebis sans pasteur. » Matt. 9, 36 Comme le Christ qui, voyant une foule à l’abandon, s’est senti « ému de compassion », nous avons voulu répondre à cette demande des fidèles. À la demande des fidèles qui en ont assez de la liturgie qu’on leur propose dans leurs églises, où il n’y a bien souvent plus rien de sacré, plus rien de silencieux, plus rien de priant… À la demande des fidèles qui se rendent compte qu’on ne leur enseigne plus les vérités de la Foi Catholique dans leurs églises, c’est-à-dire qu’on nie quelquefois des vérités de la Foi Catholique ou qu’on les occulte sans vergogne. Ces fidèles se rendent bien compte que c’est le salut de leur âme qui est en jeu. Ils ont à faire un choix, comme tous les Catholiques aujourd’hui, entre 1960 ans de Tradition ou 50 ans de nouveauté. Ils ont donc fait appel à nous et nous avons répondu à leur demande.
Hors de l’Eglise point de salut
Mais même si nous ne sommes pas venus avec un esprit belliqueux, nous sommes néanmoins obligés de répondre à certaines des accusations qui nous ont été faites, parce qu’à travers nous, c’est à l’Église elle-même qu’on s’en est pris. Mgr Rivest nous a reproché de continuer de croire des vérités du passé : « Hors de l’Église, point de salut ». Oui, Mgr, nous continuons de croire à ces vérités, puisque ces vérités sont éternelles comme Dieu lui-même. Nous les croyons parce qu’elles nous ont été révélées par Dieu, elles nous ont été enseignées par son Eglise, et qu’elles sont contenues dans la Sainte Ecriture. « Il n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. » Actes 4,12
Mgr, avec tout notre respect, oui, nous croyons qu’en dehors de l’Église, il n’y a pas de salut. C’est la Foi catholique et vous ne pouvez pas la changer. Personne ne peut changer cette vérité! C’est l’Évangile : « Allez par tout le monde et prêchez l’Evangile à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. » Marc 16, 15-16
L’Église a par ailleurs condamné ceux qui croyaient le contraire par le magistère du pape Pie IX dans son Syllabus en condamnant la proposition suivante: « Les hommes peuvent trouver le chemin du salut éternel et obtenir ce salut éternel dans le culte de n’importe quelle religion. » Proposition condamnée no 16.
C’est d’ailleurs cette vérité qui a poussé l’Eglise pendant tous les siècles à partir en mission. Voilà la raison des missions en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, en Amérique du Nord. Voilà pourquoi les missionnaires ont parcouru ces régions du Saguenay, logeant dans des cabanes improvisées, au milieu d’un froid polaire pour amener la grâce du Christ à quelques amérindiens dispersés, à quelques Canadiens-français qui s’établissaient dans la région.
Croire le contraire de cette vérité de Foi Catholique, c’est mettre son âme en danger. Prêcher le contraire de cette vérité, c’est mettre l’âme des fidèles dans un grave danger de perdition. St Paul lui-même mettait en garde les Galates : « Si moi-même, ou un ange du ciel, vous enseignait autre chose que ce que je vous ai enseigné, qu’il soit anathème! » Galates 1,8 Nous ne pouvons pas changer la Foi. La Foi est éternelle comme Dieu qui en est l’auteur.
On a dit beaucoup de mal de Monseigneur Lefebvre, notre fondateur. Et pourtant, ce qu’a fait Monseigneur, ce qui lui a été reproché, c’est tout simplement le fait de garder ce qu’il avait reçu et de le transmettre à son tour. C’est pourquoi il a voulu qu’on mette sur sa tombe les paroles de Saint Paul : « Tradidi quod et accepi ». « J’ai transmis ce que j’ai reçu ». C’est le devoir d’un évêque catholique, rien de plus.
Rajeunir l’Eglise?
Il semble qu’il y ait une certaine nervosité dans l’Eglise aujourd’hui à vouloir paraître jeune. Mgr Rivest nous a reproché d’être un obstacle au rajeunissement de l’Eglise. Qu’est-ce que ce rajeunissement de l’Eglise? Depuis Vatican II, on a essayé d’adapter l’Eglise au monde. Alors qu’on croyait ainsi « rajeunir » l’Eglise dans un nouveau printemps, les résultats ont été, il faut le dire, catastrophiques.
Notre-Seigneur nous avait prévenu : « Méfiez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous sous des peaux de brebis, au-dedans, ils sont des loups dévorants. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.» Matt 7, 15
Or quels sont les fruits de l’aggiornamento de Vatican II? Nous les voyons tous les jours : fermeture des séminaires; fermeture des couvents; perte généralisée de la Foi. Alors que 80% des prêtres du Québec seront, selon une étude récente, d’ici à quelques années à l’âge de la retraite, combien de séminaristes y a-t-il pour les remplacer? Une vingtaine? Une trentaine? Une religieuse me disait récemment être rentrée au couvent en 1960. Cette année-là, 45 religieuses sont entrées au couvent avec elle, et c’était la moyenne. En 1961, 3 religieuses sont entrées. Depuis 1962, plus une seule vocation dans leur couvent, plus une seule vocation! Et ne parlons pas de la perte généralisée de la Foi au Québec! Quel malheur! Notre génération, celle des jeunes qui ont dans la vingtaine, dans la trentaine, n’a plus aucune notion de la Foi catholique. Ayant l’occasion de côtoyer de nombreux jeunes, je me rends compte de leur soif de connaître la Foi : « Ah, voilà quelqu’un qui est en mesure de m’expliquer la Foi catholique! » Car la Foi n’est plus enseignée. Certains côtoient les églises pendant des années et sont ignorants de la doctrine chrétienne. On leur parle de justice sociale, de construire un monde meilleur, etc. Mais de la Foi, pratiquement pas!
Au contraire, chers fidèles, les fruits de ceux qui gardent la Messe de Toujours sont : les familles nombreuses, les vocations, les nouveaux couvents qui ouvrent, les séminaires qui sont pleins. La Fraternité Saint-Pie X a désormais plus de 600 prêtres, plus de 250 séminaristes, et cela malgré la persécution quotidienne des autorités conciliaires. Voilà les fruits de l’Église de toujours!
Nous posons une questions
Alors, bien chers fidèles, nous posons une question : Jusqu’où ira-t-on?
Les prêtres ont enlevé la soutane. On se promène dans la rue, les gens nous abordent : Comment, ça existe encore des prêtres? Nous leur répondons : Bien-sûr! Il y a encore beaucoup de prêtres. Le malheur, c’est qu’ils ne portent pas leur habit. Le témoignage qu’ils devraient donner, ils ne le donnent pas. Au contraire, les gens qui nous voient en soutane viennent à nous et nous confient immédiatement leurs problèmes. Ils se disent : « Voilà quelqu’un qui peut m’aider, voilà un ministre de Dieu! »
On a changé la messe. Pensez, chers fidèles, que la messe que vous voyez aujourd’hui devant vous est une messe qui remonte aux apôtres. Elle s’est transmise avec bien peu d’altération de main en main jusqu’à nos jours. Nous savons par exemple que depuis le temps de Saint Grégoire le Grand jusqu’à 1960, pas un mot, pas un seul mot du Canon de la Messe n’a été changé! Et tout-à-coup, on change la Messe! Quel scandale parmi le peuple chrétien!
On a changé les sacrements. On a changé le catéchisme. On a changé les prières. Et maintenant on discute la possibilité de changer la morale de l’Église, de donner la communion à ceux qui vivent en état de péché public, d’ouvrir les portes de l’Église à ceux qui vivent ouvertement dans les péchés d’homosexualité! Mais où en sont les fidèles catholiques si même les cardinaux de la Sainte Église ne savent plus que le mariage est indissoluble et que l’homosexualité est un péché?
Jusqu’où ira-t-on? C’est notre question.
Je me souviens
Chers fidèles, nous sommes Québécois. Notre devise : Je me souviens exprime bien ce que nous devons faire : rester fidèles à nos traditions, à la Tradition.
Nous n’acceptons pas qu’on se moque de nos traditions. Nous n’acceptons pas qu’on se moque du passé de l’Église, qu’on le méprise. Au contraire, nous sommes fiers du passé de l’Église catholique, fiers de son œuvre d’évangélisation, fiers de son œuvre de civilisation, fiers du rôle de l’Église ici au Canada-français, qui a été le rempart de notre peuple. Si le clergé n’avait pas été présent ici au Québec, nous aurions été assimilés depuis longtemps. Notre clergé a aimé notre peuple! Il l’a défendu! Nous en sommes fiers. Nous n’acceptons pas qu’on se moque de l’Église!
Conclusion
Chers fidèles, nous reviendrons! Nous reviendrons avec un esprit de paix, mais avec la paix du Christ-Roi, et non pas avec la paix du monde qui est une paix de faux compromis.
Récemment, le Cardinal Raymond Burke, lorsqu’on lui a demandé ce qu’il ferait si les autorités de l’Église continuaient dans le chemin qu’elles semblent avoir emprunté en octobre dernier avec le Synode pour la famille, le cardinal a répondu : « Je résisterai, je ne peux rien faire d’autre ». Nous saluons son courage! Nous faisons comme lui, rien de plus. Nous résistons depuis 40 ans, et avec la grâce de Dieu nous continuerons.
Car nous voulons que le Christ règne. Nous le voulons dans notre cœur, dans nos familles et dans notre nation. « Christus heri et hodie. Ipse et in saecula. » Le Christ hier, aujourd’hui et dans tous les siècles!
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Ainsi soit-il.